Chronique hebdomadaire de Philippe Randa
Le style, c’est l’homme… Mais un homme, c’est aussi son style : celui que Nicolas Sarközy a affiché deux heures durant lors de sa conférence de presse devant 600 journalistes présents et les caméras du monde entier a de quoi laisser perplexe, c’est le moins qu’on puise dire.
La rupture, incontestablement, est là ! Chose promise, chose due, l’omniprésent président a tenu au moins un engagement du bulldozer-candidat pour le plus grand désarroi de l’opposition politique, totalement désorientée par une telle avalanche d’annonces imprévues et de surenchères de bonnes intentions, entrecoupées de péremptoires et répétitives affirmations de son honnêteté comme si elle n’allait pas de soi… Avec deux gros pavés dans le pré carré du moribond Parti socialiste : la mort brutalement annoncée pour cette année des 35 heures et un projet ambitieux pour le « Gross », non « grand » Paris…
Doute-t-il ? Jamais ! « Président, ce n’est pas un boulot pour inquiet », a-t-il lancé avec cette rare distinction de langage qu’il affiche désormais à tout propos.
Certes, la cerise sur le gâteau, celle qu’attendaient le Tout-Paris tout autant que la province profonde, fut l’annonce gourmande qu’avec « Carla », c’était du « sérieux ». Un instant, toute l’assistance a retenu son souffle : allait-il détailler comment il la faisait grimper au rideau ou les gâteries qu’elle lui prodiguait ? Non, il n’en a rien dit, mais on a bien senti que ça le démangeait de nous le révéler… Gageons que ce sera pour la prochaine fois. Enfin, si sa bonne fortune continue, ce qui, au vu du palmarès amoureux de la dame, n’est pas gagné d’avance !
Plus que jamais véritable caméléon de la politique spectacle, l’agité de l’Élysée fut ainsi tour à tour père fouettard, schtroumpf à lunettes et « mec à sa meuf ». Ça, c’est d’la rupture. À donf’ comme les jeunes disent et quand Nico promet, il assume. Cash, même, comme c’est qu’il cause, lui !
Ceux qui furent déçus d’un telle abracadabrantesque vulgarité sont sans doute ceux qui s’attendaient à voir s’exprimer un Président de la République française, Premier Élu de la Nation, garant de nos libertés et de nos institutions, exemple entre tous à la fois pour les Français qui s’en sont remis à lui pour conduire leur destinée… et pour les Chefs d’État étranger afin que soit respecté la place, rien que la place, mais toute la place, de notre pays dans le monde.
Oui, la rupture annoncée est belle et bien effective ! Pas celle qu’on aurait pu prévoir, souhaiter et avaliser. Cette rupture est avant tout celle d’une certaine retenue, une certaine distinction, un certain bon goût que les prédécesseurs de Nicolas Sarközy à l’Élysée, quoi qu’on en pense, avait toujours su conserver. Sous la Ve République, la France a successivement été dirigée par l’imposture gaulliste, l’incompétence pompidolienne, la morgue giscardienne, la duplicité mitterrandienne et la nullité chiraquienne… Elle est désormais, incontestablement, aux mains d’un Marlou. Pour ceux qui ne connaîtrait pas le mot, on peut en lire sur le site www.insenses.org/chimeres cette excellente définition : « Par extension, on appelle marlou tout homme peu délicat avec les femmes, et même tout homme qui a mauvais genre. »
© Philippe Randa est écrivain et éditeur (www.dualpha.com). Ses chroniques sont libres de reproduction à la seule condition que soit indiquée leurs origines, c’est-à-dire le site www.philipperanda.com.
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Commentaires
Un pur délice cette chronique !
Elle n'est pas martienne hélas !
Quoique le spectacle proposé et tenu est de ce niveau, tout en découverte et en froideur glacée. Il est, hélas, du plus mauvais goût, de la plus extrême vulgarité.
Ce que je peux admettre d'un individu quelles que soient ses origine et culture, ne le sera pas d'un élu, fusse-t-il un adversaire politique.
Pire qu'une erreur, une faute !
J'en arrive à me sentir insulté, à me sentir sali.
Je pense à tous ces élus au quotidien, des plus petites et grandes communes, à ce qu'il donnent pour la fonction politique qu'ils occupent. Je sais qu'ils ne trouveront jamais la reconnaissance à hauteur de leur investissement, même si marginalement certains trompent leurs électeurs. Eux vivent la politique et la font vivre.
J'en ai la nausée de voir un tel décalage.
Cher christain, j'ai adoré les Chroniques martiennes! Quelle merveille, invention, poésie!
Pour le Marlou, je me sens aussi sali et insultée que toi. J'espère que nous ne sommes pas les deux seuls!
Quand il était plus jeune, aux côtés de Balladur, il se tenait, il n'était pas aussi vulgaire, poisseux, il parlait mieux... L'andropause ne lui réussit pas! Ni ce genre de femmes...
Amitiés