Il ne fait pas bon s'intéresser à la rébellion touarègue qui sévit dans le nord du Niger. Les autorités de Niamey ne veulent voir personne là-bas. C'est pour avoir bravé cette interdiction que deux journalistes français, Pierre Creisson et Thomas Dandois , se retrouvent en prison depuis plus d'une semaine, inculpés « d'atteinte à la sûreté de l'Etat », crime passible de la peine de mort. (qui n'est pas abolie au Niger...)
Et tout contact avec les rebelles est assimilé à de la complité. Moussa Kaka, correspondant au Niger de Radio France Internationale, et Ibrahim Diallo, directeur du bimensuel « Aïr-Info », croupissent, pour cette raison, depuis près de trois mois dans une geôle nigérienne. Les Français, employés par l'agence Camicas Productions, étaient en reportage pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte dans le nord du pays. Depuis février dernier, la rébellion armée touarègue y règne. Les rebelles revendiquent une meilleure représentation au sein de l'armée et une répartition plus équitable des richesses du sous-sol, essentiellement de l'uranium et du pétrole. Une cinquantaine de membres des forces de l'ordre ont été tués au cours d'accrochages meurtriers avec le MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice).
Le gouvernement, qui se refuse à considérer la rébellion comme un mouvement politique, a déclenché une répression, qui, au fil des mois, s'est considérablement durcie, contre les « bandits » et les « trafiquants de drogue ». En août, le président Mamdou Tanja a déclaré « l'état de mise en garde » dans la zone, qui correspond, en fait, à l'abandon de tout état de droit. Amnesty International a dénoncé la multiplication des exactions, dont « l'exécution» de sept civils. L'armée a plaidé la méprise, mais personne n'est dupe. Et aucun étranger n'est autorisé à pénétrer dans la région. Thomas Dandois et Pierre Creisson avaient prétexté un reportage sur la grippe aviaire pour décrocher les autorisations nécessaires à leurs déplacements. Ils ont pu rencontrer, dans la clandestinité, des rebelles.
Filés par la police, ils ont été arrêtés, ainsi que leur chauffeur, le 17 décembre, en possession de documents destinés, selon Mohamed Ben Amar, le porte-parole du gouvernement nigérien, « à servir de propagande à ces bandits en Europe ». Une affirmation assez ahurissante que leur employeur dément formellement.
Placés sous mandat de dépôt, Dandois et Creisson ont été incarcérés au camp pénal de Kollo, à une vingtaine de kilomètres de la capitale, Niamey. Lundi, leurs familles ont fait appel à la « clémence» du président Tanja. L'Elysée et le Quai d'Orsay sont mobilisés, mais le président Sarközy, selon Robert Ménard, le président de Reporters sans frontières, n'interviendrait pas personnellement, « compte tenu des rapports très tendus entre le Niger et la France ».
(Source Le Parisien 26.12.07)
Commentaires
Chère Gaëlle, je vous suggère de ne pas utiliser l’expression « rébellion touarègue ». les Touaregs ne sont pas en rébellion, ils luttent pour leur survie. En réalité, depuis plus de quarante ans maintenant, ils sont persécutés au nord du Sahara par les Algériens et sont obligés de se réfugier au Mali ou au Niger où évidemment ils dérangent et créent un problème d’immigration, alors même que ces territoires font partie de leurs pérégrinations habituelles. Le problème, c’est que le Sahara n’a jamais fait partie de l’Algérie et c’est De Gaulle qui en a fait cadeau aux Algériens au moment de l’indépendance, sans se soucier de sa population. Encore une de ces néfastes décisions de De Gaulle. Et Sarkozy s’est bien gardé de parler du problème des Touaregs lors de sa dernière visite en Algérie.
Les Touaregs, ce sont des Sahariens (en particulier du Hoggar), descendants des populations qui vivaient à l’époque où le Sahara était une région verdoyante, avant sa désertification commencée il y a quelques millénaires; les oasis actuelles en sont les derniers témoignages.
Aujourd’hui personne ne parle de leur persécution : les Touaregs sont abandonnés de tous, car ce serait trop gênant d’en parler et cela arrange tout le « monde » ! C’est ça l’humanitaire vu par les mondialistes !