Au cœur du débat entre les candidats républicains figure non pas le retrait d'Irak, mais la querelle entre mormons et évangéliques sur la réincarnation de Jésus-Christ. Tous sont persuadés qu'elle aura lieu, mais où ? Dans le Missouri, comme le croient les mormons ? Ou sur le mont des Oliviers, à Jérusalem, comme l'assurent les évangéliques ?
Le chroniqueur du Washington Post Charles Krauthammer, pourtant un partisan du président George Bush, a déclaré souffrir d'une "surdose de piété publique". Dans les débats républicains, les candidats ont dû répondre à des questions qui auraient été considérées ailleurs comme relevant de la sphère privée.
"Dieu a-t-il créé le monde en six jours, il y a 6 000 ans ? – Je n'en sais rien, je n'y étais pas, a répondu Mike Huckabee, le pasteur baptiste, en tête dans le Sud. Mais il l'a fait, et c'est cela qui compte."
Le 29 novembre, un habitant du Texas a demandé aux candidats s'ils croyaient tout ce qui est écrit dans la Bible. "La réponse que vous fournirez nous enseignera tout ce que nous avons besoin de savoir à votre sujet", a-t-il ajouté. "Bien sûr, a répondu Mitt Romney, le candidat mormon : c'est le livre de Dieu." Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York, catholique peu pratiquant, a fait de son mieux. "C'est le plus grand livre jamais écrit, a-t-il dit. Mais je ne prends pas tout au pied de la lettre ; par exemple, Jonas dans le ventre de la baleine, etc. Il me semble qu'il y a là-dedans des allégories." Comme le souligne Charles Krauthammer : "Pas un candidat n'a osé répondre : Cela ne vous regarde pas ."
Les Etats-Unis sont-ils encore plus religieux au sortir des années Bush ? Il faut se garder de conclusions hâtives. Le phénomène de surenchère est propre aux élections "primaires". Dans chaque camp, c'est la base radicale qui est la plus mobilisée et qui se déplace pour voter. Les candidats sont obligés de séduire les extrêmes s'ils veulent emporter l'investiture du parti. Chez les républicains, la base religieuse donne le ton.
Cette année, la présence d'un pasteur – l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee – et d'un mormon a donné un tour encore plus marqué aux questions religieuses. Mitt Romney a été contraint de s'expliquer sur son Eglise. Il a beau se prévaloir d'un parcours sans faute d'homme d'affaires, de gouverneur et de responsable des Jeux olympiques de Salt Lake City, la campagne l'a ramené à la dimension mormone. Le 30 novembre, il a dû livrer un discours entièrement consacré à la question religieuse. Il a rappelé que les "Pères fondateurs" avaient inscrit la liberté de religion dans la Constitution. Mais il a procédé à un ajout qui n'est pas passé inaperçu, notamment chez les athées, un groupe qui commence à se faire entendre dans la société. Tout comme la religion a besoin de liberté, a-t-il dit, "la liberté a besoin de religion".
Mike Huckabee a su, de son côté, exploiter la suspicion qu'inspirent les mormons aux évangéliques. L'homme a l'air patelin, mais il sait décocher ses flèches. En toute innocence, il a posé la question à un journaliste : "N'est-il pas vrai que les mormons croient que Jésus et le Diable sont frères ?" Il a dû s'excuser, mais la question était lancée. A une semaine du début du scrutin dans l'Iowa, M.Huckabee est en train de rafler le vote évangélique. Dans son message vidéo de Noël, il enfourche le thème préféré des conservateurs à cette époque de l'année : la défense de Noël face aux non-chrétiens qui tentent d'en retirer le sens religieux en disant plutôt "Joyeuses fêtes !". Bien qu'il s'agisse d'un clip de campagne électorale, il apparaît en pull-over rouge devant une étagère en forme de croix pour rappeler que Noël commémore la naissance du Christ.
Les républicains se disputent l'héritage laissé par George Bush et son conseiller politique Karl Rove : le vote évangélique, ce sésame censé avoir ouvert à M. Bush la porte de la réélection grâce à la force de mobilisation des réseaux chrétiens conservateurs. A 78 %, les Blancs évangéliques ont voté pour le tandem Bush-Cheney en 2004.
