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Le calvaire de Marc, cinq ans, torturé à mort

Plus d'un an et demi après la mort de Marc, 5 ans, deux médecins sont renvoyés devant la cour d'assises du Nord pour « non-assistance à personne en danger ». L'enfant avait été ausculté dans les jours précédant sa mort.

Marc n'a vécu que cinq ans, mais sa courte existence s'est achevée par un véritable calvaire. Victime de coups à répétition de la part de son beau-père, cet enfant est mort le 25 janvier 2006 à Auby, près de Douai. D'après l'enquête qui a suivi sa mort, les sévices ont duré plus d'un mois.

« Marc aurait pu être sauvé dix fois... » déplore Me Franck Berton, l'avocat du principal accusé. Plusieurs adultes dans l'entourage proche du petit garçon n'ont en effet pas réagi et personne n'a donné l'alerte. '

Neuf personnes dont la mère et deux médecins généralistes, qui avaient vu Marc durant cette période, sont renvoyés aujourd'hui devant la cour d'assises. Ces praticiens, au même titre que d'autres membres de la famille et une amie, sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger et non-dénonciation de maltraitance. L'affaire devrait être jugée début 2008.

Les pompiers, alertés par le compagnon de la mère fin janvier 2006, ont découvert le petit Marc le corps sans vie et couvert d'hématomes. Les résultats de l'autopsie s'avèrent consternants : des hématomes sur tout le corps, des plaies jusqu'aux testicules, plusieurs côtes fracturés et des brûlures de cigarettes... Devant les enquêteurs, la mère, Isabelle, a d'abord tenté d'expliquer que son fils s'infligeait lui-même des blessures avant de reconnaître la responsabilité de son concubin, toxicomane, qui s'est acharné sur l'enfant pendant plus d'un mois...


D'après ses explications, cette femme de 33 ans n'a pas voulu dénoncer les faits par peur de prendre des coups elle aussi et parce qu'elle était très attachée à ce nouveau compagnon. Son fils a pourtant été martyrisé. Dans l'entourage, le grand-père, et des oncles et tantes avaient remarqué ces traces de coups, le visage bleui et gonflé du petit, mais à chaque fois la mère leur expliquait qu'il s'automutilait. Des justifications qu'elle a d'ailleurs tenu devant deux médecins d'Auby à qui elle a tout de même présenté son enfant. Le premier praticien a reçu Marc le 30 décembre 2005. Bien qu'ayant constaté des hématomes, il n'a pas procédé à un examen complet, mais a prescrit une hospitalisation. « Il y a eu vraisemblablement une erreur de diagnostic, souligne son avocat, Me Vincent Potié, mais la mère a menti. S'il avait eu le moindre soupçon, il aurait évidemment fait un signalement comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises. » Le deuxième généraliste, consulté quelques jours avant la mort de Marc, a recommandé l'enfant à un pédopsychiatre pour troubles de la sociabilité avec automutilation. Il assure qu'il n'a pu examiner l'enfant, qui avait pourtant déjà plusieurs fractures comme l'autopsie l'a démontré par la suite. « Les médecins n'ont rien vu ou n'ont pas voulu voir. Il y a un manquement grave, dénonce Me Franck Berton. Mon client prendra ses responsabilités, mais cet enfant n'était pas séquestré, il aurait pu être sauvé. »

Ces généralistes, qui ont été suspendus quelques mois, ont fait appel de la décision du juge d'instruction de Douai. « On ne peut pas juger sur le même banc des auteurs d'un crime et des médecins, c'est complètement invraisemblable ! » confie Me Potié. Marc n'avait plus remis les pieds à l'école après les vacances de Noël. Une assistante maternelle qui avait pris l'enfant dans ses bras avait bien remarqué son comportement bizarre et son visage tuméfié. Elle a songé à alerter Enfance maltraitée, mais s'est ravisée, craignant de s'inquiéter pour rien. 

Peine de mort pour les tortionnaires d'enfant, qui tirent leur ignoble jouissance du mal qu'ils leur font.

