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Le combat d'un père - La douleur d'une famille française

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Il y a un an, Anne-Lorraine Schmitt, une étudiante de 23 ans, mourait assassinée dans le RER D par Thierry Deve-Oglou, un criminel d'origine turque déjà condamné et relâché sur la foi d'avis d'experts. Depuis, Philippe Schmitt, 57 ans, s'implique auprès de l'Institut pour la justice afin de faire évoluer les lois. L'histoire de son combat,et de celui de sa fille, est retracée dans un livre qui paraît mardi : «Anne-Lorraine, un dimanche dans le RER D» (CLD éditions).

Tous les dimanches, depuis un an, c'est pareil. Mais personne ne dit rien. Rassemblés avec leurs quatre enfants autour de la table de la cuisine, M. et Mme Schmitt achèvent leur petit déjeuner en silence. Hanté par le temps qui passe, leur regard fuit pudiquement pour se poser sur les aiguilles, à la dérobée. «On vit avec la pendule, dit le père. Chacun de nous y pense, comme si c'était hier». 9 h 58 : Anne-Lorraine monte dans le RER D. 10 heures : elle téléphone à son petit-frère, François-Xavier. Elle sera là pour la messe. Promis. 10 h 15 : le train se vide, file vers Goussainville. 10 h 20 : le type monte. Il l'aborde, le souffle court. Lui dit qu'il va lui «faire l'amour». 10 h 22 : Anne-Lorraine crie, se débat. Il la fait taire à coups de couteau. Trente-deux au total. 10 h 30 : elle agonise. Lui, le récidiviste, blessé, descend du train. Vingt-quatre heures plus tard, Elisabeth et Philippe Schmitt retrouveront leur fille aînée à la morgue. «C'était elle et aussi plus elle», diront ses frères et sœurs. Il n'y avait plus son rire, il n'y avait plus sa vie. Son grand-père paternel en deviendra mutique.

C'est vrai. Pour étouffer en vain sa douleur, Philippe Schmitt aurait pu "se contenter de lire la procédure et d'éplucher les procès-verbaux", bien à l'abri dans le cabinet de son avocat, à Senlis. Il aurait pu, des années encore, ne rien faire d'autre que s'occuper de son jardin le week-end, tondre la pelouse de son pavillon d'Orry-la-Ville (Oise), l'esprit libre, en repensant à ces matinées où Anne-Lorraine, de retour de Saint-Denis, «surgissait par derrière en disant “Coucou Papa !”». Mais «l'inaction est infâmante», considère le colonel Schmitt, ancien de la cavalerie blindée et habitué des postes d'état-major.

Sur le cercueil de sa fille de 23 ans, il avait fait la promesse d'être digne d'elle et de ce «sacrifice pour lequel elle n'a pas eu le choix». Il s'y tient depuis sa mort, il y a un an, lancé à corps perdu dans un combat contre «les aberrations du système judiciaire». En juin dernier, l'Institut pour la justice lui a confié la présidence de son comité d'orientation. À lui de faire œuvre de pédagogie pour sensibiliser M. et Mme Tout-le-Monde aux rouages parfois «fumeux» de la machine pénale, ou de dégoter quelque ficelle susceptible d'éviter «une accumulation croissante de textes inapplicables et inappliqués». «À la disparition de sa fille, il s'est dit qu'il fallait qu'il se batte à son tour, témoigne Damien Theillier, directeur des études à l'Institut et professeur de philosophie. Il savait qu'il allait prendre des coups, qu'on l'accuserait de mener une croisade personnelle. Son courage, c'est d'avoir relevéla tête.»

Alors, un peu comme on entre en guerre, Philippe Schmitt a commencé par démarcher les parlementaires de tout bord, entamant avec eux «un dialogue poli mais difficile». Comme on se frotte à l'ennemi, il a - pour la première fois - feuilleté les journaux en s'arrêtant net sur les pages consacrées aux faits divers. Il ne lisait jamais cette rubrique avant l'assassinat d'Anne-Lorraine ; il en détestait même jusqu'au nom. «Je tombe des nues et ça continue», lâche-t-il. Pourquoi ne pas voter la suppression des délais de prescription dans les affaires criminelles, rendus caduques grâce aux progrès de l'ADN ? Pourquoi ne pas offrir aux parties civiles l'opportunité de faire appel d'un verdict ? Pourquoi ne pas «expliquer aux gens qu'un accusé condamné à dix-huit ans de réclusion n'en fera que neuf», qu'«un criminel odieux peut quand même sortir» ?

Philippe Schmitt, lui, aimerait que ses filles, toutes les femmes et jeunes femmes, «puissent aller et venir, tranquillement, sans tomber sur un repris de justice». Il rêverait que les politiques soient «humbles et courageux», qu'ils «admettent que, pour certains individus, il n'y a plus rien à faire».

