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Le grand tour de vis de la Sécu

Des médicaments jusqu'ici remboursés à 100% pourraient en effet ne plus l'être. Voilà l'une des propositions de l'assurance maladie pour réduire son déficit, comme Eric Woerth, le ministre du Budget et des Comptes publics, le lui a demandé. Objectif: "Opérer un redressement de 3,2 milliards d'euros." Pour cela, les Français devront faire des efforts.

L'assurance-maladie a tranché dans le vif. Sommée mercredi dernier de faire des économies pour résorber une partie de son déficit, elle a réagi, et vite. Frédéric Van Roekeghem, directeur de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam), présentera en effet dès jeudi une feuille de route pour le moins ambitieuse au conseil de l'Uncam. Le quotidien Les Echos a eu connaissance de ce plan et l'a rendu public dans son édition de mardi.

Il faut "opérer un redressement de l'ordre de 3,2 milliards d'euros", annonce d'emblée Frédéric Van Roekeghem. De 4,1 milliards d'euros en 2008, le déficit devrait ainsi être ramené à 2,8 milliards en 2009. Mission délicate quand la croissance naturelle des dépenses conduirait à un trou de 6 milliards à cette date. Pour parvenir à ses fins, l'assurance-maladie, en plus des mesures classiques type baisse des prix des médicaments, envisage d'aller plus loin. Principal visé: le dispositif des affections de longue durée (ALD) tels que le cancer ou le diabète, sida..., qui offre une prise en charge à 100%. 8 millions de personnes suivent un traitement ADL.

Les malades de longue durée pénalisés

La Haute Autorité de santé avait déjà proposé de réduire la liste des maladies concernées. L'assurance-maladie a décidé de reprendre l'idée, affirmant qu'il faut "réserver le bénéfice" de ce système "aux pathologies qui sont véritablement longues et coûteuses", car "le nombre de bénéficiaires progresse de 4% par an et le coût global de 6%. Cela accroît mécaniquement la part de la dépense de soins prise en charge par l'assurance-maladie au titre des ALD, et plus généralement le taux de remboursement moyen du régime obligatoire", explique Frédéric Van Roekeghem aux Echos. Les personnes atteintes de certains types de diabète ou d'hypertension artérielle, par exemple, pourrait ainsi voir leur remboursement diminuer. Interrogé ce mardi matin sur France Culture, Eric Woerth a tenu à minimniser l'annonce de ce projet, et à rassurer les patients relevant du dispositif de l'ALD: "Il n'y aucune remise en cause du remboursement à 100% des affections longue durée. 

 Ce n'est pas un plan, mais des propositions de l'assurance maladie", a-t-il assuré.

Un démenti qui n'a pas suffi à calmer le tollé provoqué par l'annonce de ce projet. Pour le Parti socialiste, "les franchises médicales imposées le 1er janvier dernier étaient bien un préambule au démantèlement de notre système de santé". Les mesures de déremboursement envisagées "s'attaquent directement au principe de solidarité", déplorent dans un communiqué commun Pascal Terrasse, secrétaire national à la Santé, et Claude Pigement, responsable national à la Santé. Pour le député socialiste Jack Lang, envisager la fin du remboursement à 100% pour les ALD est "inimaginable". "Le gouvernement est-il capable d'aller jusqu'à cette ultime mesure, qui serait une véritable décapitation de notre système de santé et qui serait pour les familles concernées (...) une source de désespérance et parfois même de ruine?", s'est-il interrogé sur LCI. Le Parti communiste dénonce quant à lui un "plan effarant" qui sonne comme "une véritable insulte aux fondements de l'assurance-maladie".

Autre source d'économie envisagée: ne plus rembourser qu'au taux de 35% les médicaments à vignette bleue actuellement pris en charge à 100% pour les personnes en ALD. Une mesure qui pourrait rapporter 250 millions d'euros, et qu'Eric Woerth aimerait voir en vigueur avant l'été. Mais une mesure qui devrait faire parler.

L'hôpital et les médecins traités pas épargnés

Pour justifier cette baisse des remboursements, l'assurance-maladie évoque "un transfert" vers les mutuelles et assurances. Sauf que près de 8% de la population ne bénéficie pas de complémentaire santé... Consciente du problème, l'Uncam annonce qu'elle pourrait proposer elle-même des contrats spécifiques à ces personnes. "Beaucoup de bénéficiaires du RMI ne font pas valoir leur droit à la CMU complémentaire. L'assurance-maladie pourrait les affilier directement quand ils ne répondent pas aux sollicitations. En outre, de nombreux bénéficiaires potentiels de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé ne l'utilisent pas, du fait du prix des contrats : nous pourrions leur proposer de souscrire des contrats à coût modéré", confirme Frédéric Van Roekeghem.

