Mal récurrent chez les adolescents de 16 ans et plus, l'absentéisme scolaire touche de plein fouet les lycées professionnels, où se retrouvent la majorité des adolescents "financièrement défavorisés". D'après les chiffres du ministère de l'Education nationale, 6 % des élèves de BEP, CAP ou bac pro ont déserté les classes en 2005-2006*. En mars, ils étaient plus de 30 % à manquer à l'appel.
« C'est à se demander s'il ne faudrait pas rémunérer nos élèves, qui sont trop souvent tenaillés entre la volonté de suivre une scolarité et le besoin de gagner leur vie », lance, mi-sérieux mi-cynique, Daniel Gruat, membre du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN) et proviseur du lycée Louis-Lumière de Chelles (Seine-et-Marne). Dans cet établissement de 1 200 places, le plus gros de l'académie de Créteil, l'absentéisme touche les trois quarts des lycéens de bac pro.
A Louis-Lumière, on applique pourtant les règles prévues par l'Education nationale en matière d'absentéisme. A savoir une prise de contact avec les parents de l'élève fantôme. Un signalement à l'inspection d'académie. Et « des courriers menaçants en rafale, qui ne sont jamais suivis de sanctions! », tempête un enseignant qui préfère garder l'anonymat. « Notre seule arme consiste à discuter avec les parents et créer une bonne ambiance pour que les élèves aient envie de rester au lycée. Mais, à vrai dire, on brasse de l'air ! » confie encore le professeur. « En plus, le lycée a de la concurrence juste à côté ! » rigole un nouvel élève, en pointant du doigt le centre commercial tout proche. « On est nombreux à bosser comme livreurs de pizzas ou magasiniers dans le coin. Il faut bien payer notre carte Imagine R ! »
* Toutes filières confondues, la moyenne nationale est de 2 %.
(Photo: Lycée Louis-Lumière)