RIP Marc

Commentaires

  • Cette histoire m'a totalement retournée ! Comment une mère a t'elle pu toléré ça de la part de son compagnon. Comment une assistante maternelle peut dire qu'elle s'est ravisée a apellé enfance maltraitée...
    Je n'arrive pas a comprendre ce genre de chose.
    Comment peut t'on martyrisé un enfant a ce point ?!

    On ne devrait jamais tolérer ce genre de chose!
    J'espère que la justice en tiendra compte, pour MARC.

  • Rien ne compensera l'enfer qu'a connu ce pauvre enfant, mais j'espère qu'à défaut de peine de mort les codétenus du coupable sauront pourquoi il est là...

  • @lali: moi aussi, j'ai été retournée en lisant ce tissu d'horreur sorti d'un bouquin de Sade... Et cependant ce n'est pas de la littérature, c'est la réalité atroce qu'a vécue jusqu'à la mort un pauvre enfant, pour lequel j'aimerais qu'il y ait un ciel et des anges...
    Il n'y a pas de mots pour qualifier les coupables ni les médecins, assistante maternelle, stupides et aveugles ou encore ayant peur des représailles du concubin...

    Merci pour ton commentaire que je partage totalement.

  • @Pharamond: oui, que ses co-détenus sachent ce qu'ils ont fait, lui et elle, la mère... Mais tout se sait très vite en prison.
    Quelle horreur!
    Il y a des monstres qui vivent parmi nous, pas besoin d'imaginer des "extraterrestres"... Ils sont là et on ne les voit pas... Comment ces médecins, cette assistante, ont-ils pu ne rien comprendre? Cela me dépasse.
    J'avais signalé le cas d'un petit garçon de la DDASS que je voyais abandonné à lui-même toute la journée sur le trottoir, peu vêtu et maigre, à un Service social (cela se passait à Paris alors que j'étais étudiante): l'assistante sociale que j'ai eue au bout du fil m'a engueulée (oui!) et m'a dit que T. était "très bien traité, qu'il mangeait à sa faim, que je me faisais des idées, etc, et "surtout que je ne leur téléphone plus!". Voilà. T. aurait pu être battu, affamé, ou encore enlevé par un pédophile sur ce morceau de trottoir (il avait 4 ans!), elle s'en fichait! - J'ai donc continué à surveiller. Il vivait chez une concierge, dans la loge. Elle était très froide avec lui, mais m'a permis de l'emmener goûter chez moi. Ce que j'ai fait. Enfin, je l'ai vu sourire! - Sa mère était déchue de ses droits parentaux, et pas de père... Pauvre gosse! La concierge à qui la DDASS l'avait confié a compris que je surveillais de près l'état de cet enfant. Dans la rue, il m'appelait "Maman!" - J'en étais bouleversée. Il était fragile comme un oiseau, le petit T. - Mais l'assistante sociale en charge de lui se moquait bien de ce qui pouvait lui arriver!

    Cordialement

  • Tu sais ce qu'il est devenu le petit T. ?