Une batterie de mesures qui n'exclue pas l'hôpital car "il est normal de s'intéresser à la moitié des dépenses!", justifie le directeur de l'Uncam. Ce dernier est donc invité à gagner en productivité. Pour cela, Van Roekeghem propose de "mieux contrôler la pertinence des actes et développer la procédure de mise sous accord préalable quand l'évolution de l'activité d'un établissement apparaît anormale." Les médecins, comme souvent, seront eux aussi mis à contribution. "Nous allons renforcer le rôle du médecin traitant afin d'améliorer le suivi des malades et de mieux maîtriser les prescriptions. Nous visons 500 millions d'euros d'économies au titre de la maîtrise médicalisée en 2009." Un plan de rigueur de plus pour des Français en proie à la stagnation de leur pouvoir d'achat. Et Eric Woerth a d'ores et déjà promis d'"amplifier l'effort de redressement" des comptes de la Sécurité sociale.

JDD - 24 juin 2008

Commentaires

  • La Solidarité Sociale ne devrait s'appliquer qu'aux vieux, qui l'ont crée, et aux personnes handicapées. Je sais, c'est très dur comme position. La santé, c'est la Sainteté. Qui prend en charge sa santé, débute le chemin de la Sainteté. Les gens n'ont qu'à se prendre en charge! Je n'ai pas de mutuelle, je mange bio, je mange cru, même la viande, comme nos ancêtres le faisaient dans les grottes. Notre génétique n'est pas adaptée aux aliments cuits, ainsi qu'aux produits chimiques de l'alimentation moderne. Donnez une alimentation cuite à des chimpanzés, ils crèveront. Nous avons le même système sanguin qu'eux, le même système digestif, notre génétique diffère de quelques pour cent, et nos arbres se sont séparés il y a 5 millions d'années. La génétique est immuable. J'ai une pêche d'enfer, et plus je vieillis, plus elle augmente. Je n'ai donc pas de mutuelle. Mes petits bobos disparaissent, je fais des économies de médiacaments, de docteur, d'arrêt maladie, etc...
    Arrêtons de nourrir ce système du tiroir-caisse à tous les étages!!!
    Tapez instincto-nutrition, anopsologie, ça décoiffe!

  • On pourrait peut être ne pas prendre en charge les malades du monde entier.
    Mais c'est tellement bête comme idée qu'elle ne peut être envisagée.
    On en a marre ! comme disait....

  • Il faudrait expliquer à ce monsieur Woerth qu’il n’y pas de remboursement à 100% même pour les ALD ! Il fait semblant d’ignorer que désormais il y a un forfait pour chaque visite médicale, chaque ligne d’analyse biologique, chaque radio, chaque boîte de médicaments, etc., etc… ! Et les mutuelles n’ont pas le droit de prendre en charge ces forfaits. C’est absolument scandaleux d’entendre un Ministre oser proférer un tel mensonge !

    Mais on ne peut pas, avec l’argent des Français, soigner gratuitement (pour eux c’est vraiment gratuit) l’Afrique, la moitié de l’Asie mais aussi les Français. Faut pas exagérer !

  • @Arauris
    Je partage votre point de vue quant à cette question cruciale de la nutrition.
    Sur un autre plan, il ne faut pas oublier notre chère diversitude : un peu moins pour la défense, un peu moins pour la santé et un peu plus pour les parasites !

  • "Et les mutuelles n’ont pas le droit de prendre en charge ces forfaits.".....
    Mais cher Abad je dirais tant mieux. Parce qu'à chaque fois que la mutuelle doit rembourser plus la facture s'alourdit en conséquence. Et pour tous les cotisants...même pour ceux qui ne "consomment" pas.
    La CMU, l'AME etc...sont des machines à appauvrir la classe moyenne.

  • "On pourrait peut être ne pas prendre en charge les malades du monde entier. "
    ou,
    " manger cru, même la viande, comme nos ancêtres le faisaient dans les grottes. "

    Face au déficit de la sécu nous avons là deux positions très interressantes..
    L'une d'elle à mes suffrages

  • il faut éliminer les " je ne cotise pas , mais je me soigne avec ma famille nombreuse"
    comptez sur nos chers députés pour voter cette loi

  • Ah, si nous étions tous en bonne santé et dans un monde parfait, combien d'argent aurions nous économisé.
    Ah combien j'aimerai partager ce point de vue ...
    La vie est toute autre hélas. La veuve de mon oncle décédé, écrasé par une pièce métallique de quatre tonnes, fait partie, bien contre son gré, de ces "pauvres gens assistés" qui peuvent survivre grâce à cette "sécurité sociale", un travail très mal rémunéré et l'aide de ses enfants.
    Ah si nous étions tous ....

