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Kenya: "folie tribaliste" à la machette et à la lance

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Il attend d'être soigné, une flèche fichée dans le crâne...
Une cinquantaine de personnes de plus ont été tuées dans la province de la Vallée du Rift (ouest) devenue l'épicentre des violences post-électorales qui ébranlent le Kenya, amenant Kofi Annan à dénoncer samedi des violations "systématiques des droits de l'Homme".

Dans Nakuru, la capitale provinciale en proie à des affrontements à caractère interethniques depuis jeudi soir, au moins 34 personnes ont été tuées depuis la nuit de vendredi à samedi, selon la police.

Dans le district voisin de Molo, lui aussi particulièrement touché par ces violences, la police a annoncé avoir découvert samedi les cadavres de 15 personnes victimes de ces troubles.  Depuis jeudi soir, au moins 64 tués ont été recensés par la police dans la province de la Vallée du Rift.

Les cadavres de Kényans assassinés - adultes et enfants - s'amoncellent samedi dans la morgue de Nakuru. Certains portent des traces de machettes, d'autres ont été percés par des flèches et des lances qui les ont sans doute achevés.

Tous ont été brûlés, leur membres et leur doigts sont recroquevillés et leurs visages figés par l'horreur.

Au moins 27 personnes ont péri ces deux derniers jours dans des affrontements entre gangs ethniques rivaux à Nakuru, une localité située dans une partie particulièrement photogénique de la vallée du Rift, autrefois très fréquentée par les touristes.

Avant vendredi, le secteur avait été épargné par les violences qui en quelques semaines ont fait au moins 700 morts dans ce pays et chassé 250.000 personnes de chez elles. La situation a basculé après la présidentielle du 27 décembre et la victoire contestée du président sortant Mwai Kibaki.

Des policiers déchargent 16 corps carbonisés d'un pick-up. Des badauds, choqués, regardent ailleurs à chaque fois que l'un des cadavres est jeté par terre. Une femme ne peut retenir ses sanglots et part en courant.

Le rival de Kibaki à la présidentielle, Raila Odinga, qui a raté de peu la victoire dans ce scrutin jugé insatisfaisant par des observateurs internationaux, crie à la fraude.

Beaucoup ont péri dans des affrontements entre tribus rivales qui ont mis en lumière de profonds antagonismes entre les différentes ethnies que compte le pays.

Comme de nombreuses victimes de violences dans ce pays, longtemps considéré comme l'un des plus stables d'Afrique, Nicodemus Adede connaissait ses agresseurs: des amis.

"Ce sont des gens qui vivent avec nous qui font ça. Pouvez-vous le croire ?", s'emporte ce chauffeur de taxi-moto, montrant les deux marques laissées sur sa tête par les coups de machette qui lui ont été assénés.

Il attend son tour d'être soigné à l'hôpital de Nakuru, où 165 blessés ont été pris en charge. "Nous étions amis, mais ça, c'est de la folie tribaliste. Je ne sais toujours pas pourquoi ils l'ont fait."

Pendant qu'il raconte son histoire, un jeune homme passe dans le couloir, une flèche fichée dans le crâne, sonné. Des employés de l'ONG Médecins sans frontières s'empressent de soigner les blessés et leur font passer des radios.

Ceux qui ont eu la chance de survivre aux machettes et aux flèches empoisonnées ont parfois perdu leurs maisons, pillées puis incendiées. Des réfugiés ont trouvé refuge dans les champs et dans les cours d'église.

(Source Libération 26.01.08)

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