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Sortez vos mouchoirs!

Ingrid un été de liberté.jpg
Après son arrivée dans l'archipel, Ingrid Betancourt a été reçue par le président des Seychelles, James Alix Michel (au centre), en présencede l'ambassadeur de France (à droite). Au second plan : ses enfants, Mélanie et Lorenzo, avec l'épouse du chef d'État.
"PLUS SEYCHELLES LA VIE"!

C'est, toujours, la première chose que l'on se jure de faire sitôt rentré. Ce dont on rêve les yeux fermés faute de pouvoir l'imaginer, vraiment, les yeux ouverts. Retrouver leur visage, forcément changé, glisser instinctivement sa main juste derrière leur nuque. Les embrasser, les respirer, savoir qu'ils sont encore, enfin, et de nouveau, un peu à soi. Leur parler et les faire se raconter, même sans très bien savoir par où commencer. «Je vais être comme un chewing-gum pour mes enfants dans les prochains jours, collée à eux. Ils pourront m'enlacer, me mastiquer à volonté», avait confessé Ingrid Betancourt en foulant le tarmac de l'aéroport militaire de Catam, à Bogota, le 3 juillet dernier. L'ex-otage des Farc aurait-elle, dès lors, pu donner à son été de femme libre, le premier depuis six ans et quatre mois, un autre goût que celui d'une promesse tenue ? «Non», répond en chœur son entourage. «C'était un vrai besoin, intense et intime», «quelque chose de fondamental pour elle», insistent ses proches. «Son premier et immense bonheur était de pouvoir passer du temps avec ses enfants», conclut Fabrice Delloye, ex-époux de la Franco-Colombienne, père de Mélanie et Lorenzo.

Eux, les fils et fille en manque de mère, n'ont pas imaginé la quitter davantage que l'espace d'une douche chaude. Lorsque, le vendredi 4 juillet, Ingrid Betancourt et les siens poussent les portes de l'hôtel Raphaël, le personnel du palace parisien se fait tout petit. Ingrid qui n'aspirait qu'à un lit, un lit tout bête avec des draps, sans feuilles mortes ni insectes rampants, se voit confier les clés d'«une suite, avec toute sa famille installée autour». L'adresse n'a pas été choisie au hasard par les autorités françaises, en quête pour leur invitée à bout de souffle d'«un endroit le plus intimiste possible». Dans le hall qu'elle traverse chaque jour, sans chercher à se cacher, on remarque «sa sensibilité», «sa grande humanité». L'icône respire l'apaisement mais tout lui donne le vertige, jusqu'à ce luxe soudain inouï de pouvoir décider, le matin, de l'heure de son petit déjeuner. «Les plaisirs que redécouvre Ingrid vont des plus petites aux plus grandes choses, raconte son amie Anne-Colombe de la Taille. Il n'y a de place que pour les moments de vraie vie.» Ceux partagés au Fouquet's, du 7 au 17 juillet, prennent parfois corps à travers un odorant morceau de fromage au lait cru, péché mignon le plus susceptible d'arracher un sourire gourmand à l'ancienne captive.

 

«Des moments merveilleux»

 

Pourtant, lorsqu'elle déjeune au restaurant, l'idée ne vient à personne de vérifier son appétit d'oiseau ou sa faim de loup. Quand elle prie à Saint-Sulpice avec ses enfants, se recueille à Lourdes avec Yolanda, sa «Mamita Linda», nul ne cherche à mesurer sa foi, que l'on sait ardente. Dans les salons du Meurice et d'ailleurs, les interviews et les rencontres informelles, elles, se succèdent. Ingrid a du temps. Pour tout et pour tout le monde. Vite, chacun en profite. Elle, n'en abuse jamais. Au milieu des journalistes, la popstar Shakira se faufile en compatriote, verse quelques larmes de joie. Son éditeur, Bernard Fixot, la serre dans ses bras à plusieurs reprises. Les membres de son comité de soutien, qui l'ont apprise par cœur mais qu'elle ne connaît guère, préfèrent «la retrouver au calme». Ingrid Betancourt repart avec un book de photos, compilation de clichés pris sur le vif lors des manifs, genèse exhaustive de leur combat pour sa liberté.

