Une ministre au bord de la démission, des dissensions au sein de la majorité et une opposition déchaînée, l'arrivée du leader libyen à Paris le jour anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme provoque un profond malaise...
Une ministre qui sort de ses gonds, un concert de protestations venues de la gauche, mais aussi d'une bonne partie de la majorité, des contrats, en particulier trois milliards pour Airbus, et un accord de coopération pour le nucléaire civil : tel est le bilan de la première journée de la visite à Paris du colonel Mu'ammar al-Kadhafi. Et dire qu'il ne repart que samedi... Avant même que le leader libyen ne se pose à Orly hier en début d'après-midi, la polémique avait redoublé d'intensité après l'interview accordée à notre journal par la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, Rama Yade.
Des propos qui ont valu à la benjamine du gouvernement (31 ans) une convocation dès potron-minet à l'Elysée.
Rama Yade tancée, mais toujours ministre. Nicolas Sarközy a même pris soin, plus tard dans la journée, de réaffirmer publiquement son soutien à l'une de ces figures qu'il a érigées en symbole de la France du XXIème siècle. Et qu'il avait d'ailleurs été tout fier de présenter à Kadhafi lors de sa visite à Tripoli en juillet dernier ! Voir débarquer à Paris, le jour du 59ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, un leader qui a longtemps parrainé le terrorisme international et retenu en otages des infirmières bulgares, a quelque chose de choquant. De là à penser que cette visite en grande pompe, valant réhabilitation internationale pour Kadhafi, est le prix payé par l'Elysée en échange de la libération des Bulgares, il n'y a qu'un pas... que beaucoup franchissent. Comme si, aux yeux de Nicolas Sarközy la signature de contrats propres à doper les commandes des grands groupes, et donc l'emploi, valait décidément quelques entorses aux « valeurs » de la pseudo-France.
Dans les années 1970, déjà, Pompidou et Giscard vendaient à Kadhafi des Mirage. Aujourd'hui, Sarkozy - selon les mots d'un de ses conseillers - accorde à un Kadhafi qui a (officiellement) renoncé au nucléaire et au terrorisme le bénéfice de la « rédemption ».
(Source: Le Parisien - 11.12.07)
Commentaires
Cette déclaration des « droits » de l’homme n’a jamais été qu’un instrument de propagande dont s’affuble le vainqueur pour justifier les persécutions et les massacres qu’il inflige au vaincu ! C’est très représentatif de l’esprit des révolutionnaires de 1789 qui, en guise de droits de l’homme, ont ensuite imposé la terreur et le génocide, appelé à l’époque populicide, vendéen. Et aujourd’hui nous voyons à l’œuvre leurs dignes héritiers qui n’ont rien à envier, sur ce plan, à leurs grands ancêtres. Comme vous le dites, chère Gaëlle, la Palestine, l’Irak, l’Afghanistan, c’est la Vendée de Bush.
Cris d'effraie de toute part : l'horrible est chez nous, le "mauvais" homme, et j'en passe ... "Curieux" cet unanimisme dans la dénonciation de l'outrage fait à la France, ce cher pays des Droits de l'Homme alors qu'en d'autres lieux, d'autres latitudes (Algérie, Chine ...) les cris semblent presque étouffés ... indignation à géométrie variable donc ... mais peut-il en être autrement quand on fait l'état des lieux d'un pays qui a perdu sa boussole et progresse à vau-l'eau ...
Ce n'est qu'aux yeux des "droitsdel'hommistes", des "bons" en somme, que Kadhafi est un "mauvais" homme; aux miens, il n'est qu'un possédé, un illuminé comme bien d'autres tyrans qui encombrent les poubelles de l'histoire, mais ni plus ni moins que les "droitsdel'hommistes" qui dégorgent de moraline à faire gerber.
kadhafi n'est pas pire que son temps, où l'on ne peut pas être autre chose que bon ou mauvais selon la morale dominante. Son temps ne peut le tenir que pour mauvais, à l'extrême ... mais les affaires sont les affaires mon bon monsieur.
Certes on ne vit pas à l'aise avec pareil sire, car on n'est pas sûr un seul instant d'avoir la vie sauve; mais vit-on plus à l'aise parmi les gens moraux ? Les pères la vertu outragée qui vous précipitent dans une mort qui ne dit pas son nom "selon les formes du droit", bien connues nos experts en tartufferies.
@ abad et à novalis: je vous remercie pour vos commentaires si pertinents qui confortent ma pensée.
Amitiés à tous les deux