D'après le récit officiel, relaté mardi 26 août par le ministre de la défense, Hervé Morin, devant les commissions défense et affaires étrangères de l'Assemblée, le groupe de tête a été attaqué à 15 h 45. "Les insurgés, selon nos informations une petite centaine, attaquent simultanément l'arrière de la section, et la section de l'armée nationale afghane qui la suit. Les combats sont extrêmement durs et la section de tête alerte la base" de Tora "à 15 h 52". "Cette violence a amené à ce que nous perdions un certain nombre de nos hommes dans les premières minutes des combats", avait expliqué la semaine dernière M. Morin. A aucun moment le ministre n'a fait état d'une possible capture de soldats.
TRAHIS PAR L'INTERPRÈTE
Le Canard enchaîné laisse également entendre que les insurgés avaient été avertis de la venue des troupes françaises, peut-être par leur interprète. "Quelques heures avant le départ en opération, le 18 août, l'interprète qui devait accompagner cette petite troupe avait disparu", écrit l'hebdomadaire. "Le simple bon sens aurait dû conduire ses chefs à craindre qu'il n'ait alerté les insurgés de l'arrivée de cette 'patrouille'", souligne le rédacteur en chef du journal, Claude Angeli, au lendemain des auditions des ministres de la défense et des affaires étrangères par l'Assemblée nationale. "A Paris, on admet que les insurgés avaient été avertis, soit par l'interprète disparu, soit par des policiers ou par des soldats afghans", ajoute Le Canard.
Le journal relève d'autres exemples d'"impréparation" : les hélicoptères français qui auraient pu mener une opération de reconnaissance étaient indisponibles, car affectés à la protection du président Karzaï. Le soutien aérien américain, appelé à la rescousse, n'a pu intervenir avec efficacité, poursuit l'hebdomadaire, car les combattants étaient trop proches les uns des autres.
Le ministère de la défense a démenti en tous points la version de l'hebdomadaire satirique. "Non seulement l'interprète n'a pas trahi, mais il était avec les soldats au col et il a été tué dans l'action", a déclaré à l'agence Reuters le général Christian Baptiste, porte-parole adjoint du ministère de la défense. De plus, au terme d'une "enquête très détaillée menée par le chef d'état-major des armées en personne", il ressort que tous les militaires français tués "sont tombés en combattants dans une phase de combat", a-t-il assuré.
LE MONDE - 27 août 2008
Qui ment et pourquoi?
Commentaires
Comme d'habitude, assurément, l'état nous prend pour des adultes responsables compétents pour voter et nous dit l'entière vérité.
Un beau pays où les nuages radio-actifs s'arrêtent aux frontières, la France.
Sans rire, nos dirigeants pensent-ils sérieusement que nous croyons les communiqués "officiels". Menteur comme un Bulletin des Armées disaient déjà les soldats et les civils de l'époque napoléonienne. On n'avait pas internet, mais on avait encore un solide bon sens à cette époque.
Chère Gaëlle, très instructive cette « information » du canard et de l’immonde !
1. On la connaissait depuis une semaine, comme le laissait entendre le commentaire de Paul-Emic à votre note du 20 août dernier :
http://gaelle.hautetfort.com/archive/2008/08/20/cette-sale-guerre-qui-n-est-pas-la-notre.html#comments
Cela prouve que les médiats ont cherché à la cacher ; puis comme elle faisait le tour de la planète grâce à internet, ils ont chargé le canard de la laisser filtrer, et l’immonde fait semblant de la reprendre.
2. L’armée française est incapable de faire face à ce type de guerre : impréparation, insuffisance du matériel et du commandement, méconnaissance de la guérilla. Ce n’est pas en Indochine ou en Algérie qu’elle aurait commis une telle bévue ! (A propos on attend toujours que notre président fasse son travail de président et célèbre les hauts faits de l’Armées française en Indochine et en Algérie, au lieu de cracher régulièrement sur la France et les Français). Et l’OTAN se moque bien des Français dont ils sont le dernier de leurs soucis.
