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La grande foirade des socialistes

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Reims, c'est fini. La clôture du Congrès du parti socialiste s'est faite sur un spectacle de totale désunion. Les techniciens ont enroulé les dizaines de km de câbles déployés au parc des expositions pour assurer les débats. On a commencé à replier les barnums des AG. Les camions-satellite des télévisions ont replié leurs antennes paraboliques.

 
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Les délégués ont pris le chemin de leurs départements. En partageant sans doute un trouble: comment, revenus dans les sections, résumer ce curieux congrès aux militants ? Car depuis vingt ans au moins, c'est le premier de ces rendez-vous propres au parti socialiste à s'être achevé comme il avait commencé. Sans orientation politique mais avec trois têtes: Martine Aubry, Benoît Hamon, Ségolène Royal. A ceux qui apprécient cette dernière, il faudra expliquer le peu de cas qu'ont fait les congressistes des 29 % de la motion E, dont leur représentant jusqu'à jeudi, François Hollande. A ceux qui attendaient un ticket Aubry-Delanoë pour contrer Royal, justifier que le maire de Paris ne se porte pas candidat et ne donne pas, pour le moment, de consigne de vote.

Demain, c'est une nouvelle séquence de quatre jours qui s'ouvre. Un peu sonnés par ces trois jours insensés, les candidats ne savaient pas, en début d'après-midi, comment ils allaient mener campagne. Faire des meetings, oui peut-être, mais dans quel(s) département(s). Courir les interviews ? Sans doute, mais en conservant une certaine discrétion pour ne pas fâcher les militants.

Une chose est sûre: dans l'ombre, d'ici à jeudi, les amis des uns et des autres vont tout faire pour rallier quelques fédéraux à leurs champions. Histoire d'avoir du poids dans la balance jeudi soir.


LE RECIT DE LA JOURNEE DE DIMANCHE

 

12h30. Les discussions sont officiellement closes. Le Congrès est terminé. Dans les couloirs, les ténors répondent aux demandes d'interviews. Dominique Besnehard vient parler de "sa" Ségolène en salle de presse. Pour les autres, l'appétit revient. Les sandwichs font encore un tabac.

11h50. De la subjectivité des passions. A l'applaudimètre, les trois candidats ont fait quasiment match nul. Parlant la première, Martine Aubry a eu droit à une standing ovation de 63 secondes; Benoît Hamon à 57 secondes, avec moins de délégués debout. Dernière à s'exprimer, Ségolène Royal a dépassé les 95 secondes. Mais en restant au pupitre, elle a fini par provoquer des sifflets.

11h34. Au tour de Royal. L'ancienne candidate à la présidentielle, qui a conservé le même style vestimentaire discret qu'hier mais renoué avec quelques ondulations dans les cheveux, en appelle immédiatement aux militants, prenant les devants sur une gestion compliquée après le vote si elle est élue jeudi. "Tout le monde, et j'en fais ma règle, devra se ranger derrière la décision des militants", dit-elle. "Si je suis élue, j'aurai besoin de toi Bertrand, et de tes amis. Nous aurons besoin de toi François, tous les militants savent ce qu'ils te doivent". "Il y a tant de belles choses à faire, inventer le socialisme du XXIe sicle", conclut-elle quinze minutes plus tard, provoquant quelques rires moqueurs.

11h15. "J'ai tué l'araignée". Deuxième dans l'ordre alphabétique, Hamon fait suivre le traditionnel "mes chers camarades" d'un clin d'oeil à l'araignée croisée par Aubry. Puis il enchaîne. "Aimer ce parti ne suffit pas, nous devons reconnaître qu'il traverse une crise sérieuse", estime-t-il. Lui aussi attaque Royal sur la question des alliances, démontrant par la politique économique que les centristes français sont libéraux. "Ca c'est pas faux", relève Delanoë au premier rang. 
Parlant du renouvellement de la classe politique, Hamon souligne qu'en France, un Obama aurait dû, pour gagner ses galons, "être déjà âgé d'une quinzaine d'années de plus". Et être blanc puisque "en politique, il faut montrer patte blanche".

11h05. Aubry et le ménage. Alors qu'elle s'adressait à Ségolène Royal sur leurs désaccords, Martine Aubry s'est interrompue. Une petite araignée courait sur son pupitre. Son amie et hôtesse, Adeline Hazan, a donc eu droit à une remarque: "Adeline, le ménage aurait pu être fait cette nuit".

11 heures. Les rites socialistes suivent leur cours. Les délégués ayant pris acte de l'absence d'accord cette nuit, en levant la main, les trois candidats ont chacun 15 minutes pour s'exprimer. Martine Aubry commence.

