Personnage clé de l'affaire Clearstream, Imad Lahoud est soupçonné d'avoir fait figurer sur des listings informatiques les noms de plusieurs personnalités du monde politique. Ces faux documents les désignaient comme détenteurs de comptes bancaires secrets.
Dominique de Villepin, mis en examen notamment pour « complicité et dénonciation calomnieuse » dans le dossier Clearstream, du nom d'une chambre de compensation dans laquelle des personnes ont été accusées (à tort) de détenir des comptes occultes, est entendu aujourd'hui à nouveau par les juges d'Huy et Pons. Les magistrats veulent savoir si l'ancien Premier ministre n'a pas voulu déstabiliser Nicolas Sarkozy dans ce dossier, et s'il n'était pas en relation avec le falsificateur présumé des listings Clearstream, l'homme d'affaires et informaticien Imad Lahoud. Ce dernier nie être l'auteur des CD-Rom comportant les noms de personnalités politiques soupçonnées de disposer de comptes bancaires occultes. Documents qui se sont révélés être des faux. Il nous livre sa version des faits.
Avez-vous rencontré Dominique de Villepin ?
Imad Lahoud. Non, nous ne nous sommes jamais rencontrés comme la rumeur le laisse entendre. Ce sont de pures élucubrations. Les policiers n'ont trouvé aucune trace de conversation ou de contact entre lui et moi.
Un témoin a pourtant expliqué que Dominique de Villepin était intervenu pour vous rendre service.
C'est faux. Je ne connais pas les motivations de François Gontier (président de l'entreprise Duc). Il a expliqué à la justice que Dominique de Villepin était intervenu pour obtenir une place au lycée français de Beyrouth pour ma nièce. Les vérifications de la police ont une nouvelle fois prouvé que tout ceci était faux.
François Gontier dit que Dominique de Villepin a aidé votre épouse à travailler dans un ministère ?
Ma femme, inspectrice des finances, a été recrutée au cabinet de Philippe Douste-Blazy (à l'époque ministre des Affaires étrangères). Elle avait été recommandée par son ancien patron Eric Woerth (actuel ministre du Budget) et non pas par Dominique De Villepin. Je dois dire qu'en pleine tourmente de l'affaire Clearstream l'année dernière Philippe Douste-Blazy nous a invités, ma femme, mes enfants et moi-même, à passer un week-end à Toulouse. C'était très gentil de sa part. Cela m'a permis de penser à autre chose. Mais je vous précise qu'avant ce week-end je n'avais jamais rencontré Philippe Douste-Blazy.
Comment expliquez-vous que vous faisiez partie, comme l'ancien Premier ministre, « du club des Blackberry » ?
Jean-Louis Gergorin (ex-vice président d'EADS, considéré comme le corbeau dans l'affaire) était terriblement paranoïaque. Il enquêtait sur la mort de Jean-Luc Lagardère depuis des semaines. Il pouvait débarquer chez moi à 22 heures, faire couler l'eau dans ma salle de bains et me parler à voix basse de peur d'être écouté par des oreilles indiscrètes. Il vivait encore en pleine guerre froide. Dans un souci de discrétion, Jean-Louis Gergorin avait donc distribué des téléphones « Blackberry » à une dizaine de personnes dont le général Rondot (ancien conseiller spécial du ministre de la Défense). J'en avais reçu un. Dominique de Villepin aussi. Mais cela, je ne le savais pas.
Vous aviez des contacts avec les renseignements généraux ?
J'ai effectivement rencontré une dizaine de fois Brigitte Henry (ancienne fonctionnaire des renseignements généraux). Elle est venue dîner chez moi avec sa mère. Elle voulait adopter un enfant au Liban. J'ai même organisé un déjeuner entre Gergorin et Brigitte Henry car elle cherchait du travail à l'époque. J'étais en revanche très proche de François Casanova, un commandant des RG, décédé aujourd'hui. Nous nous voyions souvent. On parlait de tout et de rien. Brigitte Henri et François n'ont jamais eu aucun rôle dans l'affaire Clearstream.
Etes-vous l'auteur des faux fichiers ?
Non. Des éléments apparaîtront bientôt dans le dossier. Ils révéleront qu'une personne a falsifié les listings sous la dictée de Jean-Louis Gergorin.
Etes-vous le scribe ?
Non. Je pense plutôt que Gergorin a employé pour cela un cabinet d'intelligence économique.
Commentaires
La maladie d'Aloïs Alzeimer peut frapper trés jeune,la preuve,Imad Lahoud en est l'exemple.