En attendant, il tremble avec sa femme dès lors que Béatrice et Bénédicte, les jumelles de la fratrie décapitée, envisagent le moindre déplacement. Le couple confesse une légère paranoïa et dit s'en vouloir un peu. Mais «ça arrive tellement vite, vous savez…». Si peu de temps s'écoule avant qu'on ne se dise, inconsciemment, «qu'on n'a pas été là quand il l'aurait fallu, qu'on n'a pas été capable de protéger son enfant alors qu'on est son père».

Dimanche dernier, Elisabeth Schmitt avait gardé une place à la messe pour son mari. La même - mais elle ne le savait pas - que celle qu'il avait occupée ce 25 novembre 2007, en attendant qu'Anne-Lorraine appelle d'une cabine ou d'un commissariat, pour dire «qu'on lui avait volé son sac ou son portable». Pour finir, M. et Mme Schmitt se sont décalés d'une rangée.

Tout à l'heure, lors de la messe donnée en la cathédrale de Senlis à la mémoire d'Anne-Lorraine, son père n'aura pas le réflexe de regarder si tout le monde est présent : la hiérarchie militaire et sa «solidarité sans faille», la surintendante et le chancelier de la Maison d'éducation de la Légion d'honneur, soutiens «discrets mais réels», les amies d'Anne-Lorraine qui - régulièrement encore - transforment les déjeuners dominicaux des Schmitt en buffets improvisés. Pour sa «thérapie», sa lutte «sans haine ni vengeance», Philippe Schmitt continue de préférer «l'action au cimetière».

En douze mois, une chapelle a été érigée dans un bidonville colombien grâce aux dons spontanément versés à la famille d'Anne-Lorraine. L'édifice a été baptisé Saint-Anne. Pour la plus grande fierté du colonel, qui «ne voyait pas l'intérêt d'accumuler les fleurs».

Le Figaro - 25.11.08

Commentaires

  • MAM,aurait hurlé au scandale si cette jeune fille (qui allait rejoindre sa famille pour assiter à une Messe dite en latin) était de confession juive.
    Les fra-macs sont et restent un grand danger pour les KTO.
    MAM et la Simone l'avorteuse sont à proscrire,la légion d'horreur et...en enfer!!!

  • Le combat d'un père; cela fait mal car le destin tragique d'Anne-Lorraine n'est que l'illustration de la gangrène qui ronge inexorablement la France; toute la clique à la Bruni s'inquiète exclusivement des cpf et des petrella et co.

    Les parlementaires semblent le considérer comme un empêcheur de tourner en rond , alors que les ministres accourent au moindre bobo subi par un cpf ou à la nouvelle d'un tag "suspect".

    Heureusement, ice père est bien entouré.

    La France semble sous l'emprise d'une malédiction.

  • Bon, encore la prose à vomir du figaro. On est choqué presque à chaque ligne de cet indécent «article ».
    «les aberrations du système judiciaire» : non, si c’étaient des aberrations, ce serait très vite corrigé ! Quand donc quelqu’un aura le courage de dire la vérité et que ces prétendues aberrations sont en fait voulues ? Rappelons-nous, lors du «débat» sur la peine de mort : ceux qui affirmaient qu’on n’appliquera pas la perpétuité se faisaient insulter ou étaient interdits de parole comme d’ailleurs actuellement. N’est-ce pas la réalité aujourd’hui ?

    Ce brave colonel n’avait jamais réalisé que ce qu’il vit actuellement c’est le calvaire que vivent des millions de petites gens en France depuis des dizaines d’années et que ceux qui ont toujours dénoncé cette abominable situation se sont faits traiter de tout : racistes, xénophobes, anti-sémites,…. Il n’a jamais entendu tel responsable politique répondre dédaigneusement à ceux qui osaient poser la question : « mais non, ce n’est qu’un sentiment d’insécurité ! » ? Il vaut mieux arrêter là pour ce colonel et pensons plutôt au martyre de sa fille!

  • @Abad

    Vous avez parfaitement résumer la situation.

    Amitiés.

  • @ abad
    Comme Catherine je suis entièrement en accord avec vous.
    La perpétuité est pour la victime !
    .

  • Oui Catherine la France semble être sous l'emprise d'une malédiction...
    C'est pourquoi même si je dois faire rire certains je pense qu'il faut se rapprocher de Dieu. Retournez dans les églises et priez. La situation que nous vivons n'est pas rationnelle. Quelque chose que nous ne comprenons pas nous l'impose. Alors rien d'anormal d'adopter également une conduite qui pourra être jugée également irrationnelle. Prions à l'église ou ailleurs mais prions. Dieu, la Vierge Marie, les saints et saintes. Ils nous aideront à chasser cette malédiction qui s'est abattue sur notre beau et malheureux pays.

