L'homme à abattre.
L 'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a été mis en examen vendredi par les juges de l'affaire Clearstream notamment pour "complicité de dénonciation calomnieuse", mais il a à nouveau nié avoir participé à une "quelconque manoeuvre politique".
M. de Villepin, arrivé à 09h40 au pôle financier, de retour de vacances en Polynésie française, est resté moins d'une heure au pôle financier, refusant de répondre aux questions des magistrats dans l'attente de "prendre connaissance du dossier".
Ceux-ci l'ont mis en examen pour "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d'abus de confiance et complicité d'usage de faux". A sa sortie, M. de Villepin a affirmé qu'"à aucun moment", il "n'avait demandé d'enquête sur des personnalités politiques" ni "participé à une quelconque manoeuvre politique", estimant avoir agi "pour faire face à des menaces internationales" et de nature "économique".
"C'est strictement dans ce cadre que j'ai agi, c'était mon devoir comme ministre", a-t-il estimé sans toutefois préciser s'il avait l'intention de saisir la Cour de justice de la République (CJR). "Je ne vous cache pas que ces mises en cause sont douloureuses pour moi et pour ma famille mais je me battrai pour que dans le cadre de l'instruction, la vérité puisse enfin apparaître", a confié M. de Villepin.
L'ancien chef du gouvernement est soupçonné d'avoir participé à une conspiration visant à déstabiliser l'actuel chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, partie civile dans ce dossier depuis janvier 2006. Le nom de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Economie, est mentionné, sous diverses formes abrégées de son patronyme complet, dans des listings informatiques de l'organisme financier Clearstream. Un "corbeau"(Jean-Louis Gergorin) les avait envoyés anonymement au juge Renaud van Ruymbeke en 2004, accompagnés de lettres. De nombreuses personnalités y étaient accusées, entre autres, d'avoir perçu des pots-de-vin sur la vente de frégates à Taïwan en 1991.
Le magistrat a démontré que ces documents informatiques ultra-secrets avaient été falsifiés. On ne sait pas encore avec certitude qui est le falsificateur des documents codés de Clearstream.
Il faut savoir que les listings émanant de Clearstream n'ont aucune ressemblance avec les documents que peut fournir une banque ordinaire.
La publication en mai 2006 de premières notes du général Philippe Rondot, témoin capital qui a tout consigné dans des fiches personnelles, suggérait déjà une implication de Dominique de Villepin mais aussi de Jacques Chirac.
La Justice désire également entendre Michèle Alliot-Marie, Alain Madelin et Dominique Strauss-Kahn dont les noms (codés?) figureraient dans les fameux listings trafiqués.
Photo: Dominique de Villepin face à la presse le 27 juillet: "Je me battrai".