A deux mois d’un congrès qui, pour être nécessairement celui de la transition, n’en pèsera pas moins lourd sur l’avenir du Front National et sans doute de la droite nationale tout entière, il est temps de poser trois questions auxquelles sont en droit d’attendre des réponses claires les adhérents qui, par la réforme du règlement intérieur adopté par le Bureau politique, auront à se prononcer directement.
La première concerne le projet. La philosophie qui sous tend notre combat ne peut être remise en cause. Elle s’exprime dans le programme établi lors du congrès de Paris en avril 2000 et publié à l’automne 2001. Pour autant, une formation politique ambitieuse et responsable ne peut se contenter d’idées force. Elle doit préciser sa vision par des propositions concrètes. Le travail des CAP pendant la Présidentielle, grâce au sens pratique remarquable de Thibault de la Tocnaye qui assurait la coordination des commissions, a permis de dégager un certain nombre d’éléments concrets. Bien des points restent cependant à éclaircir sur des sujets aussi fondamentaux que l’Europe, la mondialisation, la Défense, la place de la France dans le monde, les institutions, l’organisation territoriale de la France et la décentralisation, l’écologie, l'identité nationale, bien sûr… Nous ne pouvons pas, sur l’ensemble de ces sujets, faire l’économie d’une réflexion qui elle-même doit déboucher sur des propositions concrètes. C’est un grand chantier qui doit s’ouvrir à l’occasion du Congrès
de novembre. L’actuelle direction du Mouvement est-elle prête à l’initier ?
La deuxième question concerne les structures du Front. Les adhérents, avant de se prononcer, doivent se voir présenter les contours de l’organisation à venir, puisqu'aussi bien un certain nombre d’aménagements, voire de changements réels, ont été évoqués, en particulier par le Secrétaire général. Ces changements auront-ils lieu ? Dans quelle mesure ? Donneront-ils place à un équilibre meilleur entre le centre national et les fédérations ? Quelle sera la physionomie du Bureau politique et plus encore du Bureau exécutif, en particulier quant au nombre de ses vice-présidents ? Quid de la délégation générale ? Autant de questions qui doivent être abordées rapidement et le plus ouvertement possible.
Il faut enfin que s’ouvre un vrai débat sur la stratégie . Où va le Front ? Son ambition de parvenir aux responsabilités du pouvoir, seule finalité légitime du combat politique, devant être réaffirmée, il n’est pas inutile de s’interroger sur les moyens d’y parvenir. Doit également être posée la question de notre identité politique, de notre appartenance - c’est en tout cas la position que je défendrai bec et ongles - au camp de la droite nationale. Les électeurs qui nous ont quitté en avril et juin derniers sont des électeurs de droite qu’il nous faudra reconquérir, dès lors que l’illusion Sarkozy se sera évaporée, sur des thèmes de droite. L’électorat populaire, qui, c’est vrai, a mieux résisté aux sirènes du système, est acquis. Il nous faut donc nous tourner à nouveau vers l’électorat droitiste, celui qui a fait le succès de nos couleurs dans les années 80. Nous ne le ferons pas sur des thèmes de gauche, fût-elle nationale. Nous ne le ferons pas en regrettant que le Parti communiste ait trahi ses fondamentaux. Nous ne le ferons pas en rêvant d’un Marx qui voterait Le Pen. Nous ne le ferons pas en singeant Chevènement. Nous ne le ferons pas en occultant les menaces que fait peser sur notre civilisation l'islamisation progressive de notre pays et de notre continent. Nous le ferons en étant nous mêmes, ouverts et tournés vers le monde, mais fidèles à nos fondamentaux et conscients de ce que la Droite nationale est LA réponse aux angoisses de notre peuple. Nous le ferons aussi par l'union de l'ensemble de notre famille politique.
J’ai été le premier à dire et à écrire qu’il était nécessaire que Jean-Marie Le Pen soit réélu pour un ultime mandat afin que soient préservés les nécessaires équilibres du Mouvement et que soit initiée la reconstruction du Front National dans une perspective de renouveau militant et de rassemblement, ce qui a toujours été son souci premier.
À deux mois du congrès, je le pense toujours...
Commentaires
Tout ce que dit Jean-François Touzé est vrai. Il a raison mais il a peu de chance d'être entendu dans un FN qui se complait dans la situation désastreuse dans laquelle Marine Le Pen l'a poussé et qui refuse d'admettre qu'il ne fait plus peur à personne. Hélas.
Bonjour, Frank! Tu es le seul à avoir remarqué cette Note - merci! Je n'ai eu aucun commentaire à propos de JF Touzé. Ce qu'il propose me semble bon et nécessaire. Mais est-il entendu comme il le faudrait au FN? Il a tellement raison: assez de ces fantasmes marxistes, soraliens, si glauques, qui ont "cassé" le Front en quelques semaines! On n'attire pas en reniant ses fondamentaux! On fait fuir! Le FN ne fait plus peur à personne... Mais Sarközy avait juré qu'il détruirait le FN !: il l'a fait, on dirait "de l'intérieur"... Cela peut donner à réfléchir... Infiltrations possibles.. On ne sait pas tout. Mais demain peut être un autre jour. Il y a toujours une relève, sous un autre nom, qu'importe! C'est la France, l'identité nationale, l'appartenance qui comptent! Comment "tuer" les Français? Certains triomphent trop tôt peut-être, dans l'ombre... d'où ils seront débusqués.
Amicalement