Les marchés boursiers du monde entier essuyent de fortes pertes depuis lundi, après l'annonce de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers. Avec Merrill Lynch avalé par Bank of America et la Réserve fédérale à la rescousse du secteur bancaire, la finance américaine est plus que jamais engluée dans la crise.
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Le placement de Lehman Brothers sous la protection de la loi sur les faillites (Chapitre 11), officialisé lundi, a donc fait plonger les places financières mondiales. Le total de ses dettes s'élevait à 613 milliards de dollars au 31 mai.
La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre (BoE) ont toutefois tenter de calmer les marchés en apportant des liquidités, (respectivement 30 milliards d'euros et 5 milliards de livres). A New York, Wall Street qui piquait encore du nez en matinée, semble tout de même limiter les dégâts.
«C'est un choc», a déclaré la ministre française de l'Economie Christine Lagarde. C'est «un événement qui se produit une fois tous les cinquante ans, probablement une fois par siècle», a renchéri Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine, Barack Obama, parle lui de crise «la plus grave depuis la Grande dépression».
Pour Elie Cohen, professeur d'économie à Sciences Po Paris et directeur de recherche au CNRS, «on est en plein saut dans l'inconnu car c'est la première fois qu'on voit une banque majeure faire défaut».
On est «dans un scénario catastrophe au ralenti depuis plus d'un an», vu la quasi paralysie du marché interbancaire, constate Michel Aglietta, professeur d'économie à l'Université de Nanterre. «Si on laisse dans le désordre se dénouer une faillite» comme celle de Lehman, «l'ensemble du système financier entrera dans le chaos», prévient-il. Les risques d'effondrement du système financier mondial «existaient déjà après le sauvetage de la banque Bear Stearns», explique-t-il.
Dix grandes banques américaines et internationales ont par ailleurs pris l'initiative de mettre en place un fonds de 70 milliards de dollars, dans lequel elles pourront puiser si elles se retrouvent à court de liquidités.
Le Prix Nobel d'Economie Joseph Stiglitz juge quant à lui que si la Fed et le Trésor américain ont décidé de ne pas financer sur les deniers publics un sauvetage de Lehman Brothers, c'est qu'il n'y a pas de «risque systémique à court terme».
Laurent Quignon, économiste de BNP-Paribas, estime lui aussi que le risque d'effondrement du système financier «est assez modéré».
«On peut difficilement imaginer que les autorités américaines laissent se multiplier les faillites», dit-il, présageant que si les discussions avec le secteur privé n'aboutissent pas pour recapitaliser Lehman, une nationalisation sera envisagée.
«On a déjà eu des crises bancaires colossales au Japon, en Suède ou en Norvège, et la solution a été la nationalisation», rappelle-t-il.
Joseph Stiglitz s'attend toutefois dans les prochaines semaines à une détérioration des marchés boursiers et immobiliers. «Nous disposons aujourd'hui d'outils en matière de politique fiscale et monétaire pour éviter une autre Grande Dépression», et l'on peut donc attendre un «fort ralentissement» à l'échelle mondiale mais pas de cascade de faillites bancaires.
Commentaires
"La main invisible du marché" est devenue invisible, hors des deniers publics et de l'argent des contribuables et des petits épargnants.
La théorie d'un marché vertueux régulé par des mécanismes systémiques guidé par des règles, mais surtout aucune éthique, s'effondre.
Sans revenir à Keynes, théorie aux limites connues et déjà brevetées, il doit bien exister quelque chose d'autre.
Sans être "mondialiste", je crois que sans d'autres exemples économiques, nous allons tout droit vers une confrontation à grande échelle des tenants anciens du Capital et des nouveaux qui vont nous habiller un joli discours, dont le thème reste à trouver, mais qui n'aura d'autre but qu'une bonne conflagration mondiale, afin de répartir aux vainqueurs la prime aux gagnants.
Le prix en sera très élevé pour les peuples et il n'y aura, comme le disait Chrchill "que du sang et des larmes".
Nous touchons un point où se joignent argent et pouvoirs, sources primaires et historiques de toutes les guerres.
Aux mêmes causes les mêmes effets, le nucléaire en plus.
En fait rien de nouveau sous le soleil du Capital et celui d'une civilisation qui a oublié son âme en route.
@christian: merci pour ce commentaire si pertinent, si bien pensé, et que je partage totalement.
@Christian : Tout à fait d'accord avec vous. De plus une taxe sur les cuillères en platique n'y changera rien ;o)
«C'est un choc» : voilà une déclaration digne d’un phare de l’humanité. Bon, soyons charitable et conseillons-lui de lire le « le choc du mois », elle dira un peu moins de sottises.
Mais dans ce domaine, elle a un concurrent sérieux avec le guignol Stiglitz.
Quelle idée,des cuillères en plastique!Les petites cuillères en argent,au moins,on ne les jette pas et on les nettoie avec du papier journal ou avec un peu de savon de Marseille!Idem pour les gobelets:allez,zouh,du cristal et puis du Limoges pour la vaisselle et de bons torchons en fil pour les essuyer .Et comme ça,on supprime aussi les "lave-vaisselle"(inutiles pour argent,cristal et porcelaine) et on supprime toutes ces substances"lavantes"et polluantes qu'on achète aux groupes Uni**** et consorts .
Je me suis trompée de billet!Chère Gaëlle,excusez-moi.Mon comm. allait sous "la taxe pique-nique"!
@Tania et Gaële : Je me sens un peu responsable de la "déviation" car c'est moi qui ai parlé de cuillères en plastique dans mon commentaire précédent, mille excuses ;o)