Jacques Maire, condamné en 2006 pour les meurtres de deux femmes, a été remis en liberté hier. Son jugement a été annulé parce qu'une greffière avait omis de signer le procès-verbal des débats à l'audience. Il sera rejugé l'an prochain.
Condamné à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Vosges le 26 octobre 2006 pour le meurtre de deux jeunes femmes, Jacques Maire, 54 ans, est ressorti libre hier matin de la maison d'arrêt d'Epinal (Vosges). Il était accusé d'avoir enlevé et tué Odile Busset en 1983, puis Nelly Haderer en 1987. La Cour de cassation a annulé cette condamnation car le procès-verbal des débats n'avait pas été signé par la greffière, admise en hôpital psychiatrique à l'issue du procès.
« C'est un choc de le savoir libre... Pour moi, il ne fait aucun doute que Jacques Maire est bien l'assassin de ma fille. Ce 15 mars 1983, quand elle est venue me confier son fils, elle m'a dit qu'elle partait pour la soirée avec Jacky. Et ce Jacky, c'est bien lui. Aujourd'hui, je ne sais toujours pas où est ma fille Odile et j'ai élevé seule mon petit-fils, qui a 26 ans aujourd'hui. Je n'ai jamais eu de doutes sur la culpabilité de cet homme. Je redoute de le croiser dans la région », souffle Simone Busset, 78 ans, devenue veuve tôt et mère de huit enfants. Une femme « anéantie », selon son avocat M e Samuel Adam qui croyait « le calvaire de cette famille enfin achevé par le verdict d'octobre 2006 ».
« Depuis vingt-cinq ans maintenant, cette mère a tout subi et tout enduré », continue M e Adam, rejoint par M e Anne-Lise Bloch qui croyait enfin que les familles des victimes avaient « trouvé la paix ». « Le marathon judiciaire va recommencer pour une simple signature oubliée », s'indignent les deux avocats. « Ce n'est que justice », réplique M e Alexandre Bouthier, l'un des défenseurs de Jacques Maire, ulcéré par le déroulement du procès à Epinal. « Jacques Maire a été condamné faute de preuves », s'insurge l'avocat. Et de rappeler que l'un des motifs pour obtenir la cassation était aussi le « lien entre la présidente de la cour d'assises, épouse d'un avocat général dont le supérieur hiérarchique, procureur général, requérait à l'audience ».
L'enquête sur Jacques Maire a longtemps erré. Il aura fallu quatorze ans à la justice pour le mettre en cause après la disparition d'Odile Busset, 21 ans, en 1983 à Saint-Nicolas-de-Port. Une femme, ancienne amie intime de Jacques Maire, s'est souvenue d'avoir aperçu la voiture à la couleur criarde de Jacques Maire ce jour-là, avant de se rétracter plus tard. Le corps d'Odile n'a jamais été retrouvé. En 1987, un ferrailleur a en revanche découvert le corps mutilé, le visage entaillé et aux mains coupées, de Nelly Haderer, 23 ans, mère de deux enfants à Saint-Nicolas dans une décharge. Elle habitait à Dombasle, à quelques kilomètres de là, et avait disparu le 30 janvier 1987, après une dispute avec son compagnon. Une femme, là aussi, dit avoir vu Nelly dans la voiture de Jacques Maire le jour de sa disparition. En 1997, Jacques Maire est mis en examen dans ces deux dossiers, mais a toujours nié farouchement.
En 2004, Jacques Maire avait déjà été condamné à quinze ans de réclusion pour l'enlèvement et le meurtre d'Odile Busset, mais avait été acquitté pour celui de Nelly Haderer. Il avait fait appel de ce verdict avant de comparaître libre après une décision de la chambre de l'instruction de Nancy à nouveau en octobre 2006. Jacques Maire devra comparaître devant la cour d'assises de Metz l'année prochaine. Un procès que ce maçon assure attendre « sereinement ».
(Source Le Parisien)
Commentaires
Ma chère Gaëlle, en France, on a des principes ! Et il n’est pas question d’y déroger. Vous ne vous en étiez pas aperçu ?
Amitié.