3.Le chef d’état-major et le ministre ont bel et bien menti ; mais on s’en doutait.
pour compléter le commentaire d'abad, j'ajouterai et absence totale de buts de guerre, une guerre contre un ennemi invisible et insaisissable est par définition une guerre éternelle comme dans 1984 d'Orwell.
La guerre contre le terrorisme, c'est une expression bateau en fait cette soi-disant guerre contre le terrorisme, c'est juste un moyen de justifier l'impérialisme américain.
Les interventions françaises dans différents pays d'Afrique sont justifiés par un mandat de l'ONU mais le plus souvent par des accords bilatéraux pour défendre finalement nos intérêts.
Quels liens nous lient à l'Afghanistan ? rien ne nous obligeait à participer militairement à la FIAS sinon la volonté de se faire pardonner notre attitude lors de la guerre d'Iraq, la volonté de rentrer dans le giron américain.
comme l'écrit Zbigniew Brzezinski :
"A bien des égards, la suprématie globale de l'Amérique rappelle celle qu'ont pu exercer jadis d'autres empires, même si ceux-ci avaient une dimension plus régionale. Ils fondaient leur pouvoir sur toute une hiérarchie de vassaux, de tributaires, de protectorats, et de colonies, tous les autres n'étant que des barbares. Pour anachronique qu'elle puisse paraître, cette terminologie peut s'appliquer à certains Etats situés dans l'orbite américaine."
J'aime bien cette phrase, elle dit tout.
Pour le désert et l'ennemi invisible, insaisissable, la guerre éternelle, on peut penser aussi au "Désert des Tartares", de Dino Buzzati...
Mais avec Sarközy, point de métaphysique! Ni de littéraure! Harlequin, à la rigueur...
littérature!
Cher abad, j'avais bien lu le commentaire de Paul-Emic, mais j'attendais de voir l'information (atroce) dans la presse. Je me méfie des rumeurs de guerre. Mais celle-ci semble malheureusement exacte. Donc Hervé Morin a menti.
Vous me direz: la presse elle aussi répand des rumeurs orientées.
"4 des soldats auraient été égorgés selon le témoignage de la soeur d'un des rescapés" (commentaire de Paul-Emic que je remercie)
Hevé Morin est forcément au courant!
Une guerre n'est jamais préparée sauf par ceux qui la veulent, en l'occurence les USA et les talibans et leurs alliés respectifs.
La France, et c'est une longue tradition d'état-major, a une longueur de retard, une guerre de retard dirais-je.
Notre présence là-bas et la mort de nos soldats n'est rien d'autre qu'un triste alignement sur des intérêts qui ne sont pas les notres.
Toutefois, que nos jeunes gars aient été égorgés ou fusillés, il n'en demeure pas moins vrai que l'encadrement les a envoyés au casse-pipe.
Le mensonge du ministre est totalement dans cette logique du masque et de l'incompétence.
Les politiques sont sur des logiques d'acteurs et de pouvoirs.
Les militaires du terrain sont sur des logiques de violences et de morts. Si tu ne tues pas, t'es tué. C'est la guerre, celle vécue par nos soldats.
La vraie question, c'est comment sortir de ce bourbier, en détruisant les filières de la drogue, donc celles de l'argent.
Et surtout, éviter ces morts affreuses et inutiles. Ils ne méritaient pas ça.
très bon commentaire de Christian. On pourrait ajouter, les principaux acteurs veulent-ils vraiment la fin de cette guerre?
Il est tout de même stupéfiant (c'est le mot juste je crois) que l'Etat pakistanais soit officiellement dans le camp des USA quand tout le monde sait, et les USA l'ont dénoncé récemment (mais nos journalistes semblent peu lire la presse US) que les services secrets pakistanais, soutiennent forment et renseignent les Talibans.
"American intelligence agencies have concluded that members of Pakistan’s powerful spy service helped plan the deadly July 7 bombing of India’s embassy in Kabul, Afghanistan, according to United States government officials.
The conclusion was based on intercepted communications between Pakistani intelligence officers and militants who carried out the attack, the officials said, providing the clearest evidence to date that Pakistani intelligence officers are actively undermining American efforts to combat militants in the region. " (NY Times du 01 auout)