Dominique de Villepin a obtenu vendredi la révision à la baisse du montant de la caution prévue par son contrôle judiciaire dans l'affaire Clearstream mais annoncé son intention de se pourvoir en cassation, contestant le principe même de toute caution.
Presque deux mois après la mise en examen, le 27 juillet, de l'ancien Premier ministre pour "complicité de dénonciation calomnieuse", la cour d'appel de Paris a réduit à 50.000 euros la caution de 200.000 euros initialement exigée par son contrôle judiciaire, a-t-on appris auprès de l'un de ses avocats, Me Olivier d'Antin.
Cette somme correspond à une provision qu'il a déjà versée.
Dans un communiqué publié peu après, Dominique de Villepin a annoncé sa décision de se "pourvoir en cassation pour qu'il soit reconnu qu'il n'y a pas lieu à cautionnement", qualifiant la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris de "première étape".
Le jour de sa mise en examen, M. de Villepin avait contesté le montant du cautionnement, jugé "inutilement vexatoire" par ses avocats, et "rare" par une source judiciaire.
A titre de comparaison, l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin et le mathématicien Imad Lahoud ont dû verser chacun une caution de 80.000 euros.
Le parquet général avait de son côté estimé qu'elle n'était pas nécessaire.
L'arrêt rendu vendredi maintient l'interdiction imposée à M. de Villepin -et qu'il ne conteste pas- de rencontrer Jacques Chirac et les principaux personnages du dossier Clearstream, notamment Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud, et le général Philippe Rondot, selon une source judiciaire.
M. de Villepin est soupçonné par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons d'avoir participé à une conspiration visant à déstabiliser Nicolas Sarkozy.
Il a par ailleurs adressé vendredi une lettre au président de la République -au lendemain d'un entretien télévisé au cours duquel Nicolas Sarkozy a estimé que son nom avait été "sali"- contestant qu'une quelconque campagne calomnieuse le visant ait été menée par le biais de l'enquête sur l'affaire Clearstream.
"Le dossier d'instruction ne comporte aucun élément de mise en cause de votre personne ni sur le plan médiatique ni sur le plan judiciaire", écrit-il dans cette lettre que l'AFP a pu consulter.
Le patronyme de M. Sarkozy était apparu parmi plusieurs dizaines d'autres dans des listings falsifiés de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream, adressés au juge Renaud Van Ruymbeke.
"Les commissions rogatoires lancées par le juge Van Ruymbeke (pour vérifier la réalité de l'existence de ces comptes, ndlr) correspondent à un travail de vérification confidentiel pour lequel vous n'avez été à aucun moment sollicité", écrit-il.
M. de Villepin demande au chef de l'Etat d'apporter lui-même la preuve de la campagne qui l'aurait visé: "Peut-être que tous les éléments ne figurent pas au dossier des juges d'Huy et Pons et, dans ce cas, je suis certain que vous ne manquerez pas de les leur faire parvenir", conclut-t-il.
Depuis sa mise en cause, l'ancien Premier ministre conteste la thèse d'une machination politique contre M. Sarkozy et suggère que les faux listings relevaient d'une manipulation industrielle, dans le cadre d'une guerre de succession à la tête du géant aéronautique EADS.
Dans une note aux juges, il a accusé le président d'avoir "privatisé" à son profit le dossier, dont il avait été informé "tôt".
M. de Villepin doit être à nouveau entendu par les juges le 11 octobre.