  • @ Christian: de ton avis. De toute manière,n on ne peut pas vivre en autarcie complète quant à la nourriture. La pluie qui arrose les salades est elle-même polluée. Et quand il y a un accident grave, qui empêche tout travail, comment font les gens moyens, je ne dis même pas pauvres? Il y a auusi des maladies héréditaires, comme le diabète. On ne peut pas tuer les enfants handicapés, leucémiques, etc... et la mucoviscidose? - ce serait aux médecins de juger pour les remboursements de la Sécu, non aux politiques.
    on dirait que tout est fait pour que les plus pauvres de notre société soient de plus en plus pauvres et désespérées. C'est mal.

  • A zelionaya lagouchka : d’accord avec vous sur le principe, mais je crois bien que la CMU et l’AME échappent aux retenues du forfait et des franchises : si c’est bien le cas cela veut dire qu’elle restent à la charge des seuls Français qui eux paient deux fois pour les autres !

  • C'est aussi ce que je crois abad. C'est pour cela que je dis que ces régimes sociaux ouverts au monde entier (du moins pour les bénéficiaires) sont en train de ruiner les classes moyennes.
    On est mené par des fous et ceux-ci sont réélus à chaque fois. Incroyable...

  • Le buget de la sécurité sociale fait partie des budgets sociaux de la nation (voir les comptes de la nation). Il est basé sur des prélèvements qui ont lieu quand il y a travail, travail salariè ou autre travail, producteurs de richesse. C'est le principe de base de solidarité qui implique les entreprises qui a prévalu à sa création.
    La modification substantielle qui a lieu depuis pas mal d'années tient à deux facteurs en particulier.
    Un idéologique conjugant la croyance que le travail n'est qu'un coût, alors qu'il est un fondement de l'organisation de notre société, et qu'il est un paramètre ajustable comme d'autres au sein de l'entreprise. "travailleur jetable", se rappeler "vive la crise" animée par Yves Montand et Tapie ...
    Au nom de cette idéologie, les politiques ont mis en place des allègements de charges fiscales pour la création d'emploi (prise en charge par l'état de certaines contributions sociales pour les entreprises créatrices d'emploi). La dette de l'état à la sécutité sociale (argent non versé) se monte à plusieurs milliards d'euros suite à ces mesures.
    Deuxième facteur, de la même veine idéologique, le glissement de la rémunération du travail vers le capital. Ce glissement est estimé par les économistes de l'ordre de 130 milliards d'euros ( rapport au PIB ).
    La conjugaison des deux facteurs, facteur de choix de société (politique et idéologique) concourent sur plusieurs dizaines de milliards d'euros en terme de dettes ou de manque à gagner pour la sécurité sociale.
    Un autre facteur et pas des moindres est la non négociation de l'extension de la convention 1 avec les médecins et la main-mise des professionnels de santé sur ce secteur, juteux pour pas mal d'entre eux (je n'oserai évidemment pas parler du niveau de vie des chefs de clinique ou autres spécialistes ou ...)
    Cette non extension du niveau 1 de la convention (22 euros) est une perte pour la sécu qui rembourse au-delà comme les mutuelles.
    Je ne parle pas du lobby des fabricants de médicaments, de ceux qui fournissent les appareillages etc etc et sont organisés pour leurs profits propres (vilain jeu de mots)
    Mon dernier argument portera sur le fait que la sécurité sociale, pour reprendre le mode de pensée dominant, se fait par l'aval, autrement dit par une gestion des sorties, choix opéré par la CFDT quand elle occupait la présidence de la sécurité sociale et non pas par un équilibre de gestion entre satisfaction des besoins (extension de la prévention par exemple) et entrée des cotisations des individus et des entreprises.
    Je me permets de rappeler que la CSG et RDS furent imposées pour pallier au déficit et ont été introduites dans la branche famille (CAF) qui n'avait jamais été déficitaire, étrange non !
    Aujourd'hui, les principes de solidarité qui pévalèrent à la création de la sécurité sociale "universelle", puisque à sa création la volonté du législateur est qu'elle couvre 100% des besoins, des rempboursements et 100% de toutes les populations, ces principes sont battus en brèche et peuvent nous amener, sans vigilance, à ne penser que comme certains, aux commandes de l'état et leurs copains, voudraient que nous pensions.
    J'ai vu ici, beaucoup de liberté d'esprit, c'est la raison pour laquelle je me suis permis de porter mon avis.

  • @Christian: "J'ai vu ici, beaucoup de liberté d'esprit..." en effet, il nous en reste encore un peu; je ne suis qu'un intervenant comme vous. En tout cas merci pour vos précisions.
    Le système de solidarité est exemplaire, je suis d'accord à la base, mais nous savons qu'il est depuis longtemps parasité. Quant à la valeur (la vertu) du travail, j'en suis convaincu : le travail rend libre. Aujourd'hui les fainéants font "travailler" leur argent ! Notre sécurité sociale fera-t-elle le poids contre le Veau d'Or, le pouvoir des usuriers et les fameux lobbies ?

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