La France, qui préside l'Union européenne, a demandé samedi un "retrait rapide" des forces russes d'une route stratégique dans l'ouest de la Géorgie où la Russie a conservé des postes avancés.
Au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue Dmitri Medvedev, le président français Nicolas Sarközy a "insisté sur l'importance du retrait rapide des militaires russes présents sur l'axe Poti/Senaki", a annoncé la présidence française.
Quatre blindés et des soldats russes de maintien de la paix tenaient en particulier un pont à la sortie de Poti, sur la route menant à Senaki, et renforçaient leur position à l'aide d'une pelleteuse. Les forces russes se sont retirées en revanche de la base aérienne de Senaki.
Au même moment, Moscou annonçait que ses troupes allaient continuer à contrôler Poti, ville qui se trouve pourtant hors de la zone tampon dans laquelle, selon l'état-major russe, les soldats de la paix peuvent circuler pour assurer la protection des républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.
"Les forces de maintien de la paix russes contrôleront la situation dans la ville de Poti et dans d'autres points de peuplement sous la forme de patrouilles", a déclaré le général Anatoli Nogovitsyne, chef d'état-major adjoint de l'armée russe.
"Toutes les activités du contingent de maintien de la paix russe reposent sur les six principes qui ont été approuvés par les présidents de Russie et de France", a-t-il assuré.
D'après le palais de l'Elysée, au cours de leur entretien samedi, les deux chefs d'Etat ont "évoqué en détail le point 5 de l'accord, relatif aux mesures additionnelles de sécurité. Ils se sont notamment accordés sur l'urgence de la mise en place d'un mécanisme international sous l'égide de l'OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour remplacer les patrouilles russes dans la zone de sécurité au sud de l'Ossétie".
Pourtant le Kremlin a affirmé que l'entretien des deux présidents "ne portait pas sur le remplacement des soldats de maintien de la paix russes par les forces de l'OSCE dans la zone de sécurité".
Néanmoins, "M. Medvedev a confirmé que la Russie était prête à coopérer avec l'OSCE dans cette zone", a déclaré à l'AFP un porte-parole du Kremlin. AFP. 23 août 2008
Le gouvernement allemand a haussé le ton samedi face à la Russie, la pressant d'achever "sans délai" le "retrait complet" de ses troupes de Géorgie.
L'Otan a aussi exigé samedi un repli des forces russes sur leurs positions "d'avant la crise".
"Il y a des exigences très spécifiques pour le retrait russe. Installer des infrastructures et des points de contrôle permanents n'est pas conforme à l'accord", a déclaré de son côté un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe.
Moscou affirme pour sa part avoir achevé vendredi soir le retrait de ses forces régulières de Géorgie (hors Abkhazie et Ossétie du Sud), mais estime que l'accord de cessez-le-feu lui donne le droit de maintenir assez loin en territoire géorgien des soldats de la paix.
L'accord prévoit que, "dans l'attente d'un mécanisme international", les forces de paix russes mettent en oeuvre des "mesures additionnelles de sécurité", mais il ne prévoit pas clairement les limites de leur zone de sécurité.
Face à la violence de la réaction russe à l'offensive militaire géorgienne contre l'Ossétie du Sud, le monde occidental continue à s'interroger et à émettre des critiques.
Le secrétaire américain au Commerce, Carlos Gutierrez, est allé jusqu'à menacer la Russie d'exclusion du G8 et de suspension de sa candidature à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
La situation risque de devenir tendue aussi en mer Noire, où les pays de l'Otan ont envoyé des navires pour des exercices militaires de "routine" et où un bâtiment de la marine américaine faisait route vers la Géorgie pour apporter de l'aide humanitaire.
"Je ne pense pas que cela va contribuer à stabiliser la situation dans la région", a déclaré M. Nogovitsyne.
A l'ONU, Occidentaux et Russes n'ont pas trouvé de terrain d'entente pour adopter une résolution sur le conflit en Géorgie, les alliés de Tbilissi souhaitant qu'y soit clairement réaffirmé le principe de l'intégrité territoriale géorgienne.
L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont appelé Moscou à reconnaître leur indépendance et le Parlement russe doit examiner ces demandes lundi.
Commentaires
Provoquer la Russie ne mènera à rien de bon.
Les Américains qui se plantent diplomatiquement à chaque grande crise n'en retirent aucune leçon.
Bon si toute la menace se réduit à exclure la Russie de G8 et de la refuser à l’OMC, ce serait plutôt une bonne nouvelle pour les Russes et une mauvaise pour les mondialistes.