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Amertume en Italie: la décision de Sarközy jugée inacceptable

La décision du président français de ne pas extrader l'ex-membre des Brigades rouges (BR) Marina Petrella pour des «raisons humanitaires» suscitait dimanche l'incompréhension et l'amertume en Italie, rouvrant les blessures des «années de plomb» pour les proches des victimes du terrorisme.

«Il y a eu condamnation et cette décision doit être exécutée.

Que penseraient les Français dans une situation inverse ?», s'est ému le président de l'association des victimes du terrorisme (Aiviter), Roberto Della Rocca, soulignant que Marina Petrella «peut très bien être soignée dans des structures italiennes». «L'Italie n'a jamais torturé. Je ne comprends pas pourquoi l'extradition pose un tel problème», a quant à elle réagi la fille du syndicaliste Guido Rossa, Sabina, dont le père a été abattu le 24 janvier 1979 par un commando des BR à Gênes (nord-est). «On ne fermera jamais le chapitre du terrorisme avec de telles décisions», a-t-elle regretté.

 

«Inacceptable»

La veuve de Massimo D'Antona, expert du droit du travail et consultant du gouvernement tué par les BR le 20 mai 1999, a elle aussi condamné la décision de Paris. «Je trouve grave qu'il n'y ait pas entre deux Etats membres de l'Union européenne de respect réciproque. L'Italie est un pays qui respecte les droits de l'Homme et qui lutte pour l'abolition de la peine de mort dans le monde», a souligné Olga D'Antona, député du Parti démocrate (centre-gauche). «Dans la plupart des cas, les terroristes italiens ont tué des victimes innocentes et sans défense. Ils se sont comportés comme des criminels de droit commun avec lesquels ils avaient d'ailleurs souvent des contacts», a-t-elle ajouté, trouvant «inacceptable» la décision de Paris.

Pour le professeur de droit constitutionnel Roberto D'Alimonte, le refus d'extrader Marina Petrella constitue «un jugement choquant sur la justice italienne». «Pourquoi la France devrait-elle être un refuge de personnes condamnées en Italie ?» s'est-il interrogé, condamnant une politique de «deux poids, deux mesures». «Elle appartenait à un groupe qui a du sang sur les mains et qui voulait abattre la démocratie. La France est la première à réclamer aux pays étrangers l'extradition de terroristes. Il y a là une véritable contradiction», a pour sa part déclaré Pierre Milza, historien français spécialiste de l'Italie.

Silence au sommet de l'Etat italien

Probablement embarrassés, ni le président de la République Giorgio Napolitano, ni le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, qui se veut proche de Nicolas Sarközy, n'avaient réagi en début d'après-midi. L'Italie n'a jamais compris la mansuétude de la France à l'égard des ex-terroristes réfugiés de l'autre côté des Alpes.

Marina Petrella a été condamnée en 1992 à la prison à perpétuité pour complicité dans le meurtre d'un vice-préfet de police, abattu en juin 1981 par un commando. Cette condamnation avait été prononcée à l'issue du procès «Moro ter», qui avait eu à examiner pratiquement tous les attentats revendiqués par les Brigades rouges (BR) à Rome entre 1977 et 1982.

 

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