Le procès avait été érigé, sur le terrain politique, en exemple. Mais la justice a suivi son cours, sans tomber dans la démonstration de sévérité. Vendredi, cinq des six adolescents jugés pour l'incendie d'un bus à Marseille en octobre 2006, dans lequel Mama Galledou, 27 ans, a été grièvement brûlée, ont été condamnés à des peines de trois à neuf ans de prison. Un verdict modéré au regard des réquisitions, puisque l'accusation - qui avait demandé à ce que soit retenue l'excuse de minorité divisant par deux la peine maximale encourue - avait requis cinq à quinze ans de prison. "C'est un verdict d'apaisement et de justice", a d'ailleurs apprécié l'un des avocats de la défense à la sortie du tribunal.
La peine la plus lourde a été prononcée à l'encontre du principal accusé, qui a avoué mercredi avoir allumé l'incendie, craquant devant l'insistance de sa mère. Pendant l'audience, celle-ci lui demandé de parler: à quoi il a répondu que c'était lui, entraînant les larmes et les aveux de ses co-accusés.* Contre lui, le parquet avait requis quinze ans de réclusion. L'avocat général avait également requis une autre peine de quinze ans, trois peines de douze ans et une de cinq ans. Au final, outre celle du principal accusé, ce sont donc deux peines de sept ans de prison et deux de trois ans qui ont été prononcées. Le sixième accusé a quant à lui été acquitté.
Les six adolescents, dont le procès a duré cinq jours, à huis clos, devant la cour d'assises des mineurs d'Aix-en-Provence, comparaissaient pour "incendie volontaire ayant entraîné une infirmité ou une mutilation volontaire", l'intention de tuer n'ayant pas été retenue. La victime, Mama Galledou, une Sénégalaise, n'avait pu échapper aux flammes lorsque le bus s'était embrasé. Brûlée sur 62% de la surface du corps, elle continue de subir des soins. Entendue par visioconférence au début de l'audience, elle s'est dite soulagée par le procès, selon son avocat. "Elle a toujours dit que les peines lui étaient égales, mais le fait qu'ils aient avoué l'a terriblement émue et soulagée", a déclaré Me Alain Molla.
Les six adolescents ont toujours dit n'avoir pas eu l'intention de blesser ou tuer, expliquant avoir seulement répété des faits qu'ils avaient vus lors de violences urbaines. La défense, dans sa plaidoirie, avait demandé des peines modérées. "Leur infliger une lourde peine reviendrait à leur barrer l'avenir", avait justifié Me Isabelle Perrin, alors que l'avocat du principal accusé, Me Dominique Mattei, avait souligné le "phénomène de groupe où la part de responsabilité est diluée". Quant à Me Philippe Vouland, il avait réaffirmé qu'il n'y avait "pas eu de dessein machiavélique", parlant d'une "histoire d'écolier qui s'est transformée en drame".
Fin septembre, dans la même affaire, deux adolescents de 15 et 16 ans ont été chacun condamnés à une peine de huit ans de prison. Cette partie du dossier devra être rejugée, le parquet ayant fait appel.
(JDD - 07.12.07)
* Une triste histoire de cités, entre immigrés... Si Mama Galledou était restée au Sénégal, il ne lui serait certainement rien arrivée. Mais demain, il peut y avoir une nouvelle "Mama Galladou", car les "écoliers" qui mettent le feu à des bus pour faire comme les "grands frères", il y en a beaucoup dans les banlieues et zones de non-droit.