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Un routard "terriblement dangereux" qu'on laissait libre d'aller et de venir...

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Obsèques de Valentin

L'énigme entourant le crime du petit Valentin, retrouvé massacré à l'arme blanche à Lagnieu (Ain) dans la nuit du 29 au 30 juillet dernier, est en partie levée. Lundi après-midi, le meurtrier présumé de 39 ans et sa possible complice, Noëlla Hego, 48 ans, ont vu leur garde à vue prolongée à la caserne Chateaubriand de Bourg-en-Bresse.

Le prélèvement biologique, ef­fectué sur le principal suspect dès l'interpellation du couple, dimanche par une patrouille sur la route de Dornas en Ardèche, a révélé qu'il correspond à l'empreinte génétique de type masculin relevée sur les vêtements ensanglantés du garçonnet de onze ans. «Une preuve scientifique irréfutable», a insisté le procureur de la République, Jean-Paul Gandolière, qui a décidé d'ouvrir mardi une information judiciaire pour «homicide volontaire sur mineur de moins de quinze ans accompagné d'actes de torture et de barbarie».

Des circonstances aggravantes soulignées par la garde des Sceaux, Rachida Dati, venue féliciter lundi les enquêteurs dans leur QG d'Ambérieu-en-Bugey, en compagnie de son homologue de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et du directeur général de la Gendarmerie nationale, Roland Gilles. Stéphane Moitoiret, dont la mise en examen est programmée cet après-midi au terme de son audition, encourt la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de trente ans. Sa compagne devrait être seulement poursuivie pour «non-dénonciation de crime».

Sans passer aux aveux, les suspects ont reconnu leur présence dans le secteur du drame au moment où le corps de Valentin a été retrouvé à 0 h 15 gisant à côté de son vélo, lardé de 44 coups de couteau et présentant 11 autres blessures de défense. Dans la sauvagerie du crime, l'auteur s'est d'ailleurs lui-même blessé avec son arme blanche. Or, Moitoiret a une main entaillée, ce qui expliquerait la présence de son sang sur la porte de la salle paroissiale de la commune voisine de Saint-Sorlin, où le couple a trouvé refuge la nuit du meurtre. Parmi les 400 procès-verbaux d'audition accumulés par les gendarmes, certains témoignages confirment la présence du routard à Lagnieu, juste avant les faits. Une silhouette d'homme prenant la fuite en bermuda, semblable à celui que porte Moitoiret, apparaît enfin sur la bande-vidéo d'une banque du centre-ville. La présence de sa compagne Noëlla Hego demeure, en revanche, fantomatique. Tenant des propos incohérents faisant douter de son équilibre mental, le couple ne cesse de déconcerter.

 

 

Jusqu'alors inconnus de la justice, en totale rupture de ban avec la société, ces routards sillonnent depuis des années chemins vicinaux et routes départementales de France en allant de paroisse en paroisse et de cure en cure. Curieux «pèlerins», ils affirment tour à tour être les héritiers d'une riche famille australienne susceptible d'envoyer des dons pour édifier presbytère ou oratoire en échange du gîte et du couvert dans les lieux de culte. Noëlla Hego se fait volontiers appeler «princesse divine» ou son «Éminence». Elle traîne un inséparable chat noir au bout d'une ficelle. En fidèle féal, Moitoiret se déclare comme «secrétaire de Sa Majesté». Ou encore «Roi d'Australie», selon son humeur. Devant les enquêteurs, il a évoqué une obscure «mission céleste» et soutient, en tant qu'«émissaire de l'Australie», régler de sombres conflits entre les peuples de l'Humanité.

Le couple mystique, uni il y a vingt ans, aurait une fille aujourd'hui majeure et un temps placée à la Ddass. Stéphane Moitoiret aurait tenté de devenir pâtissier avant de tailler la route avec sa «princesse divine», ex-comptable originaire de Cambrai, après la mort de son père, en 1986. Traumatisé par ce décès, ce que cherchent à déterminer les enquêteurs qui explorent son passé encore émaillé de zones d'ombre. «Le profil de ce marginal est intéressant au point que nous allons confronter les circonstances du crime de Lagnieu avec tous les homicides à blessures multiples commises à l'arme blanche, la nuit, sur la voie publique, et non élucidés depuis dix ans», confie le général David Galtier, patron de la police judiciaire de la gendarmerie.

Les fichiers Judex de la gendarmerie et le logiciel Salvac de croisement des dossiers criminels tournent à plein régime pour déterminer si Moitoiret pourrait être un nouveau tueur en série.

Le Figaro - 05 août 2008 

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