Pour les adultes qui ont oublié les règles élémentaires de grammaire, Bernard Fripiat, coach en la matière, publie aujourd'hui un livre de trucs et astuces. Histoire d'en finir avec cette ou ces fautes qui nous empoisonnent l'écriture...
C'est un Belge qui nous donne des leçons de français, nous apprend, avec humour, à accorder les participes pronominaux, à placer à bon escient la cédille et le trait d'union ou à dompter les exceptions. Installé à Paris depuis deux décennies, Bernard Fripiat, 48 ans, agrégé d'histoire et auteur de pièces de théâtre, est aussi coach d'orthographe. Il distille, lors de stages, ses astuces à la secrétaire devant écrire des post-it à son chef de service, au PDG soucieux d'envoyer un mail confidentiel - et sans faute - à ses actionnaires ou à de brillants futurs ingénieurs fâchés avec.
Dans le livre « 99 questions à mon coach d'orthographe » qui paraît aujourd'hui (Editions Demos, 17 €), celui qui a de faux airs de Dominique Besnehard révèle sa méthode pour enfin maîtriser les subtilités de la langue de Molière.
De drôles de moyens mnémotechniques. Une pantoufle ne prend qu'un f « parce qu'on est toujours en train de chercher l'autre ». En revanche, gaffe en a deux car « quand on en fait une, la deuxième suit toujours ». Lorsque « peu importe » est suivi d'un pluriel, on fait ce qu'on veut : peu importent les difficultés ou peu importe les difficultés, à vous de choisir. On a tendance aussi à écrire gentiment avec deux l en raison d'une proximité avec le nom gentillesse. Pour éviter l'erreur, dites-vous que pour une fois qu'ils ont eu la gentillesse de faire simple... Enfin, lave-vaisselle est toujours invariable, « l'homme ne poussant pas la goujaterie à en offrir deux ».
Qui porte le chapeau ? Une boîte ne peut se passer de l'accent circonflexe car elle est recouverte d'un chapeau. L'aîné et l'entraîneur y ont aussi droit « car ce sont toujours eux qui portent le chapeau ». En revanche, celui qui boite (du verbe boiter) n'en a pas. « Eh oui, quand on boite, le chapeau finit toujours par tomber ! »
Relisez-vous en commençant par la fin. Quand une faute bête nous échappe, il n'est pas rare qu'on s'en étonne en disant : « Pourtant, ce texte, je l'ai relu au moins vingt fois. » Selon Bernard Fripiat, il ne faut jamais relire un texte par le début mais par la fin, phrase par phrase, en commençant par la dernière. En se déconnectant du sens, on concentre notre attention exclusivement sur l'orthographe. « Il nous est ainsi impossible d'être emporté dans le sens, de nous replonger dans le contenu. »
Comment appeler sans se perdre dans les l ? La conjugaison du verbe appeler prend, selon les temps, un ou deux l. « Si bien que certains de mes stagiaires m'ont avoué ne plus jamais l'écrire », assure le coach. Son truc miracle, énoncé à haute voix, amusera forcément la galerie ? Lorsqu'après avoir prononcé le p, on peut imiter la chèvre (bêêêêêê), il faut deux l : je vous appêêêêêêlle ! En revanche, si c'est une vache (meuh) que l'on entend, il n'en faut qu'un : je vous ai appeuhlé !
Méfiez-vous des correcteurs d'orthographe. Il est censé faire la chasse aux erreurs. Mais comme les hommes, le correcteur d'orthographe des ordinateurs n'est pas infaillible. Quand, lors d'une faute de frappe, nous écrivons « nous serrons là », aucune ligne rouge ou verte n'apparaît. Le logiciel croit que nous serrons une vis à cet endroit alors que nous voulions utiliser le futur du verbe être (serons). Par ailleurs, la machine ne fait pas la différence entre ballade (chanson) et balade (promenade), cru (participe passé du verbe croire) et crû (participe passé du verbe croître) ou cession (action de céder) et session (séance).
Répondez à ceux qui vous traitent de nuls ! Ceux qui collectionnent les fautes d'orthographe doivent souvent affronter les sarcasmes des petits malins de leur entourage. « A l'intérieur d'une entreprise, c'est même parfois une arme pour déstabiliser un collaborateur », observe Bernard Fripiat. « Pour riposter, demandez donc à ceux qui vous taquinent comment on écrit par acquit de conscience, en butte à sa colère, combatif et combattant ou imbécillité... tout le monde ou presque se trompe! ».
