MOSCOU, 26 août - RIA Novosti. Le président russe Dmitri Medvedev a annoncé mardi, lors d'une allocution télévisée, que la Russie reconnaissait l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud par rapport à la Géorgie.
"Compte tenu de la volonté librement exprimée par les peuples ossète et abkhaze, vu les dispositions de la Charte des Nations Unies, la Déclaration de 1970 relative aux principes du droit international, l'Acte final d'Helsinki de 1975 et les autres textes internationaux d'importance fondamentale, j'ai signé des décrets portant sur la reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie par la Fédération de Russie", a-t-il déclaré.
Selon M. Medvedev, la Russie appelle les autres Etats à suivre son exemple. "C'est un choix difficile, mais c'est l'unique possibilité de préserver les vies humaines" dans la région, a-t-il argumenté.
L'armée géorgienne est intervenue le 8 août dernier en Ossétie du Sud et pilonné Tskhinvali, la capitale, tuant 2.100 personnes selon les autorités sud-ossètes. La majorité des habitants possèdent la nationalité russe.
Le pilonnage nocturne de Tskhinvali "a coûté la vie à des centaines de nos citoyens", a affirmé M. Medvedev, évoquant la mort de soldats russes qui "ont rempli jusqu'au bout leur devoir de protection des femmes, des enfants et des vieillards".
"En violation de la Charte des Nations Unies et de ses engagements internationaux, allant à l'encontre du bon sens, l'administration géorgienne a déclenché un conflit armé qui a fait des victimes parmi la population civile", a-t-il constaté.
"L'Abkhazie aurait dû connaître le même sort. Il est évident que Tbilissi comptait sur un blitzkrieg qui mettrait la communauté internationale devant un fait accompli", a souligné le président russe.
Selon M. Medvedev, Tbilissi a choisi "le moyen le plus inhumain de parvenir à son objectif, rattacher l'Ossétie du Sud à la Géorgie, en choisissant l'extermination d'un peuple entier".
Le chef du Kremlin a rappelé que Tbilissi n'en était pas à sa première tentative de régler le conflit osséto-géorgien par la force.
"En 1991, sous le mot d'ordre "La Géorgie aux Géorgiens", le président géorgien (Zviad) Gamsakhourdia a ordonné un assaut contre Soukhoum et Tskhinvali. Des milliers de morts, des dizaines de milliers de réfugiés, des villages dévastés, tel en fut le résultat", a souligné M. Medvedev, reprenant les appellations locales des capitales abkhaze et sud-ossète.
"Dans la nuit du 7 au 8 août 2008, Tbilissi a fait son choix. (Le président géorgien Mikhaïl) Saakachvili a opté pour le génocide pour accomplir ses objectifs politiques. Il a ainsi supprimé d'un trait tous les espoirs de coexistence pacifique des Ossètes, des Abkhazes et des Géorgiens au sein d'un Etat", a-t-il relevé.
"Les peuples d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont voté à maintes reprises en faveur de l'indépendance de leurs républiques. Nous comprenons qu'après ce qui s'est passé à Tskhinval et vu ce qui attendait l'Abkhazie, ils ont le droit de décider eux-mêmes de leur sort", a insisté M. Medvedev.
Les présidents abkhaze et sud-ossète, se fondant sur les résultats des référendums et les décisions des parlements respectifs, ont demandé à la Russie de reconnaître la souveraineté de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Leur appel a été approuvé par le Conseil de la Fédération et la Douma, les deux chambres du parlement russe.
Commentaires
Bravo à Medvedev qui ne s’est pas laissé faire et souhaitons bonne chance aux deux petits nouveaux venus : l’Ossétie du sud et l’Abkhazie.
Ou les arroseurs arrosés. Les Russes n'ont pas oublié le Kossovo et jouent à fronts renversés, prenant les occidentaux de vitesse en les empêchant d'exercer la politique du fait accompli. Je n'aurais jamais pensé il y a quelques années encore que j'approuverais chaudement la Russie et me mettrais à considérer les Etats-Unis comme un tyran mondial. L'histoire a de ces ironies -ou les observateurs comme moi de ces naïvetés.
«L'histoire a de ces ironies» : oui, cher voyageur, je me faisais exactement la même réflexion, constatant ce renversement de mes sentiments envers l’Amérique et la Russie, en quelques années.