La Justice autorisera-t-elle Chantal Sébire à mourir ? C'est en tout cas ce que cette mère de famille de 52 ans, victime d'une maladie rare lui déformant le visage et la faisant atrocement souffrir, espérait hier en déposant une requête exceptionnelle auprès du président du tribunal de grande instance de Dijon.
Remuant en vain ciel et terre depuis une dizaine de jours afin d'être reçue par le président de la République pour le sensibiliser à sa cause, elle a donc décidé de passer à la vitesse supérieure. C'est la première fois qu'une telle requête est faite à la justice française.
« Il faut en finir avec cette hypocrisie »
« Ce n'est pas une demande d'euthanasie active. Elle ne réclame pas qu'on la fasse mourir, mais qu'on autorise un médecin à lui donner des médicaments qui lui permettront de partir dans la dignité », précise cependant son avocat, Me Gilles Antonowicz. Une différence qui fait penser à ce juriste qu'une réponse positive du juge n'est pas impossible. « Tout ce qu'on lui propose aujourd'hui, c'est d'atténuer ses souffrances en la plongeant dans un coma artificiel. Et de la laisser ainsi jusqu'à ce qu'elle meure, défend l'avocat. Mais Chantal ne veut pas de ça. Elle veut pouvoir partir dignement, en toute conscience. Vous imaginez sa famille qui devrait attendre quinze jours que leur mère veuille bien mourir ! »
Soutenue par ses trois enfants, Virginie, 29 ans, Vincent, 27 ans, et Mathilde, 13 ans, Chantal reçoit aussi régulièrement des coups de fil de Marie Humbert. « Je suis avec elle. Ce qu'elle fait c'est vraiment super. Il faut en finir avec cette hypocrisie », s'insurge celle qui avait donné la mort à son fils handicapé, Vincent, en 2003. Hier le parquet de Dijon a d'ores et déjà répondu par la négative à la demande de la mère de famille. Mais si, comme l'estime le monde judiciaire, il y a peu de chance que cette requête ait une issue positive, Chantal Sébire a déjà gagné une bataille. D'ici à quelques jours, elle sera reçue à l'Elysée par Arnold Munnich, le conseiller pour les questions de santé de Nicolas Sarközy.
(Le Parisien 13 mars 2008)
Commentaires
« Il faut en finir avec cette hypocrisie » : quelle hypocrisie ? N’est-ce pas celle des partisans de l’euthanasie qui exigent que des médecins donnent la mort ! Qu’ils la donnent eux-mêmes !