Le ministre indien de l'Intérieur et le conseiller à la sécurité nationale ont démissionné dimanche après les attaques de Bombay qui ont fait au moins 172 morts alors que l'enquête s'oriente de plus en plus vers un groupe islamiste basé au Pakistan et actif au Cachemire.
Cette démission pourrait en entraîner d'autres en cascade. Le conseiller à la sécurité nationale M.K. Narayanan a également démissionné et un conseiller du Premier ministre Manmohan Singh a indiqué à l'AFP que "d'autres hauts responsables du gouvernement devraient se voir montrer la porte".
Dans le même temps, l'enquête s'orientait vers le groupe islamiste Lashkar-e-Taïba, l'un des mouvements islamistes clandestins pakistanais qui luttent contre l'"occupation" indienne du Cachemire et les persécutions que subit selon eux la minorité musulmane d'Inde.
New Delhi envisage de suspendre le processus de paix avec Islamabad à la suite des attentats, selon l'agence de presse indienne PTI, citant des sources selon lesquelles "une série de rencontres de haut niveau vont se tenir dans les prochains jours pour prendre une décision".
Le seul assaillant arrêté à Bombay, Ajmal Amir Kamal, 21 ans, a indiqué aux enquêteurs que les assaillants étaient tous des Pakistanais entraînés par le Lashkar-e-Taïba, rapporte la presse indienne, citant les services de renseignements.
"Savez-vous combien de personnes ont été tuées au Cachemire?", avait demandé en ourdou l'un des assaillants à une chaîne de télévision qui l'avait contacté par téléphone alors qu'il occupait un centre religieux juif.
Des responsables du contre-espionnage américain ont confirmé à l'AFP qu'il y avait des preuves montrant l'implication du groupe dans la série d'attaques du 26 novembre.
Le Lashkar-e-Taïba est fortement soupçonné d'avoir attaqué le Parlement indien en 2001, un attentat qui avait précipité l'Inde et le Pakistan au bord d'une nouvelle guerre.
Le Pakistan a fermement nié toute implication dans ces attaques, revendiquées par un mystérieux groupe islamiste, les Moujahidine du Deccan, du nom du plateau couvrant le centre et le sud de l'Inde.
Samedi, le président pakistanais Asif Ali Zardari a mis en garde l'Inde contre une "réaction excessive" aux attentats.
"Quels que soient les responsables de cet acte primitif et brutal contre le peuple indien et l'Inde, ils cherchent à déclencher une réaction" de vengeance, a-t-il estimé.
Les forces de sécurité indiennes ont mis fin samedi à Bombay à deux jours et demi d'attaques déclenchées par une dizaine d'assaillants qui ont fait au moins 172 morts et près de 300 blessés, selon un dernier bilan.
Neuf assaillants ont été tués et un autre arrêté, et 15 membres des forces de sécurité ont péri, selon les autorités indiennes.
Huit des assaillants s'étaient infiltrés dans la ville un mois plus tôt, menant "des missions de reconnaissance" et se faisant passer pour des étudiants malaisiens, selon des sources au sein des services indiens de renseignements.
Ajmal Amir Kamal aurait déclaré que les hommes armés étaient arrivés en canots pneumatiques, venus d'un navire capturé auparavant et dont l'équipage avait été abattu, selon la presse indienne de dimanche.
Les attaques ont visé non seulement des Occidentaux, un centre juif, mais aussi une grande majorité d'Indiens, notamment à la gare centrale, ou au moins 50 personnes -voire près de 80 selon des témoignages- ont été tuées.
La mort d'au moins 28 étrangers -neuf Israéliens, cinq Américains, deux Français, deux Australiens, deux Canadiens, un Britannique, une Singapourienne, un Japonais, un Italien, une Thaïlandaise, un Allemand, un Mauricien et une Mexicaine- a été confirmée par leurs pays respectifs.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a promis qu'Israël défendrait les institutions juives "partout de par le monde". Un avion militaire israélien est parti pour Bombay avec à son bord, des médecins légistes, des représentants de l'armée, du rabbinat et du ministère des Affaires étrangères. Les dépouilles des victimes israéliennes doivent être ramenées par cet appareil.
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, Israël et la Grande-Bretagne ont proposé d'apporter leur aide dans l'enquête.
Le pape Benoît XVI a appelé à prier "pour les nombreuses victimes des brutales attaques terroristes de Bombay, en Inde, et des affrontements sanglants qui ont éclaté à Jos, au Nigeria", à l'issue de la prière de l'angelus au Vatican.
Commentaires
Le Premier ministre …a promis qu'Israël défendrait les institutions juives "partout de par le monde" : est-ce que nos évêques pourraient en faire ne serait-ce que le centième quand ce sont les églises ou les cimetières qui sont profanés, illégalement occupés et dévastés….. ?
Le Lashkar-e-Taïba : ces terroristes sont de drôles de lascars !