Puis, enfin, elle ouvre sa parenthèse. Pour ses enfants comme pour elle, le «chewing-gum» devient bulle. Le 21 juillet, Ingrid Betancourt, Mélanie et Lorenzo s'envolent pour les Seychelles. Dans ses valises, une garde-robe complète offerte en toute discrétion par une créatrice française de prêt-à-porter. Un vanity de crèmes onctueuses, aussi, cadeau d'un fabricant de cosmétiques haut de gamme. La marque a hésité, se demandant si ce «geste de femme à femme» n'était pas «un peu futile». Le petit mot de remerciement envoyé peu après par l'intéressée s'est voulu rassurant. «Dans la jungle, je pensais souvent à mes enfants en me disant qu'ils allaient retrouver une vieille maman, a écrit Ingrid Betancourt. Grâce à vous, je vais pouvoir me faire belle pour eux !»

Surtout, le voyage sur l'archipel de l'océan Indien se veut symbolique. Ingrid Betancourt y a vécu trois ans, de 1985 à 1988, à l'époque où Fabrice Delloye occupait le poste de conseiller économique au sein de l'ambassade de France à Mahé. Derrière les murs de l'hôpital de Victoria, elle a donné naissance à sa fille. Puis nourri de son lait maternel l'enfant d'une femme qui n'en avait presque pas. Un enfant du pays, un fils de ministre : celui de Jacques Hodoul, ex-leader de l'opposition locale. De quoi faire d'Ingrid une citoyenne seychelloise à part entière, sur décret présidentiel. Cet été, avant son arrivée sur l'île, une photo d'elle est parue dans le quotidien Nation. On l'aperçoit, à peine trentenaire, accroupie dans les escaliers de la petite École française, un caméscope à la main. C'est le Noël des écoliers et Ingrid ne veut pas en manquer une miette. «Là-bas, nous avons passé des moments absolument merveilleux, confie Fabrice Delloye. Je comprends qu'elle ait choisi les Seychelles, un pays qu'elle aime infiniment, pour appréhender de nouveau les espaces, la vie pleine et entière.»

Invitée du gouvernement, elle séjourne quinze jours durant avec ses enfants dans l'une des trente villas du luxueux Hôtel Maia, implanté sur une péninsule privée de Mahé. Sa «très grande simplicité» ne fait pas d'elle une VIP ; et ce jusque sur les coussins du spa, où les massages sont pour elle aussi bons que le simple plaisir de s'enrouler dans un drap de bain immaculé. Pour mieux reconnaître ses enfants, elle ferme les écoutilles. «Elle a éteint son téléphone portable. Même l'Élysée n'arrivait pas à la joindre», s'amuse un proche. Seul l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, son professeur à Sciences Po, la rencontre le temps d'une escale vers le Kenya. Car le repli se veut total, presque animal, mu par une envie de tenir contre soi l'essentiel. De Mélanie et Lorenzo, elle veut plus encore que leur voix, celle que RFI lui envoyait sur les ondes trois fois par semaine. Elle veut pouvoir mémoriser le visage de son «Lolli» autrement que par le biais d'une publicité qu'elle avait découpée dans un journal, il y a longtemps, en s'imaginant que son fils pouvait désormais bien ressembler au mannequin.

Avec eux, elle file escalader la montagne Trois Frères. Du sommet, on voit Victoria et le port, Praslin et la Digue. «Je me pince parfois pour me demander si je ne rêve pas», confie-t-elle le 23 juillet, reçue à State House par le président James Michel. Elle peut tout, à présent. Prendre soin d'elle, s'étonner encore et encore du confort d'un matelas, mettre une paire de boucles d'oreille, marcher sans chapeau, sur le sable, pieds nus de préférence, mais pas parce qu'on lui a confisqué ses croquenots.

Le 17 août, le premier fils de Fabrice Delloye, Sébastien, les rejoint. C'est un peu le sien aussi. Ensemble, ils prolongent les retrouvailles à 80 kilomètres de là, sur l'île Desroches. Une maison, construite au cœur d'un resort 5 étoiles, leur a été prêtée. Quinze jours de plus s'écoulent. Ingrid Betancourt n'attendait rien d'au­tre que cet heureux huis clos. «Ce sont mes tout-petits, ma fierté, ma raison de vivre, ma lumière, ma lune, mes étoiles», dit-elle.

