Les policiers chargés de l'enquête sur le meurtre de l'étudiante suédoise Susanna Zetterberg ont reconstitué la dernière heure de la jeune femme et relevé de nombreux indices remontant vers Bruno Cholet qui continue de nier les faits.
Peu après 04H30 du matin le samedi 19 avril, Susanna, 19 ans, étudiante à la Sorbonne, qui passait la soirée avec des amis à La Scala (1er ardt), une boîte de nuit parisienne, décide de rentrer seule en taxi, a raconté mercredi le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, lors d'une conférence de presse.
Un chauffeur refuse de la prendre et la voit monter dans un monospace blanc sans insignes réglementaires des taxis parisiens.
A 05H02, une amie suédoise l'appelle sur son téléphone portable.
Le chauffeur a l'air «un peu bizarre», lui répond Susanna. Elle n'a pas envoyée de SMS.
Le chauffeur quitte Paris. La jeune femme, qui habite dans le XVIIIe arrondissement, s'inquiète. A 05H13, elle passe deux appels à un ami sans parvenir à le joindre. «L'appel est borné au niveau du Stade de France», détaille M. Marin.
L'homme la conduit en forêt de Chantilly, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Paris. Il lui extorque les codes de ses deux cartes bancaires.
Susanna est menottée dans le dos. Les enquêteurs n'ont pas établi pour le moment si elle a été violée. Le tueur lui assène un coup de couteau dans le poumon, provoquant son asphyxie.
Une fois morte, il lui tire quatre balles de 22 long rifle à l'arrière du crâne. Puis met le feu au corps, qui se propage depuis le bassin.
Un automobiliste qui se rend à son travail repère un monospace blanc garé à la lisière de la forêt entre 05h30 et 05h40. Vers 05H40, «deux femmes qui circulent également sur le trajet» distinguent un début d'incendie, pensant d'abord qu'il s'agit d'un «mannequin», et tentent de l'éteindre. (Avec quoi? De l'eau? Un extincteur de voiture? Pourquoi n'appellent-elles pas les Pompiers?)
Le corps, «découvert vêtu, pour ce qui restait des éléments de vêtements» est «très largement calciné», selon Jean-Claude Marin.
A 06h02, le tueur effectue un premier retrait avec l'une des cartes de sa victime. Il y en aura trois, à Senlis, Chantilly et Luzarches (Val d'Oise), permettant à des caméras de saisir sa silhouette.
Dès mercredi, les quelque 40 policiers de la brigade criminelle mobilisés sur cette affaire, aidés par ceux chargés de la surveillance des taxis, sont sur la piste de Bruno Cholet, délinquant sexuel multirécidiviste et déjà condamné pour avoir exercé l'activité de taxi clandestin.
Mis sous surveillance, l'homme se rend vendredi au bois de Boulogne à Paris déterrer quelque chose. Ils est interpellé peu après. Dans le monospace, emprunté par Cholet à son employeur, les enquêteurs mettent la main sur un sac plastique sur lequel est inscrit au feutre «Susanna 377» (bien 377), dont le sens reste «énigmatique» pour les enquêteurs.
A l'intérieur du sac, se trouvent un pistolet du même calibre que les balles tirées sur le corps de l'étudiante, des cartouches, des gants en latex et des menottes, autant d'éléments qui viennent nourrir «la présomption de culpabilité», estime le procureur.
Bruno Cholet est mis en examen et incarcéré dimanche notamment pour «enlèvement et séquestration suivi de la mort de la victime» en état de récidive légale. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
L'homme, qui n'a pas encore été entendu sur le fond par la juge Nathalie Dutartre, «a une attitude de totale dénégation», relate M. Marin.
Les enquêteurs attendent dans les prochains jours les résultats d'analyses génétiques et balistiques pour éventuellement renforcer les présomptions contre Bruno Cholet.
(Le Parisien - 30 avril 2008)