Bernard Fripiat , « 99 questions à mon coach d'orthographe », Editions Demos, 17 € .
Commentaires
oui mais déjà le mot "coach" me donne des boutons
sa à laire inttêressent mes moi jean est pas lutillité
VLAAMS et l'abbé tymon de quimonte: ah, j'ai envioe de rire avec vous! le pauvre, il faut qu'il vende son livre! Pour les mots qu'il cite, je n'en ai pas l'utilité... Et j'avais trouvé dès l'école des moyens mnémotechniques. En fait, ce sont les accords avec les verbes pronominaux qui sont parfois difficiles. J'ai mis cet article pour les gens qui font vraiment trop de fautes sur le blog! Et qui ne sont pas des fautes de frappe!
En écrivant à la main, je ne fais aucune faute, pratiquement, mais avec le clavier, je vais trop vite, on ne "sent " la chair des mots, on les tape, on les "frappe" presque phonétiquement... Ils demandent plus de douceur et d'attention! Avoir fait du latin aide beaucoup...
Mais coach est assez mal venu, en l'occurrence!
Parler franglais est une curieuse façon de prétendre enseigner le français. Mais les quelques exemples que vous donnez, Gaëlle, semblent montrer que ses petite astuces à dix balles ne valent pas tripette.
Très intéressant ! Bonne critique Gaëlle...
Je me pose néanmoins une question à propos de l'équivalence entre :
"peu importent les difficultés" ou "peu importe les difficultés".
Mon vieil instinct sémantique me laisse imaginer qu'au-delà de l'orthographe, il y a encore autre chose...
Dans le premier cas les difficultés importent peu.
Dans le second il importe peu qu'il y ait des difficultés...
Est-ce vraiment exactement la même problématique ? il y a des nuances subtiles dans notre pensée dont seule une orthographe sans faille peut rendre compte avec précision...
Pour l'exemple précis auquel je pense, j'opterai pour le singulier du verbe "importer" et puis le contexte qui viendra après cette expression ne donnera-t-il pas la solution ?
@Merlin: j'ai toujours lu et écris "peu importe" !- sans être jamais corrigée par un prof! Mais je viens de consulter le petit "Dictionnaire Larousse des difficultés de la langue française": "peu importe" s'accorde généralement - Exp: " Peu importent les sentiments auxquels il a obéi "- Jacques Bainville.
"N'importe" est invariable! Comme: "il n'importe" -invariable
Mais : "qu'importe " s'accorde, quoiqu'on trouve également l'invariabilité...
Donc le coach n'a pas tort. Mais tout demeure ici dans la nuance, l'intention, le style, car "Peu importe" me semble être une expression toute faite. Tournons ainsi: "Quelle importance peuvent bien avoir ces gens qui nous critiquent?" c'est le même sens que "Peu importe(nt) ces gens qui nous critiquent!" - enfin selon moi! L'important, c'est aussi le style, qui est l'homme, comme disait Buffon!
Autrefois, les gens qui avaient eu leur bac avant la IIème GM ne faisaient AUCUNE faute d'orthographe, et cela pour la vie! j'ai des exemples précis. Pour une seule faute, la coipie d'examen était déchirée! - Ensuite, ce fut 5 fautes! A plus de 5 fautes, copie déchirée. Bac à repasser. Les gens connaissaient l'orthographe française pour la vie! Mais maintenant ce sont les profs qui font des fautes! Sans exagérer dans le purisme, on peut dire que les collégiens d'aujourd'hui ne savent pas écrire plus de deux lignes sans faire de faute! Cela se voit dans les lettres qu'ils envoient, les mails, etc... C'est comme ça. Ce sont des gens "appauvris", car la langue est une richesse en soi, et aussi une identité. Par aileurs, la ponctuation, respiration d'un texte, si importante, n'est plus mise... les accents font défaut... - La langue évolue, mais en direction de la précarité, de la grande misère... Il n'y a pas d'enrichissement par le franglais, c'est faux.
Et comme tu le dis si bien, il y a des nuances subtiles de notre pensée que seule l'orthographe peut rendre!
Les procédés: un enseigné en classe primaire dont je me souviens bien: "abîme, car le chapeau tombe au fond de l'abîme et ne reste pas sur la cime où le vent l'emporte!"
Merci pour votre commentaire que j'aime beaucoup!