Leurs 48 heures de garde à vue s'étaient achevées mardi en début d'après-midi. Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo, soupçonnés du meurtre de Valentin, 11 ans, le 28 juillet à Lagnieu, ont été aussitôt transférés, cachés sous des couvertures par les gendarmes, au palais de justice de Bourg-en-Bresse afin d'être présentés à un juge.
L'homme de 39 ans, dont l'ADN a été retrouvé sur le corps de l'enfant, s'est vu notifier sa mise en examen pour "homicide avec préméditation sur mineur de 15 ans avec actes de barbarie", a annoncé peu après 17 heures le procureur de Bourg-en-Bresse, Jean-Paul Gandolière, précisant qu'il encourait pour ce fait une "réclusion criminelle à perpétuité incompressible". Sa compagne est elle poursuivie pour "non empêchement de la commission d'un crime, soustraction de preuves et non-dénonciation", a ajouté le magistrat, avant de dénoncer un "acte d'une gravité extrême". "Quarante coups de couteau portés à un enfant plus dix coups de défense, c'est-à-dire 54 coups de couteau, c'est une véritable immolation d'un enfant", a déclaré Jean-Paul Gandolière. Ces mises en examen sont intervenues au moment même où se déroulaient les obsèques du jeune garçon en présence de centaines de personnes. Plus tard dans la soirée, Stéphane Moitoiret a été transféré vers le Service médico-psychologique régional (SMPR) de la maison d'arrêt de Saint-Paul à Lyon. Et Noëlla Hégo a été écrouée à la maison d'arrêt de Montluc à Lyon.
Sa compagne savait qu'il allait "commettre un acte irréparable"
Durant sa garde à vue, Stéphane Moitoiret, a tenu des propos très incohérents, sans jamais reconnaître les faits, a indiqué M. Gandolière. Il avait cependant "avoué les faits" à sa compagne avant leur arrestation, et c'est elle qui a parlé aux enquêteurs, a précisé le magistrat. Elle a indiqué que "depuis un mois, Stéphane Moitoiret était devenu irritable, plus intolérant, plus violent verbalement, et qu'elle n'arrivait plus à le maîtriser". Le soir des faits, il était "particulièrement énervé".
Après avoir trouvé refuge dans la salle paroissiale de Saint-Sorlin (Ain), à quelques kilomètres de Lagnieu, selon les déclarations de Noëlla Hégo, Stéphane "a décidé en milieu de soirée de 'faire un retour en arrière' selon son expression, c'est à dire 'faire un incident', ce qui signifie aller tuer quelqu'un", a rapporté M. Gandolière. Il est parti armé d'un couteau qu'il avait sur lui depuis un certain temps. "Noëlla Hégo a raconté que quand Stéphane Moitoiret part de cette façon, elle sait qu'il va commettre 'un acte irréparable'", a ajouté le procureur, ce qui laisse entendre qu'il était déjà passé à l'acte. Les enquêteurs procèdent "à un certain nombre de vérifications pour essayer de savoir si d'autres faits ont pu être commis, de cette gravité ou d'une gravité moindre," a déclaré M. Gandolière.
Le suspect "pleinement conscient" ?
Ce soir-là, Moitoiret est effectivement rentré "couvert de sang, en lui disant qu'il venait de tuer un petit garçon". "C'est en plein conscience qu'il s'est nettoyé, qu'il a lavé une partie de ses vêtements, qu'il s'est changé, et qu'il a placé toute sa tenue dans un sac de plastique", a souligné le magistrat. Le couple a quitté Saint-Sorlin le lendemain mardi matin, abandonnant dans la commune le sac contenant les vêtements ensanglantés, qui a été retrouvé sur les indications de Noëlla. Ils se sont débarrassés du couteau un peu plus loin. Celui-ci n'a pas encore été retrouvé, selon M. Gandolière.
Stéphane Moitoiret a lui déclaré qu'il se sentait "étranger à cette affaire", que "quelqu'un d'autre a commis le fait à sa place". Des expertises psychiatriques devraient être rapidement menées pour déterminer le degré de responsabilité de ce marginal et décider de la tenue ou non d'un procès.
Le suspect a-t-il commis des meurtres à l'étranger? |
Les enquêteurs qui travaillent sur l'assassinat de Valentin ont saisi Interpol afin de demander aux états frontaliers de la France de vérifier si le meurtrier présumé a pu commettre d'autres crimes. Les enquêteurs souhaitent "faire des recoupements au niveau national voire international" après l'arrestation du couple de marginaux, Stéphane Moitoiret, et Noëlla Hégo, 48 ans. Le bureau central national d'Interpol pour la France a donc transmis une demande, via l'institution policière internationale, notamment à la Belgique, l'Italie et la Suisse, afin que les forces de police de ces Etats fassent des comparaisons avec des affaires non résolues. Selon la soeur de Noëlla, Chantal Hégo, qui vit à Clary dans le Nord, les deux routards vont "de droite à gauche" ensemble depuis vingt ans dans toute la France, mais aussi en Italie. Le couple a été vu dans plusieurs départements de Rhône Alpes. Au niveau français, des investigations sont menées par le service technique de recherche judiciaire et de documentation (STRJD) de la gendarmerie, à Rosny-sous-Bois. Le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) va en outre être à nouveau interrogé afin d'établir si leur ADN a été relevé sur d'autres scènes de crime. |
LCI.fr - 5 août 2008
Commentaires
c'est là où on touche du doigt la vacuité du système "social " français entièrement voué à accéder aux demandes des ayant-droits étrangers en délaissant complètement son vrai travail : détecter les personnes en danger ou présentant un danger.
Il est vrai que lorsqu'une assistante sociale se risque à un signalement, pour les médias et la gauche cela devient une dénonciation digne des "heures les plus sombres de notre histoire".