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Idriss Déby Itno, président du Tchad

Arrivé au pouvoir par les armes en 1990, le chef d'Etat tchadien Idriss Déby Itno pourrait à son tour devoir quitter la présidence chassé par les armes d'une coalition d'opposants comprenant certains de ses anciens alliés. Après avoir plusieurs fois échappé à des coups d'Etat, il semblerait que, cette fois-ci, ce chef de guerre, qui n'a jamais hésité à prendre la tête de ses troupes, n'ait pu résister à la vague de la colonne des 300 pick-up des rebelles qui a pris samedi la capitale, N'Djamena.

 

Né en 1952 à Fada, dans le nord-est du pays, Idriss Déby est musulman et appartient à l'ethnie zaghawa, présente de part et d'autre de la frontière tchado-soudanaise. Comme beaucoup de fils du désert, il se destine vite au métier des armes. Baccalauréat en poche, il entre à l'école d'officiers de N'Djamena puis décroche en France une licence de pilote professionnel. De retour au pays, il lie son destin à celui d'Hissène Habré qui parvient en 1982 à chasser du pouvoir Goukouni Weddeye.

 

En remerciement de son soutien, Idriss Déby est nommé commandant en chef. Sa renommée va alors croître avec les combats qu'il livre contre les forces pro-libyennes, au point de faire de l'ombre à Hissène Habré qui l'éloigne à Paris en 1985 pour y suivre les cours de l'école de guerre. Sitôt de retour, Idriss Déby décroche le poste-clé de conseiller militaire du président mais les rapports entre les deux hommes se tendent. Et en 1989, accusé de complot, il s'enfuit de N'Djamena pour la Libye puis le Soudan, où il fonde sa propre armée, le Mouvement patriotique du salut (MPS).

Sa campagne militaire le conduit en décembre 1990 à N'Djamena et au pouvoir, après la fuite d'Hissène Habré. Le chef de guerre délaisse alors son treillis pour le costume d'homme politique. Elu président en 1996 lors du premier scrutin pluraliste au suffrage universel, il ouvre alors le gouvernement à une partie de ses adversaires. Mais, malgré sa réélection en 2001, Idriss Déby est de plus en plus critiqué par une opposition qui lui reproche des fraudes électorales, des violations des droits de l'Homme et, malgré son entrée en octobre 2003 dans le club des pays producteurs d'or noir, l'extrême pauvreté de son peuple.

Plus grave, son clan se lézarde à la faveur de la guerre civile qui embrase le Darfour voisin. Son entourage lui reproche de ne pas soutenir ses "frères" zaghawa de la province soudanaise. Le malaise gagne l'armée et, en mai 2004, le pouvoir du président, que l'on dit gravement malade, vacille sous le coup d'une tentative de coup d'Etat militaire. A partir d'octobre 2005, les désertions d'officiers et les défections de proches s'accélèrent et vont grossir les rangs d'une rébellion de plus en plus menaçante, qu'il accuse le Soudan d'armer.

Malade et fragilisé par un conflit qui l'oppose à la Banque mondiale sur la gestion des pétrodollars, Idriss Déby échappe à un nouveau coup d'Etat le 14 mars qui sera suivi d'une nouvelle tentative des rebelles qui échoueront aux portes de N'Djamena en avril. Ce n'est que partie remise, la rébellion installée au Soudan s'organise et de vient de plus en forte. Des combats, auxquels il participe, font des centaines de morts en novembre et en décembre 2007 avec les différentes factions dans l'est du pays. Celles-ci concluent une alliance en décembre et réussissent, à partir de leur bases soudanaises, à traverser le Tchad et en cinq jours d'est en ouest pour investir N'Djamena, la capitale symbole du pouvoir.

(Le Monde 02.02.08)

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