Israël a expulsé dimanche de son domicile de Jérusalem-est la famille al-Kurd, des réfugiés devenus le symbole du combat palestinien contre la colonisation juive dans cette partie de la Ville sainte.
Mi-juillet, la Cour suprême israélienne a tranché en faveur de colons israéliens qui exigeaient l'expulsion de cette famille, vivant dans une maison du quartier arabe de Cheikh Jarrah depuis 52 ans.
La police israélienne, qui a bouclé entièrement le quartier, "est arrivée à 03H30 (01H30 GMT). Ils ont pénétré dans la maison en brisant la porte et nous ont expulsés de force, sans aucune humanité", a affirmé à l'AFP Fawzia al-Kurd, qui a trouvé refuge chez des voisins.
"La police a évacué cette maison selon une décision de justice émise il y a plusieurs mois. Nous avons interpellé sept touristes, en fait des militants étrangers présents, pour les interroger", a précisé Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police.
International Solidarity Movement, une organisation pro-palestinienne, a confirmé que sept de ses membres, qui dormaient dans la cour de la maison pour essayer d'empêcher une expulsion, avaient été interpellés.
M. Rosenfeld a souligné que l'évacuation s'était faite dans le calme et "n'avait aucun rapport avec les élections municipales" en Israël, qui se tiendront mardi.
Venu à Cheikh Jarrah, le directeur du bureau du président palestinien Mahmoud Abbas, Rafik al-Husseini, a condamné une expulsion "inhumaine et inacceptable en violation de toutes les lois et de la convention de Genève".
"C'est du racisme en puissance. Le peuple américain a élu un président noir et je pense que c'est aussi un message à Israël: l'apartheid sera vaincu, nous le combattrons par tous les moyens", a-t-il ajouté, appelant la communauté internationale à agir.
"Ce problème n'est pas juridique mais politique. Il s'agit d'expulser les Palestiniens de Cheikh Jarrah pour les remplacer par des colons, c'est une escalade avant les municipales", a indiqué sur les lieux Hatem Abdelkader, le conseiller pour Jérusalem du Premier ministre palestinien Salam Fayyad.
Réfugiés à Jérusalem-est après la création d'Israël en 1948, les al-Kurd, à l'image d'autres familles, avaient emménagé huit ans plus tard dans leur maison construite par l'Unrwa, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés, sur des terres administrées à l'époque par la Jordanie.
Après la guerre de 1967, qui a vu la conquête de Jérusalem-est par l'Etat hébreu, des organismes juifs étaient parvenus à faire enregistrer à leur nom près de trois hectares de terres à Cheikh Jarrah, sur la base d'un document ottoman datant de la fin du XIXe siècle. Ce document a été présenté comme un faux par la famille al-Kurd.
L'affaire avait rebondi il y a une dizaine d'années lorsqu'une association de colons, "Nachlat Shimon", avait racheté les "titres de propriété" et installé dix familles juives dans le quartier.
AFP. 12.11.08