Après le rejet du traité de Lisbonne, les dirigeants de l'UE cherchent à sortir de l'impasse. La France aimerait qu'un nouveau référendum soit organisé dans quelques mois en Irlande. Mais à Dublin cette hypothèse n'est pas d'actualité.
Ils ont fait la fête toute la nuit, se réjouissant du très net rejet du traité de Lisbonne. Les « nonistes » irlandais sont contents, certes, mais reste à savoir quelle suite donner à leur non massif. Leur camp est parfaitement hétéroclite.
Qu'ont en commun le très nationaliste Sinn Fein, vitrine politique de l'IRA, seule formation parlementaire à avoir soutenu le non, les catholiques d'extrême droite, les pacifistes et l'ultra gauche ? « Il y a eu un phénomène un peu similaire à ce qui s'est passé en France en 2005 : un rejet de la politique et des politiciens », estime Sean, professeur dans un collège difficile. Brian Cowen, Premier ministre depuis quelques semaines, a remplacé Berhie Ahern, compromis dans des affaires de corruption présumée. Cette méfiance envers une classe politique explique aussi l'émergence d'un Declan Ganley, fervent catholique richissime, qui a décidé de « remettre la démocratie au coeur de l'Europe », à coups de millions et à travers son organisation, fondée il y a quelques mois, Libertas. Bien qu'il refuse d'en parler pour l'instant, l'homme d'affaires, fort de son succès, pourrait bien se présenter aux élections européennes de l'année prochaine, voire fonder son propre parti politique.
Et maintenant, comment sortir de la crise ? A Bruxelles comme à Paris on ne voit qu'une possibilité : revoter dans quelques mois quitte à faire des concessions. Une position résumée, hier, par Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes : « Il faut que le processus de ratification aille à son terme et laisser le temps de la réflexion aux Irlandais, savoir si moyennant quelques médiations ils peuvent revoter. Il n'y a pas d'autre solution ».
Nicolas Sarközy est sur la même ligne. Mais, hier, il a fait profil bas, sans doute pour ne pas braquer les Irlandais : « Le non est une réalité politique, on doit l'accepter. » Et d'ajouter : « Ce n'est pas un hasard. Beaucoup d'Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l'Europe en ce moment. Il faut qu'on en tienne compte et qu'on change notre façon de faire. » A l'Elysée on assure que la présidence française de l'UE (qui démarre le 1er juillet) n'est pas sabordée. Et que toutes les initiatives qui devaient être prises le seront. Nicolas Sarkozy a précisé : « Je pense à une politique européenne de l'immigration, je pense à une réponse européenne à l'augmentation du prix du pétrole. Nous devons être plus efficaces au service de la vie quotidienne des Européens. »
Voter à nouveau ? Les dirigeants irlandais ne ferment pas totalement la porte. Mais à Dublin, cette hypothèse est jugée « prématurée ».
Le Parisien - 15 juin 2008
Commentaires
Ils sont vraiment indécrottables….et toujours aussi anti-démocratiques : ils n’acceptent aucun verdict des urnes qui leur est contraire et ils sont prêts à tout pour servir les mondialistes (hypernomades), leurs maîtres ! Pour l’instant les peuples européens, bons enfants, se laissent faire, n’arrivant pas à croire que leurs représentants veulent les détruire. Mais leur réveil risque d’être rude ! Et on dirait que les Irlandais viennent de sonner ce réveil.
Cher abad, vous exprimez parfaitement ma pensée; allons nous enfin rentrer dans une Eire nouvelle ? En tout cas, merci l'Irlande pour ce merveilleux espoir.
Le Peuple vote NON ... voyons ils se trompent !
Ces gueux ne comprennent rien aux intérêts supérieurs qui NOUS guident.
Nous œuvrons, ils n'ont qu'à dire OUI, NOUS sommes là pour penser et leur dire.
Encore et toujours cette faille si profonde, si incommensurable qu'aujourd'hui, je ne peux qu'envisager un RAZ.
L'idée de solidarité des Peuples, de leurs biens et intérêts communs, j'y suis sensible, pour des raisons de Paix.
Rien, je ne retrouve décidément rien dans cette oligarchie non représentative qui soit de mes intérêts.
Rien ne va plus, dans cette construction, dans cette fausse démocratie.
Le gnome et ses valets va nous envoyer ses écrans de fumée par médias interposés.
Grand bien lui fasse, je n'accepte plus ce simulacre européen, où les commissaires non élus ont plus de poids que la représentation des Peuples.
Je souhaite que les irlandais résistent mieux que ce que nous ne l'avons fait.
Bien dit, cher Christian. Et avez-vous remarqué comment la plupart des commentateurs ont résumé le vote irlandais : Le petit peuple a voté non, mais l’élite a voté oui ? Heureusement, leur «élite» a été minoritaire !
Merci, christian, rien ne va plus en fait, dans cette fausse démocratie qui s'affiche maintenant clairement CONTRE LES PEUPLES! A quoi ça sert de voter, si on ne tient pas compte du résultat? On se fiche complètement de nous!
Faire revoter les Irlandais, comme s'ils changeaient d'avis comme de chemise? Comme s'il étaient si bêtes qu'ils n'avaient pas compris leur vote? Quel MEPRIS! Je suis très en colère, malgré ma joie: une aube s'est tout de même levée en Irlande! il faudrait que les Irlandais sachent qu'ils sont soutenus dans leur NON par les peuples d'Europe!
Oseront-ils les faire revoter pour la seconde fois ? Ils sont prêts à tout. Je tente le diable, mais j'aimerais qu'ils le fasse, au prix d'une légère couche de peinture qui n'illusionne personne, et que les Irlandais leur renvoient un NON encore plus tonitruant à la figure.
"Prématurée" la combine usée... Croient-ils que les Irlandais vont "oublier" si facilement ? C'est ahurissant. On ne tromperait pas un enfant avec un truc pareil. On le vexerait.