 

"Agir avec Ingrid"

 

Depuis, Mélanie est retournée à New York, pour suivre ses études de cinéma. Sébastien a regagné la Belgique et sa boîte de production. Lorenzo est à Paris, avec sa mère mais plus à l'hôtel. Mercredi dernier, Ingrid Betancourt était reçue à l'Élysée par Nicolas Sarkozy. Sans doute lui a-t-elle parlé de ses différents projets de livre et de cette pièce de théâtre qu'elle aimerait écrire. Une histoire à raconter sur les planches, pour dire «ce qu'elle a vécu sans le revivre elle-même». Lundi au plus tard, elle quittera la France pour l'Italie et Castelgandolfo, où elle sera reçue par le pape Benoît XVI. Dans la foulée, elle rejoindra sa fille à Manhattan, ignorant encore tout de sa future adresse. Probablement n'y en aura-t-il pas qu'une seule.

D'ici là, des dizaines d'autres colis auront afflué dans les bureaux parisiens du comité de soutien rebaptisé Agir avec Ingrid. Pour l'ex-otage, des centaines d'anonymes ont déjà envoyé «un nombre incalculable de bibles, d'images et de médailles pieuses». Sans oublier ces dessins d'enfants, confiés par sacs postaux entiers à Ingrid Betancourt. Tous, ou presque, représentent la même scène : une famille se tenant par la main, avec un prénom et une flèche pour chaque personnage. Et plein de soleil autour.

Le Figaro - 30.08.08

Commentaires

  • Sonnez hautbois, résonnez musette !

  • Quand elle va rencontrer le pape,elle lui dira:"Le Paradis existe,j'en reviens ."
    La photo du Figaro est sublime,toute nimbée de blancheur virginale .Et le texte est bou-le-ver-sant .Que d'amour,que d'amour dans cette famille .Au fait,pourquoi,le nouvel ambassadeur est-il "ex"? Quand on a ,comme ça,un "charisme" d'Amour,comment peut-on bêtement et vulgairement divorcer?

  • Vous êtes du genre à gâcher des fêtes de famille en faisant de l'humour ou en relevant à haute voix des détails que personne n'aurait eu envie qu'on relève, vous deux.
    Couvrez cet esprit critique que les bobos et leurs ouailles ne sauraient voir, m'enfin...

  • Indécente Bétancourt...

  • Je n'ai jamais lu un article aussi servile, aussi immoral (publicité pour le Fouquet's, étalage de luxe de cette gauchiste, alors que des milliers de malheureux ont été torturés et assassinés par les FARCS, d'autres le sont encore, que beaucoup de français luttent pour subvenir aux besoins de leur famille).
    Ce article est digne de la propagande soviétique.
    Même le Pape semble être à ses ordres; tout cela n'est pas très catholique.
    Quelqu'un a t-il une idée de ce qui se cache derrière cette histoire ?

  • @catherine. Beaucoup de pourriture!

    Article du Figaro, tel quel, qui m'a hallucinée! je le lisais et je me disais: mais comment peut-on écrire ça? C'est scandaleux... Je suis totalement de votre avis. Il faut le lire pour le croire.

    Elle n'a pas aucune vergogne! Aucune pudeur! A se demander si elle a été vraiment 6 ans dans la jungle dans les conditions décrites.

  • à Gaelle,

    sur le site du Figaro, beaucoup de protestations sur cet article ignoble; des internautes conseillent d'aller sur le site de jacques THOMET. Je ne connais pas ce dernier mais peut-être trouverais-je un début de réponse à mes interrogations;
    Je fais mes débuts sur internet relativement à l'envoi de messages; pendant deux jours j'ai adressé au FIGARO des messages bien sentis contre la taxe RSA et SARKOSY. Aucune censure; j'adresse un message me moquant de l'article et surtout m'indignant de l'immoralité de la fille BETANCOURT qui vit aux états-unis alors qu'elle crache sans cesse sur ce pays (comme vous le savez elle mettait en cause URIBE et les USA, faisant montre d'une complaisance incroyable envers les assassins marxistes); et bien là? CENSURE. j'ai réitéré l'envoi du même message pour être certaine; il s'agissait bien de censure.
    J'irais plus loin que vous: avait-elle vraiment le statut de détenue au milieu des FARCS, que sarkosy se propose d'accueillir en FRANCE ( il a bien fait libérer une terroriste et assassin de gauche PETRELLA, par l'intermédiaire du Parquet dont il est de fait le chef.
    La surrenchère de foi catholique dont elle fait montre est aussi très suspecte.
    ce qui me fait le plus mal : le Pape la reçoit, alors que sa clique de bobos et elle -même se moquent totalement des malheureux toujours entre les mains des FARCS
    Je crains l'annonce imminente d'une promotion mirobolante, aux frais du contribuable français. SARKOSY n'est pas à celà près, blindé par un culot fascinant.

