«Pourquoi on m'a laissé brûler ? A quoi pensiez-vous lorsque vous êtes partis en m'abandonnant ? » Implorante, Mama Galledou voulait des réponses.
Ou au moins un début de vérité sur ce 28 octobre 2006 où une bande d'adolescents l'a transformée en torche humaine, brûlée à 62 %. Hier, face aux deux plus jeunes, elle s'est heurtée à un mur de silence.
Hésitante jusqu'aux derniers instants, Mama Galledou a finalement bravé ses craintes et ses douleurs pour témoigner, hier matin, face à deux de ses jeunes bourreaux, Cyrille* et Rachid*. Arrivée très discrètement, peu avant 8 heures, par le parking souterrain du TGI de Marseille (Bouches-du-Rhône), elle s'est installée dans la bibliothèque du tribunal, d'où une caméra, plan serré sur son visage, diffusait son témoignage à l'audience. Elle n'a eu qu'une seule exigence : à aucun moment n'apercevoir ses agresseurs.
« On est dans l'échec le plus total »
Eux, leurs avocats, la cour, avaient le regard braqué sur elle. Pendant quarante minutes, elle a parlé « sans mélo », d'après son conseil, Me Alain Molla. Sobrement, elle a raconté le bus 32 pris d'assaut, les flammes, la douleur. Puis elle s'est adressée aux deux adolescents, leur demandant de répondre à ses questions : pourquoi avoir incendié le bus, pourquoi n'avoir pas d'abord fait descendre ses passagers, pourquoi l'avoir abandonnée ? Et surtout, pourquoi refuser toute explication de leur geste pendant ce procès ? Cyrille* et Rachid* n'ont pas dit un mot, se contentant de répéter du bout des lèvres leurs regrets. Du côté des parties civiles, la frustration confine à la colère : « Au fond, cela s'est très mal passé. Ma cliente n'a obtenu aucune réponse. On est dans l'échec le plus total. »
A la sortie de l'audience, même les avocats des deux mineurs cachaient mal leur désarroi, face au silence de leurs clients. Ce qui ne va pas faciliter leur tâche, puisque aujourd'hui, la parole est à la défense.
* Les prénoms des jeunes ont été changés
N.B. du blog: Mama Galledou est une jeune fille sénégalaise, diplômée en master, venue terminer ses études à Marseille. Elle vit aujourd'hui dans cette ville avec son père, professeur de chimie à l'Université de Dakar, qui pris une année sabbatique pour être auprès de sa fille. Grièvement brûlée sur tout le corps, elle poursuit actuellement une longue et pénible rééducation à Hyères (Var). Elle ne veut pas se montrer en public et fuit toute médiatisation.
Nous admirons son courage et sa dignité et nous lui souhaitons bonne chance.
(Source Le Parisien)
Commentaires
En toute logique, ces 2 charognes au riche apport culturel pour la France,mériteraient un traitement
impitoyable (peine de mort) car en mettant le feu ils ont tenté de tuer délibérément les occupants du bus .
Ces lâches crapules sont dénuées de tout sentiment humain.
J'ajouterais que je ne suis pas admiratif du comportement de la victime,disons qu'elle adopte un comportement résigné car elle se sait incapable de punir elle-même ces voyous quand ils seront libérés de prison .
Une leçon de dignité
L'Humain est ainsi fait qu'il confine au plus Beau dans le courage et la dignité et dans son opposé, à la lâcheté et la haine.
Hélas, cher Marcel, je crois bien que vous avez raison : cette victime se recroqueville, car, dans l’ambiance actuelle, elle ne se sent capable d’affronter ces agresseurs là. Il suffit d’écouter et de lire comment les médiats nous les présentent. Et pendant ce temps, les bus continuent de brûler allègrement.
Cher marcel, et cher abad, ces jeunes n'ont eu que 8 ans de prison, pour les deux plus"coupables"...
Mama Galledou est une personne miraculée, sauvée par la science médicale occidentale (traitement des grands brûlés à l'hôpital de la Conception, à Marseille). Elle n'ose plus se montrer en public, car elle est physiquement mutilée. Je crois que dans l'état où elle se trouve, on ne peut juger de ses réactions. Elle dit que sa vie est finie à 28 ans. Elle aurait mieux fait de rester à Dakar, quoi qu'il en soit. Elle ne savait pas que la France d'autrefois n'existait plus, qu'il y avait des bus! Qu'on incendiait!
C'est une honte de faire des choses pareilles; 8 ans ce n'est rien à côté de ce que subit Mama Galledou; est-ce que la prison va être vraiment une leçon pour ces deux jeunes; ont ils vraiment envie de racheter leur faute ??? j'espère que leur famille va les soutenir dans ce sens car ils sont jeunes mais ils ont quand même su faire une grosse conneries !!!
@Marie1: je ne sais pas, je l'espère... Ce qu'a subi Mama Galledou est absolument horrible. ils l'ont laissée brûler dans cet autobus alors qu'elle appelait au secours... Comment peut-on faire ça? Elle le leur a demandé , mais ils n'ont rien répondu. Il n'y avait aucune raison d'incendier ce bus qui dessert les cités. Des voyageurs étaient à l'intérieur. Plusieurs ont été brûlés eux aussi, mais moins gravement que la pauvre jeune fille étudiante. Oui, c'est horrible, il n'y a pas de mot. Elle est très courageuse, très discrète, et les médecins de la Conception à Marseille sont d'éminents spécialistes des grands brûlés. Ils ont réussi à la sauver. Et elle, elle voulait vivre. Elle suit maintenant une rééducation très dure mais efficace dans un hôpital spécialisé de Hyères. Elle va revenir à une vie normale. Mais le traumatisme moral est immense. C'est plus d'elle que je me soucie que de ses bourreaux: ils ont fait le mal, bcp de mal à une personne innocente, il faut qu'ils paient. C'est à elle qu'il faut penser, et pour qui il faut prier si on a la foi. Je suis sûre qu'elle s'en sortira avec de l'amour autour d'elle. Les autres, je ne peux pas les comprendre. Leur acte me dépasse. A l'adolescence, on sait que le feu brûle et peut tuer, tout de même! Et pourquoi vouloir incendier ce bus que tant de gens prenaient pour aller au travail? Et le malheureux chauffeur: il a une famille, des gosses! Je ne comprends pas. 8 ans ou plus, qu'importe: il faudrait surtout qu'ils réalisent le mal qu'ils ont fait à Mama Galledou et à toute sa famille, et aussi à tous ceux qui l'aiment. Le remords est le vrai châtiment et amènerait leur rédemption intérieure.
Merci pour votre commentaire, si humain.