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"C'est à Washington que se décidera l'avenir de la France et du continent européen"

Editorial de Christian BOUCHET
Le Livre blanc sur la défense a été jugé par les membres du groupe Surcouf - une dizaine d'officiers généraux et supérieurs – dans une lettre ouverte publiée récemment par Le Figaro comme « déficient », « marqué par un certain amateurisme », « incohérent » « dicté par des groupes de pression » et … « servant des intérêts industriels précis ».

Ce n’est malheureusement pas tout. L’Europe compte uniquement trois véritables armées : celles de la Grande Bretagne, de la France et de la République fédérale. Mais cette dernière est bridée par son histoire, et la nature des relations du Royaume Uni avec les États-Unis est sans ambiguïté. Reste la France, seule nation européenne jusqu’à aujourd’hui à disposer d’une capacité d’intervention autonome, qui l’autorisait à mener une politique internationale propre. Le déploiement des forces françaises sur de nombreux théâtres d’affrontement nous permettait d’affirmer nos choix politiques internationaux et de préserver au mieux nos intérêts, il permettait aussi d’envisager une politique étrangère européenne indépendante.

Or les réductions d’effectifs décidées par Nicolas Sarközy interviennent au plus mauvais moment de notre histoire récente : L’époque est dangereuse, nous le savons tous, or, alors que les crises se multiplient et se superposent sans se résoudre, la France diminue son effort de défense au moment même où chacun l’augmente (les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45 % en dix ans).

Comme l’a déclaré dans un communiqué Jean-Marie Le Pen : « Le Livre Blanc sur la Défense programme la destruction de pans entiers de notre défense nationale. Un Etat sans défense nationale n’est pas un Etat qui se respecte. Nicolas Sarkozy détruit encore un peu plus le respect que notre patrie savait inspirer dans le monde. »

De surcroît, ce faisant, Nicolas Sarközy joue contre l’Europe puissance. Alors qu’il prétend faire de la politique européenne de sécurité et de défense un dossier majeur du renforcement de la défense européenne sous présidence française, il baisse la garde au moment où il affirme entraîner nos partenaires vers un renforcement de la défense européenne, ainsi, comme le remarque le groupe Surcouf, « il abandonne aux Britanniques le leadership militaire européen. La France jouera désormais dans la division de l'Italie. » En clair, la réduction de nos forces en diminuant les capacités opérationnelles de la seule armée européenne réellement à même de peser de façon indépendante sur le cours des conflits s’inscrit dans une vision atlantiste des relations internationales. L’Europe dépourvue de capacité militaire autonome et indépendante n’aura bientôt plus d’autre solution que de se ranger derrière la bannière étoilée et son bras armé l’OTAN.

C’est le souhait d’une partie des élites européennes, pour lesquelles le lien transatlantique représente notre indépassable horizon, et qui proposent - comme Edouard Balladur - la création d’une « Union organique » avec les Etats-Unis.

Ne nous méprenons donc pas. Le véritable enjeu du Livre Blanc sur la défense n’est pas uniquement français, il est aussi européen, c’est celui de l’indépendance politique d’une nation et d’un continent. Pour Nicolas Sarközy le choix est fait : c’est à Washington que se décidera notre avenir.

Commentaires

  • Ca vous étonne ! Il y a bien des livres que l'on trouve même à télécharger sur le net et depuis.... plus de 10 ans qui vous le raconte.

    Un petit toutou bien obéissant nous avons.

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