La capitale la plus verte d'Europe ne sait plusà quel saint se vouer face à des bêtes si malignes qu'elles se jouent des «chasseurs de villes».
Le soleil se couche. Pris de panique, les enfants courent se cacher derrière leurs parents en poussant des cris. Sortie de la pénombre, une imposante bête au pelage gris brun, armée de défenses acérées, vient de faire irruption aux abords d'un marché de Noël. C'est un sanglier, qui esquisse une charge avant de s'enfuir dans les fourrés. La scène n'a rien d'extraordinaire à Berlin, capitale branchée mais aussi métropole la plus verte d'Europe, où les sangliers ont élu domicile.
Ces suidés semblent apprécier tout particulièrement la douceur de vivre de la capitale fédérale. Selon les estimations de la mairie, ils sont entre 7 000 et 8 000 à y battre le pavé. Ils ont délaissé les forêts qui entourent Berlin, où ils sont à la merci des fusils des chasseurs, et peu à peu ont investi les rues de la cité, où la chasse est interdite. Ces cochons sauvages, Wildschweine en Allemand, font rarement bon ménage avec les 3,5 millions d'habitants que compte Berlin. La mairie croule sous les pétitions réclamant une solution au problème.
Il n'est pas simple à régler si l'on en croit Derk Ehlert, le responsable des chasses à la mairie de Berlin, car ces malotrus de sangliers «ne respectent ni la loi ni les règles de la circulation». Ils labourent les propriétés des quartiers résidentiels et transforment les pelouses soigneusement entretenues en véritables Verdun. Ils traversent les routes sans crier gare et sont responsables de plusieurs centaines d'accidents de la circulation chaque année. Confortablement nichées dans les bacs à sable des Spielplatz (les squares), les laies chargent les enfants qui s'intéressent de trop près à leurs marcassins.
Ils sont partout, jusque sur les très touristiques Alexanderplatz et Potsdammerplatz, devenues une sorte de Manhattan berlinois, et même sur les pelouses du Reichstag, le Parlement. .
Le réchauffement climatique explique en partie le phénomène. Les hivers moins rigoureux ont permis aux laies de mettre bas deux portées par an plutôt qu'une, provoquant ainsi une croissance exponentielle des suidés. Mais la conversion de la région de Berlin à la culture du maïs, le repas préféré des sangliers, entre aussi en ligne de compte. S'ajoute à cela, une explication historique. Non seulement le mur de Berlin empêchait les "Ossis" de fuir vers l'Ouest, mais il séparait Berlin de ses forêts avoisinantes du Brandenbourg riches en gibier. Depuis la réunification, Berlin, avec ses nombreux chantiers et ses rues en travaux, regorgeant de vers et d'insectes, s'est transformé en restaurant cinq étoiles pour sangliers.
La Mairie tente d'endiguer le phénomène. La minorité très active de Berlinois tombés sous le charme des sangliers et qui leur distribue de la nourriture est désormais passible d'une amende de 5 000 euros. Berlin a aussi mandaté quelque trente-cinq «chasseurs de ville», pour abattre les hordes. Mais la bête est maligne. Voire vicieuse.
«Lorsque nous essayons de les entraîner vers les terrains vagues, pour leur tirer dessus, ils se faufilent et se jettent entre les voitures, peste Derk Ehlert, le garde-chasse. Grâce à leur intelligence hors du commun, ils ont compris qu'il nous est plus difficile de les abattre au milieu des automobilistes ou tout simplement en milieu urbain, au risque de blesser des passants. Ils connaissent mieux que nous la ville et ses nombreux bâtiments désaffectés qui leur servent de planque.» Et dès lors que des citoyens, pris de remords, invectivent les chasseurs ou crèvent les pneus de leurs voitures pour les dissuader d'intervenir, Ehlert ne voit plus qu'une seule solution : apprendre à vivre ensemble.
Le Figaro - 19.12.08
Commentaires
Impayable « figaro » ! Il a trouvé : si les sangliers sont si nombreux, ce n’est pas parce qu’on ne les chasse plus autant qu’avant, non, c’est à cause du réchauffement climatique ! Vous avez compris ? Tas d’abrutis ? C’est vous les coupables, qui polluez avec vos automobiles qui émettent cet infect gaz carbonique !