10h54. To be or not..."Ils ont échoué parce qu'ils n'avaient pas commencé par le rêve". Un défenseur de la motion F se saisit du micro... et cite Shakespeare.

10h43. "Nous aurions aimé pour notre parti"... Vincent Peillon a la voix couverte de brume par les discussions de la nuit et par ce qu'il veut montrer de regrets. "Il nous semblait qu'il y avait des différences, mais des différences à creuser, avec la motion de Benoît Hamon", avec ceux qui se sont alliés au MoDem aux municipales avant le premier tour. Et cite Rocard, Filoche, des références qui fâchent la salle. Pour calmer huées et sifflets, Malek Boutih tente une parade: "N'oubliez pas que la France nous regarde".

10h36. Pour la motion D, Marylise Lebranchu. Encore une fois, c'est Royal qui en prend pour son grade, avec sa tentation centriste et sa vision de parti de masse «avec une absence de clarté». «Lorsque cette absence d'accord a été actée, bafouille l'aubryiste Lebranchu, restait une position possible, comme l'a dit Bertrand tout à l'heure». Mais elle n'a pas été conclue. L'officialisation de la candidature d'Aubry est accueillie par des applaudissements nourris des auditeurs invités et du MJS. Une partie de la salle se lève. «Rassemblons-nous», conclut-elle. Dans l'audience, une voix s'écrie : «François, réveille-toi !»

10h30. Côté Motion C. Mireille Le Corre s'exprime au nom de Benoît Hamon. Elle évoque une divergence de fond sur les alliances, «question qui pour nous, n'est pas d'un prétexte». Elle conclut en ré-annonçant la candidature de son champion, également accueillie par une salve d'applaudissements.

10h22. Delanoë à la tribune. «Notre motion s'est comportée en camarades qui veulent continuer à militer ensemble», insiste Bertrand Delanoë. Applaudissements dans la salle, qui se font plus forts lorsque le maire de Paris déclare : «Nous n'aurons pas de candidat au poste de PS parce que, pour nous, ce n'est pas une question de personne politique. J'avais dit que jamais ma personne ne serait un problème, je vous le prouve.»

10h10. Si vous voulez bien vous asseoir. La maire de Reims, Adeline Hazan, appelle les invités à s'asseoir. Pour encourager les troupes, elle annonce qu'Alain Bergounioux va faire un résumé de la nuit. «Oooh», clame la salle, ironique. «Je suis assez triste», commence celui-là... «Je vais essayer factuellement de dire les points essentiels». De 10 heures à minuit, François Hollande a proposé de s'appuyer sur la motion E pour voir si elle pouvait être majoritaire. Mais la vision sociale-démocrate et le point de vue sur les alliances a fait achopper. "Bref, il est apparu qu'il y avait une difficulté de fond", résume-t-il. A partir de 2 heures du matin, après une longue interruption, "le président de la commission a proposé de rechercher une synthèse entre les trois autres motions". Des groupes de travail se sont alors mis en place.

9h45. Delanoë plaisante. Visiblement détendu - est-ce la décision de ne soutenir la candidature de personne -, le maire de Paris est souriant et badin. Ses collaborateurs, jusqu'ici assez discrets en «plénière», se sont installés derrière lui. Il discute avec son voisin Harlem Désir. Et plaisante avec les photographes: «Comment ça, vous n'avez pas dormi ? Mais allez-y, ça ne va pas reprendre tout de suite». Le service d'ordre ménage une distance. Impossible de poser une question au maire de Paris. Pas plus que cette nuit quand il a filé à l'anglaise...

leparisien.fr -16.11.08

Commentaires

  • On ne va pas à Reims impunément .

  • Reims et sa magnifique Cathédrale,ville où les Rois de France recevaient le Sacre.
    Les pieds-nickelés de la rose n'ont pas reçu les lumières célestes,et c'est tant mieux.

  • Pourquoi tous ces bobos humanistes ne vont-ils pas adhérer à l'UMP, c'est la même politique : immigrationniste, Européiste, mondialiste, franc-mac et lobbyiste. Gauche caviar et pseudo droite bling-bling même combat, la France et les Français c'est le dernier de leurs soucis.
    Ces deux blocs qui gouvernent la France dans une savante alternance depuis des décennies sont des pantins de la mafia financière et ils sont entrain de détruire le pays - ils ont déjà remplacé 20% de sa population !

  • dommage qu'Aubry n'ait pas été élue, on n'aurait plus parlé du PS dans 5 ans

  • Philippe maréchal j'approuve totalement votre commentaire.

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