  • @Catherine : "...blindé par un culot fascinant."
    Ce culot se nomme "Outzpah" !
    Le système a besoin d'idoles qu'il utilise afin de concentrer l'attention des téléphiles lobotomisés et autres mous du bulbe. "Ah Ingrid est revenue !" vont penser certains; d'autres vont envoyer un colis à "Agir avec Ingrid". Dans ce cas précis l'aura du nain métisseur plane sur l'idole. Penser Ingrid c'est penser Sarkopif ! Très "pipole" tout çà.
    Ainsi font, font, font...

  • Intéressant,le test effectué par Catherine ...
    Outre le pape,on apprend qu'elle rencontrera le chef de l'Etat,Georgio Napolitano,le chef de la diplomatie italienne,le président de la chambre des députés,Gianfranco Fini.Elle sera faite aussi,citoyenne d'honneur de Florence.Quel beau pélerinage ...

  • 1° à P. Marechal
    Je ne connais pas le sens du mot OUTZPAH, mais je vais de ce pas effectuer des recherches.

    2° à Tania
    Je viens également d'apprendre la nouvelle concernant les nouveaux obligés de cette garce (je suis hors de moi);
    plus les nouvelles taxes que vient d'annoncer BORLOO

  • L’exemple type du journal à lire d’un derrière distrait…..
    « Je vais être comme un chewing-gum » : elle ne peut pas mieux dire, on la crachera très vite ! D’ailleurs j’ai bien l’impression qu’avec Villepin ce fut très rapide, aussi rapide que les lapins !

    On se rend compte qu’elle n’a pas été véritablement otage des FARC, mais plus ou moins complice. Depuis qu’elle a été « libérée », tout le monde se moque bien des vrais otages, n’est-ce pas ?

  • Chère tania, aujourd'hui 2 septembre, c'est la ste Ingrid!

  • Chère Gaëlle,oui mais non ! La "vraie",qui n'est que "bienheureuse",(petite-fille du roi de Suède, Knut,),devenue veuve,alla bien voir le pape,elle aussi mais,pour obtenir l'autorisation de fonder un couvent de religieuses CLOÎTREES,et son frère,Jean Elovson,chevalier teutonique,l'aida de SON argent et le couvent fut inauguré à Skänninge (Suède) en 1281.
    Sinon, mais ça n'a rien à voir,aujourd'hui, on fait mémoire des "191 Bienheureux martyrs de Septembre (1792)...

  • Moi je vais demander à être prisonnière des Farcs. J'ai besoin d'une cure de jouvence et je veux avoir tout comme elle. Je ne sois jamais allée au Fouquet's. Je suis curieuse je veux voir. et puis c'est le paradis assuré après les farcs mais pendant ce ne devait pas être mal non plus. Je sais que beaucoup de personnes ne croit pas du tout à son soi-disant êtat de maladie. Et pourtant ce sont des personnes qui avalent presque tout à la télévision.

  • Très bonne idée, Mélanie : il faudrait qu’elle nous explique ce qu’il faut faire pour être pris en otage par les FARC. Après on dispose quotidiennement d’un avion affrété par Nico, on passe ses vacances aux Seychelles, on est reçu par la Pape, etc… le comité de soutien s’occupe de tout. La belle vie quoi !

  • à P. Marechal

    pris connaissance de la signification du mot "outzpah", d'accord avec vous, j'ai eu l'occasion de le vérifier et même de le subir à maintes reprises,mais la pleutrerie de ceux qui ne l'ont pas est aussi méprisable.

    je pense, au vu des évènenements croquignolesques qui surviennent chaque jour, que nous n'avons pas finir de rire mais aussi d'espérer.

    Salutations

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