Et c’est parce qu’il fait chaud que les truies sont en chaleur perpétuelle : elles font des petits deux fois plus qu’avant. Ah, si ces bêtes avaient leur Mère Veil ! Mais, malheureusement, maintenant elle est à l’Académie ! elle ne peut pas être partout à la fois, sur les Académiciens et sur les sangliers !
Et, évidemment, le « figaro » a sorti l’inévitable «croissance exponentielle». Ces soi disant journalistes ne savent pas ce qu’est une fonction exponentielle, ni pour quelles raisons elle apparaît, mais ça ne les gène pas, au contraire : c’est tellement plus simple de parler de ce que l’on ne connaît pas !
Le « figaro » : voilà un grand journal, fait par des crétins et à usage de crétins ! Beaumarchais n’a pas mérité cela !
Bien que la bande de demeurés qui font le «figaro», fassent montre d’un esprit particulièrement borné, par charité chrétienne, je leur donne un petit conseil : qu’ils s’achètent un thermomètre !
Et une fois l'acquisition faite, où devront-ils se le mettre, dites nous tout Abad ?
C'est-y pas mignon ces marcassins en pyjama ! En plus ils sont dans une belle ville, symbole de la résistance Européenne.
Stupide journaliste du Figaro adepte du gros Gore.
"...apprendre à vivre ensemble", eh oui, avec les sangliers c'est possible ;o)
C'est-y pas mignon ces marcassins en pyjama ! En plus ils sont dans une belle ville, symbole de la résistance Européenne.
Stupide journaliste du Figaro adepte du gros Gore.
"...apprendre à vivre ensemble", eh oui, avec les sangliers c'est possible ;o)
J'imagine la tête des ennemis de l'europe avec ces petites bestioles. Que l'on en mette partout !
Le vrai scandale commencera quand ils s'engouffreront dans les mosquées. Là la machinerie ubuesque se mettra en branle pour les condamner pour racisme, islamophobie et que sais-je encore.
Freyr insuffle le vent de la résistance. L'esprit de l'Ancienne Europe se lève à travers son animal totémique.
Bär-lin, la ville de l'ours, autre totem européen.
Ceci me rappelle un film qui m'avait beaucoup impressionné au début des années 80, "Wolfen", où des loups surgis du fond des âges envahissent la ville décadente et en nettoient la pourriture :
http://www.youtube.com/watch?v=6tDCbX50olo&feature=related
@Mélanie et Voyageur : oui ! J'imagine aussi leurs têtes ! Le sanglier c'est un cochon ! Peut-être un signe ?
Entre parenthèses, qu'est ce qu'ils sont mimis !Adorables ! Avec leur gentille maman-laie !
Ils me rappellent "Bambi", LENI. Mimi mais... qui s'y frotte s'y pique. Le totem de l'Europe éternelle.
Chère LENI, vous devenez une vraie Berlinoise, comme celles qui regardent cette scène et la photographie sans peur!
C'est cela aussi, la diversité!
Merci également à Philippe Maréchal et à voyageur!
Quant à vous, cher abad, vous avez parfaitement raison!
Viens, dis la bonne nouvelle autour de toi; viens, venez tous; il n'y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l'obélisque et courber la Tour Eiffel; où devant les guichets du Louvre on n'entendra que le léger bruits des cosses mûres qui s'ouvrent et des graines sauvages qui tombent; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue." (Jean Giono, destruction de Paris, Solitude de la pitié)
Moi, à la place du mot "sanglier", je mettrais bien un autre nom qui fini aussi par "és" mais que je ne peux pas écrire sous peine de tomber dans les filets de certaines associations. Bref, je confisque ma liberté d'expression.
Cela vous étonne, tout ce ramdam? En cette période de métissage forcé, quoi de plus normal que la capitale des bons à rien soit envahie par les sang-liers!!!
Merci, cher dragon, pour ce texte merveilleux du grand Jean Giono!
Amitiés
Ces sangliers sont tous des Berlinois.
A Marcel : vous avez oublié de signer : JFK !