ERIC LE BRETON, sociologue, directeur scientifique à l'Institut pour la ville en mouvement
ERIC LE BRETON est l'auteur de « Domicile-travail : les salariés à bout de souffle »*.
Les Français sont-ils contraints de s'éloigner de plus en plus ?
Eric Le Breton. Ce phénomène s'est très nettement accentué ces dernières années à cause de la flambée immobilière.
Il y a trente ans, les Français effectuaient en moyenne une vingtaine de kilomètres par jour en transport ; aujourd'hui, on est aux alentours de 40 km. Et ces chiffres dissimulent une autre réalité : plus un ménage est modeste, plus il habite loin. Un cadre parcourt ainsi en moyenne 18 km entre son lieu de vie et son travail, contre 28 km pour un ouvrier.
Le budget des ménages est donc sérieusement entamé par les dépenses liées aux transports ?
Le budget transport est devenu le deuxième poste de dépenses des Français, derrière le logement, mais devant l'alimentaire. En 2000, ils consacraient près de 14 % de leurs ressources aux transports. Aujourd'hui, c'est 17,5 %. Mais, là encore, ces moyennes varient en fonction du milieu social. Les cadres à haut revenu vivent la plupart du temps en centre-ville ou en première couronne et disposent d'une offre étoffée de transports en commun. Tandis que les salariés plus modestes se retrouvent dans des zones mal desservies, où ils doivent impérativement utiliser une voiture, voire deux. Un smicard peut ainsi dépenser jusqu'à plus de 20 % de ses revenus en déplacement. En clair, plus on est pauvre, plus on paye.
Quel impact peut avoir la flambée du pétrole ?
Pour le moment, la hausse du prix des carburants n'a pas eu de conséquence. Les Français veulent toujours devenir propriétaires. Pour eux, il s'agit d'une sécurité. Et les prix de l'immobilier leur interdisent de se rapprocher des centres-villes. Mais les ménages sont de plus en plus nombreux à être pénalisés par ce choix. Les transports leur coûtent trop cher et, par ailleurs, d'autres frais, comme la garde des enfants, s'y ajoutent. Résultat, à la plus petite difficulté - une voiture qui tombe en panne par exemple -, ils ne peuvent plus faire face.
Les pouvoirs publics peuvent-ils apporter des réponses à ces difficultés ?
Oui, à condition de repenser totalement la problématique des transports. L'approche actuelle n'est plus adaptée. D'autant que les salariés ont des horaires de plus en plus désynchronisés : les traditionnelles heures de pointe n'existent plus. Il faut donc impérativement développer des systèmes alternatifs aux transports collectifs. Mais les solutions existent : le covoiturage, le transport à la demande et les voitures partagées offrent des réponses appropriées.
* « Domicile-travail : les salariés à bout de souffle », les Carnets de l'Info, mai 2008.
Commentaires
Article doublement remarquable : d’une part il défonce des portes ouvertes, d’autre part il propose des illusions.
La grande porte ouverte c’est d’expliquer que le français moyen est obligé d’habiter de plus en plus loin des centres villes. Cela fait trente ans que cette politique a été engagée et sur laquelle aucun gouvernement n’est revenu ! Exemple Paris : Chirac comme maire de cette ville a chassé de Paris plus d’un million de cadres moyens et ouvriers et les a remplacés par plus cent mille immigrés qui peuvent s’y installer grâce aux aides de toutes sortes ! Paris a ainsi diminuer de près d’un million d’habitants sous Chirac. Cette situation ne date donc pas d’hier !
L’illusion, c’est le covoiturage. Mais tout le monde a le droit de rêver !
Cher abad, je dirais que c'est un article de "haute résignation", le fruit sec de la réflexion d'un responsable déresponsabilisé... typique de notre époque...
Ce type a dû être choisi pour son absolue nullité!
Oui, chère Gaëlle, c’est bien un article de ‘haute résignation’ digne d’un bon fonctionnaire. Je dois reconnaître que sa résignation se lit bien sur sa figure.
Ah que la vie de technocrate est difficile.
A peine a-t-il pensé et écrit l'irrésistible solution à un fait sociétal qui touche à toutes les dimensions de la vie de chacune et chacun d'entre-nous, que vous le pourfendez !
Eh bien, vous avez RAISON !
Je partage, c'est un crétin. Et ce soir, je me sens gentil ...