Les Champs-Elysées, majestueuse avenue de la capitale, ne sont plus seulement la vitrine des grandes marques de luxe. Les magasins de consommation de masse mais aussi la prostitution, les violences, le racket y ont cours.
Les Champs-Elysées, symbole de Paris et de la France connu de la planète entière, perdraient-ils leur image de plus belle avenue du monde ? Car on peut aussi s'y faire tuer d'une balle dans la tête pour un mot déplacé, comme la semaine dernière, à la sortie d'un restaurant de la rue Marbeuf. Hier, deux individus ont été placés en garde à vue par la brigade criminelle. S'il ne s'agit sans doute pas des auteurs du crime, selon une source proche de l'enquête, les investigations pourraient néanmoins progresser rapidement.
Car les Champs, en argot parisien, c'est aussi le territoire du milieu. Où Francis le Belge, parrain marseillais, est exécuté en 2000 sans que l'on retrouve son meurtrier. Où des impacts de balles ornent les façades de superbes immeubles haussmanniens. Où la prostitution passe (presque) inaperçue. Où officiait l'ex-patron de l'une des boîtes les plus en vogue du moment, le Baron, poursuivi hier pour proxénétisme devant le tribunal correctionnel de Paris.
Les Champs-Elysées seraient-ils devenus le « rendez-vous des voyous et des banlieusards », comme l'affirme François Lebel, le maire du VIII e arrondissement ? Serait-ce « la plus grande blanchisseuse d'argent sale de l'Hexagone », comme l'affirme un habitué du monde de la nuit bien informé ? Nombreux sont aujourd'hui ceux qui s'accordent sur le fait que les Champs sont en voie de « pigallisation », expression chère au maire. Les « très bons chiffres de la délinquance », dixit Dominique Lasserre-Cussigh - la commissaire du VIII e arrondissement -, sont pourtant en contradiction avec cette impression. La délinquance générale est stable depuis 2001 dans le quartier, et la délinquance sur la voie publique a même baissé de 17,7 % (entre 2001 et 2006). Sur la même période, les vols simples ont chuté de 11 %. Cependant, avec l'installation de mégastores de grande consommation, les vols à l'étalage ont augmenté de 23 % et les violences volontaires de 4 %, ces dernières renforçant le sentiment d'insécurité. Les Champs méritent-ils toujours leur réputation de plus belle avenue du monde ?