163 suspects sont interrogés par les gendarmes après le plus vaste coup de filet en France contre des internautes détenteurs d'images pédopornographiques . Agés de 19 à 70 ans, ils sont chefs d'entreprise, ouvriers, artisans, enseignants, éducateurs, commerçants ou militaires : 310 hommes ont été interpellés depuis lundi lors de la plus vaste opération jamais montée en France contre des internautes amateurs d'images pédopornographiques.
Cent soixante-trois, qui détenaient des photos ou des vidéos pédopornographiques échangées sur internet, ont été formellement mis en cause dans le cadre de l'opération "Arc-en-ciel", a annoncé la direction de la gendarmerie vendredi en fin d'après-midi.
Une association de protection de l'enfance italienne, Telefono arcobaleno (arc-en-ciel), avait dénoncé en janvier l'existence d'un site web proposant le téléchargement de ces photos.
Au total, 310 hommes concernés par ces échanges de photos et de vidéos ont été identifiés et interpellés à Paris et dans 78 départements de France et d'outre-mer. Quinze informations judiciaires ont été ouvertes.
Trente-deux hommes ont été mis hors de cause (pourquoi?), 163 ont reconnu les faits ou possédaient des images ou des films vidéo pédopornographiques. L'enquête, qui se poursuit, "déterminera le degré d'implication" des 115 autres, a précisé la gendarmerie.
Au total, 2,2 millions de photos et 28.000 vidéos pédopornographiques ont été saisies depuis lundi ainsi que de nombreux ordinateurs personnels qui vont être analysés.
Un homme en état de récidive a été condamné mercredi, en comparution immédiate, à 12 mois de prison ferme par le TGI de Valenciennes.
Deux autres ont été mis en cause pour des atteintes sexuelles sur des mineures de leur entourage.
L'un d'eux, âgé de 51 ans, a été écroué à Caen après avoir été mis en examen pour "détention, diffusion d'images pédophiles et corruption de mineur". Des "milliers d'images de jeunes filles principalement", téléchargées sur un site internet pédopornographique, ont été découvertes chez lui, à Mézidon, près de Lisieux (Calvados).
"Certaines des images saisies sont très dures", a expliqué à l'AFP le colonel Jean-François Impini, commandant le service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD) de la gendarmerie.
L'enquête a été "particulièrement longue", a souligné le colonel Impini qui dirige les cyberpatrouilleurs qui traquent les pédophiles sur internet dans deux unités du STRJD du Fort de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : la division de lutte contre la cybercriminalité (DLCC) et le Centre national d'analyse des images pédopornographiques (CNAIP).
Ils ont découvert, sur un serveur français, que ces images avaient été téléchargées plus de 21.000 fois par près de 10.000 utilisateurs, dont les 310 internautes français formellement identifiés.
Un logiciel, dit "Log-P2P" ("peer to peer", échanges de fichiers), développé depuis cinq ans par un gendarme bordelais et utilisé par des centaines de polices dans le monde, permet de balayer les réseaux d'échange de fichiers.
Une fois repérées, ces images sont transmises au CNAIP pour être comparées avec les 500.000 images stockées.
Pendant ce temps, le logiciel "Log-P2P" identifie les diffuseurs. Une demande au fournisseur d'accès, dans le cadre d'une procédure de flagrance, permet alors de remonter vers les pédophiles présumés.
Pour chaque internaute présumé amateur d'images pédopornographiques, il a fallu obtenir l'accord du parquet compétent pour mener une perquisition à domicile et saisir fichiers et ordinateur.
La détention de ces images est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende et leur diffusion de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.