  • Alexis Carrel avait écrit un petit livre sur la prière. Petit livre que j'avais reproduit pour mes enfants, il disait comme Zelionaya l'importance qu'il y avait à prier, a entrer dans un lieu serein pour prier.
    Je ne peux vous écrire ce livre sur le blog mais Carrel y explique très bien la pensée de Zelionaya.

  • Cher abad, vous avez parfaitement exprimé ma pensée. - Ce colonel ne lisait jamais les faits-divers! Or, c'est dans les faits-divers que justement on découvre toute l'insécurité qui règne en france, le danger pour une femme de prendre des trains, des RER, et combien il faut mettre les filles en garde, leur dire et leur répéter de se méfier, de regarder qui les soit: ce ne sera pas un amoureux! - Les faits-divers sont très instructifs sur le quotidien vécu de l'insécurité par des millions de Français, et cela depuis plus de 30 ans maintenant! - Ce hautain mépris, que je connais si bien, pour les faits-divers, appelés autrefois "les chiens écrasés"! Eh bien moi, un chien écrasé par un chauffard, ça me fait horreur! Encore plus quand il s'agit d'un être humain! - je suis sûr qu'il ne votait pour JMLP! On sent la peur de la "récupération" qui rôde dans cette famille... Que c'est triste! Moi, j'aurais haine et désir de vengeance à leur place! Il savoir être un peu "primitif"! Puisque la Justice ne met plus à mort ceux qui l'ont donnée!
    Bien sûr que les violeurs, les récidivistes cherchent leur proie dans les trains déserts, les RER, et même dans le métro... Ca ne l'interpelle pas, le fait que ce type soit d'origine étrangère?
    J'avoue ne pas comprendre de telles mentalités.

  • @Gaelle,

    J'espère que ce malheureux père ne nous lira pas; mais comme vous, alors qu'il dit des choses très vraies sur la poilitique pénale en France, j'ai été choquée par cette phrase : "sans haine et sans vengeance"; je pense qu'il croit qu'en cédant aux codes du politiquement correct, il a des chances de se faire entendre.

    Dans un autre pays, il aurait des chances d'être entendu, mais pas en France, corrompue jusquà la moelle .

    Mais espérons que si toutes les familles des victimes rejoignent son institut, les fripouillent qui nous gouvernent seront obligés d'en tirer les conséquences.

    "sans haine et sans vengeance"; il y a quelques mois , c'était la grande mode dans les média, à l'occasion de procés où des criminels de sang étaient jugés , de se pencher sur le cas, exclusivement, des proches de la victime, à savoir : les victimes avaient-elles un comportement digne ou non?
    Pas un mot sur les atrocités commises par les tueurs; on examinait à la loupe le comportement de la famille de la victime; on demandait presque implicitement à ces derniers de pardonner aux monstres; les victimes qui hurlaient leurs souffrance étaient considérées comme récupérées par le FN.
    L'abjection sans limites des officines francmaçonnes.

  • A Catherine : J’approuve entièrement votre commentaire. Et si on ne souhaite pas pour lui que ce père nous lise, on aimerait que beaucoup de pères nous lisent avant qu’un tel malheur ne tombe sur eux.

  • @Catherine: nous sommes bien d'accord.

    @abad: oui, c'est exactement cela: on ne peut mieux dire...

    J'ai reçu il y a un mois ou deux une lettre de l'association Institut pour la Justice, avec une lettre circulaire de M. Philippe Schmitt, très émouvante. Et j'ai été émue, malgré mon scepticisme quant aux résultats concrets de cet Institut. Je me suis donc inscrite avec la cotisation demandée, je leur ai adressé fin octobre un chèque de 20€. Depuis, plus rien... Je ne sais pas si mon chèque est bien arrivé (je vais consulter mes relevés de compte). En général, les associations auxquelles on s'inscrit vous envoient un mot pour vous remercier avec un reçu pour les impôts. Je suis un peu étonnée, je ne vous le cache pas.

  • à Gaelle,

    Vous ne recevrez votre reçu fiscal que l'année prochaine; je vous conseille néanmoins de leur faire un rappel, quelques semaines avant le délai d'expiration pour adresser la déclaration de revenus; si vous optez pour la déclaration par le net, vous n'avez pas besoin d'un justificatif en dessous d'une certaine somme versée au titre des dons (je n'ai pas en tête le montant).

    Si cet institut a un n° de téléphone, il serait préférable , à mon sens, de vérifier, en les appelant.

    Amitiés.

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