Mais les évangéliques ne sont plus un bloc monolithique. Les enquêtes d'opinion montrent une certaine désaffection pour le Parti républicain. Le processus de distanciation a commencé depuis plusieurs années sur les questions d'environnement lorsqu'un débat est apparu entre les évangéliques, qui estiment que la sauvegarde de la planète est une priorité, et ceux qui veulent centrer leur message sur la défense de la "civilisation" et de la "vie", c'est-à-dire les thèmes du mariage, de l'avortement, les cellules souches…
Cette prise de distance est particulièrement visible chez les jeunes. Parmi les évangéliques de moins de 30 ans, 55 % se considéraient comme républicains en 2004. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 37 %. Ces conservateurs ont élargi leurs sujets de préoccupation aux questions sociales comme la pauvreté et l'exclusion. Ils n'excluent pas les coalitions, à l'image du pasteur Rick Warren, qui a reçu des démocrates, dont Barack Obama, pour une campagne contre le sida, dans sa "méga-church" de Californie.
Les évangéliques ont été au sommet de leur influence politique au début des années 1980 avec la montée de la "majorité morale" du télévangéliste Jerry Falwell, puis avec George Bush, mais le paysage a évolué. Comme l'a expliqué le magazine Time, le "champ de prière s'est nivelé". Le bloc de la droite chrétienne s'est effrité, au risque de perdre son statut de "faiseur de roi". Cette année, les ténors se sont déchirés, faute de trouver un candidat à leur goût. Le fondateur de la Coalition chrétienne, Pat Robertson, a appelé à voter pour Rudolph Giuliani, un hérétique aux yeux des fondamentalistes, alors que Mitt Romney a reçu le soutien de Bob Jones, fondateur de l'université évangélique de Caroline du Sud. Jerry Falwell est mort au printemps. A Colorado Springs, la "Mecque des évangéliques", la communauté a été ébranlée par le départ forcé du pasteur Ted Haggard après un scandale sexuel et, début décembre, par une fusillade qui a fait trois morts à la New Life Church.
(Source Le Monde - 26.12.07)
On assiste à la confusion entre la morale et la religion: or, les religions ne sont pas "morales", elles ne sont pas fondées sur le bien et le mal, ni sur la raison, mais sur un irrationnel imposé dogmatiquement à la société. La Bible, amalgame de légendes tribales et d'affirmations archaïques, choque la raison et bien souvent la morale. La morale, c'est bien autre chose que la peur de l'enfer! Bush n'a pas peur de tuer des hommes innocents "au nom de Dieu"!
Dire qu'aux Etats-Unis, il y a encore des foules de gens qui croient qu'un dieu a créé le monde en six jours il y a 6000 ans! Le niveau de la théologie, seule science qui, par définition, ne connaît pas l'objet de son étude, est remarquablement bas: il faut faire simple pour les masses... dont les enfants vont servir de chair à canon au cours de la IIIème Guerre Mondiale.
Commentaires
Les évangéliques soucieux de la survie de la planète?
Auraient-ils donc si peu confiance dans leur Dieu qu"ils doivent eux-mêmes se charger de réparer et protéger la planète?
En principe,si nous sommes créés à l'image de Dieu,ce dieu doit fatalement venir au secours de l'homme pour le sauver malgre lui.
L'avenir de dieu et de ses ses officiants s'annonce sombre.
Il n'y a d'ailleurs pas de dieu créateur de l'univers mais un univers régi par les lois de la probabilité et du hasard.
Cher marcel, l'univers a TOUJOURS existé: voilà ce que je pense... Il n'y a pas eu de Création, les Anciens le savaient, comme les Brahmanes... La Bible est un ramassis de sottises qui vont contre la raison. Les prophètes m'ennuients, et toute cette pseudo-sagesse du Désert... En fait, Abraham vivait en Mésopotamie, à Ur, semble-t-il... Les peuples nomades se déplacent pour leurs troupeaux. Mais on peut savoir d'où ils viennent, quel est leur véritable berceau... Tout cela va contre la doxa enseignée...