  • @Pharamond. Je me demandais qui me poserait la question. Oui, je sais ce qu'il est devenu, au moins jusqu'à ce qu'il ait 15 ans. De 4 à 6 ans, il est resté chez cette concierge, mais je le voyais tous les jours, je l'emmenais promener et je lui offrais des petites voitures faciles à mettre dans sa poche (J'avais appris que la concierge avait un petit-fils du même âge que T. (Thierry, on peut dire son prénom, je pense) et qu'elle donnait les vêtements neufs que j'avais achetés pour Thierry à son petit-fils, lui étant vêtu des vieux vêtements de ce dernier... Oui, elle volait ce pauvre petit, qui n'avait rien sur terre, elle me "volait" aussi, et je suis allée lui dire ce que j'en pensais: elle a rougi violemment et elle s'est tue...), ainsi que des gâteaux. "-Pourquoi "mémé" ne te met pas les affaires que j'ai achetées pour toi?" - Il m'a répondu: "Parce que je pourrais les salir ou les déchirer." - Je n'insistai pas, bien sûr, il était si innocent! - Quelques jours plus tard, elle lui avait mis les vêtements neufs et il n'avait plus l'air d'un "petit pauvre"... Je le voyais donc tous les jours puisqu'il habitait tout près de chez moi. Lorsqu'il a eu 6 ans, la concierge m'a appris qu'on l'avait placé dans un foyer (collectif) de la DDASS, parce qu'il devait être scolarisé. Elle ne pouvait pas le mener à l'école du quartier, etc... Ce foyer était, paraît-il, tout neuf, à la campagne, et il y était bien. Je l'espérais. Du moins, il ne serait plus seul du matin au soir sur son bout de trottoir! Et puis, le temps passe, je me marie, je change d'appartement, mais un jour, je passe dans le coin, et je vois un bel adolescent avec un vélo qui vient vers moi en souriant: "Vous me reconnaissez? Je suis Thierry!" - Nous nous embrassons. Il était blond aux yeux verts, les cheveux bien coupés, vêtu d'un caban et d'un jean. Il me raconte qu'il est dans un foyer où il a des copains, qu'il va passer le brevet, etc... - et qu'il était venu voir sa "mémé": il n'était pas rancunier... Mais qu'après il retournerait à son "foyer". Ils avaient droit à deux "vestiaires" complets par an, ils choisissaient eux-mêmes les habits qui leur plaisaient. L'été, vacances à la campagne, en groupe, et l'hiver petit séjour à la neige. Il était visiblement heureux. Il avait alors le droit de voir sa mère, qui lui avait acheté le vélo, mais pas celui d'habiter avec elle. (c'était une prostituée, selon ce que m'avait dit la concierge, une fille de paysans, près de Soissons, à qui elle n'avait jamais dit qu'elle avait eu un petit garçon à Paris: Thierry avait une famille qui ignorait son existence...) - Il avait alors 15 ans, il était grand et bien bâti (je me souvenais de l'enfant pâle et chétif, qui traînait dans un anorak sale, dehors par tous les temps...), l'air intelligent et rieur. Il faisait du sport. Je lui demandais quel métier il aimerait avoir plus tard. "J'aimerais bien entrer dans l'armée ou la police! ", m'a-t-il dit. Je lui ai souhaité tout le bonheur du monde, j'étais très émue, comme tu penses, et je me disais qu'un bon ange avait veillé sur lui durant toutes ces années. Je l'ai vu repartir à vélo en me faisant de grands gestes. Voilà. Les choses avaient évolué à la DDASS, semble-t-il. Après j'ai quitté Paris pour Marseille, j'avais un bébé, mais Thierry, je ne l'ai jamais oublié, tu le constates. Quand je pense que, petit, il aurait pu être la victime d'un pédocriminel, je frémis... La rue où elle le laissait seul toute la journée, '"pour ne pas être gênée dans son ménage", était peu fréquentée, le plus souvent déserte l'après-midi. Il pouvait suivre n'importe qui. Quand aux gens de cet immeuble bourgeois, ils le voyaient comme moi, ce petit garçon, mais apparemment ils ne s'en souciaient pas... Quelle indifférence! Les gosses des concierges alentour le traitaient de "bâtard! Tu as pas de père!" , répétant ce qu'ils entendaient chez eux. Un jour, j'en ai attrapé un sévèrement, parce que Thierry avait compris et était tout rouge, prêt à pleurer...
    Vilain monde! - mais je crois qu'il s'en est sorti. Je pense souvent à lui, et je suis heureuse que tu m'aies posé la question.

    Cordialement

  • Merci à toi pour cette histoire qui a l'air de bien finir. Je suis persuadé qu'au delà une bonne dose de chance, tu as contribué à ce qu'il s'en sorte. De temps en temps dans la vie on nous permet de jouer les anges...

  • @Pharamond: en y réfléchissant, je pense que c'est lui qui m'a beaucoup apporté: il a été comme un petit ange sur ma route, et ce que j'ai pu faire pour lui (en surveillant cette concierge, en lui parlant de Thierry) a été peu de chose. J'étais une jeune étudiante, insouciante, assez égoïste, sortant beaucoup, et puis soudain je l'ai vu, il avait alors 3 ans et demi la première fois, petit et gris, seul sur ce trottoir, et quelque chose en moi s'est éveillé. C'est inexprimable.
    Mais je sais que tu as compris et je te remercie.
    Amicalement

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