Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La garde à vue de l'infirmière prolongée - son erreur était-elle mortelle?

Elle a immédiatement reconnu son erreur. L'infirmière à l'origine de la mort du petit Ilyes, 3 ans, décédé mercredi soir à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris XIVe), s'est trompée en administrant un médicament à l'enfant. Sa garde à vue, qui a débuté la nuit du drame à 23 heures, a été prolongée de vingt-quatre heures par le parquet de Paris, ce jeudi soir.

 
Multimédia
Video : Le poignant témoignage du père
 

 A l'issue, le parquet pourrait ouvrir une information judiciaire, probablement pour «homicide involontaire», et l'infirmière être présentée à un juge d'instruction.

 

Souffrant d'une angine aggravée, le petit garçon, né à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en novembre 2005, avait été conduit le 24 décembre vers 18 heures par ses parents aux urgences pédiatriques de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Selon une source proche du dossier, il a été mis sous perfusion de sérum glucosé destiné à le réhydrater, placé dans une poche en plastique.

Entre 18 heures et 19 heures, l'infirmière a changé la poche de l'enfant et s'est trompée de produit, en injectant du chlorure de magnésium. L'état de l'enfant s'est détérioré à 19 heures et il a été emmené en réanimation. Il est décédé vers 20h45, selon le parquet de Paris.

Un produit a priori bénin

Le chlorure de magnésium n'est pas un produit dangereux en soi, mais il l'est pour un enfant de cet âge avec un goutte à goutte réglé sur la base du produit initialement prévu, selon le parquet de Paris.

Un médecin interrogé par l'AFP juge néanmoins surprenant qu'un décès puisse être provoqué par du chlorure de magnésium étant donné la bénignité habituelle de ce produit. «S'il est trop dosé ou donné en quantité importante, cela peut entraîner une hypermagnésémie qui peut provoquer la mort, mais de manière rarissime

«Aucune conclusion médicale ne peut être établie» pour le moment, a indiqué une source proche du dossier. D'après nos informations, l'infirmière placée en garde à vue dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) est une professionnelleexpérimentée, qui exerce sa profession depuis près de onze ans. 

L'assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) - qui gère 37 hôpitaux à Paris et en Île-de-France - a annoncé qu'elle allait lancer un audit interne pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a par ailleurs indiqué qu'elle allait demander une enquête de la Ddass de Paris. «La famille est prise en charge à l'intérieur du service pour les accompagner dans leur grand malheur», a-t-elle précisé.

Une garde à vue «inhabituelle»

Le président de l'AP-HP, Jean-Marie Le Guen, a par ailleurs exprimé dans la soirée sa «très grande émotion» face à ce drame : «Mes premières pensées vont évidemment à la famille.» Le député PS s'est aussi adressé aux équipes soignantes, «qui sont aujourd'hui bouleversées. Selon lui, «il y a un accord assez général pour dire qu'il s'agit d'une erreur individuelle et non pas d'un dysfonctionnement collectif». En revanche, il s'est étonné de la garde à vue de l'infirmière, «à ma connaissance une procédure tout à fait inhabituelle. Je serai très attentif à ce qu'elle se passe avec le plus grand respect des personnes».

Plus tôt dans la journée, Sud, deuxième syndicat de l'AP-HP, s'était déjà ému de cette procédure. «Je comprends que les parents soient effondrés. Ce qui me pose problème, c'est la façon dont on réagit aujourd'hui en mettant les gens en garde à vue», avait expliqué Marie-Christine Fararik (Sud AP-HP). Jugeant le «risque zéro» impossible, elle avait souligné que l'accroissement «à tout prix» de la «productivité» à l'hôpital «peut favoriser» ce type d'erreur sur fond de «manque d'effectifs» et de «restriction budgétaire». Un responsable de la CGT-santé, Christophe Prudhomme, avait également souligné qu'«à partir du moment où l'erreur n'est pas intentionnelle, la garde à vue est disproportionnée».

Leparisien.fr avec AFP -25.12.08

Commentaires

  • Le chlorure de magnésium est absolument inoffensif! C'est comme si vous buviez un verre d'eau de mer. Ma femme se soigne souvent avec ce produit, qui ne coûte rien, et prodigue de grands bienfaits.
    L'enfant est un colon, la ministre BACHELOT se déplace, on ne pouvait pas trouver mieux, en ce jour de NOËL, pour nous em....

  • Merci, chère Gaëlle pour le témoignage de cette vidéo. On commence à comprendre tout ce raffut dans cette affaire.

  • Joyeux Noël quand même...

  • La justice sanctionne de nos jours plus durement par "principe de précaution" que les délits effectivement et volontairement commis. On met en prison cette infirmière pour une erreur qu'elle n'a évidemment pas voulu commettre. Pour une fois, je suis d'accord avec les syndicats. On laissera en liberté celui qui vole un sac à une vieille dame après l'avoir frappée. On mettra en prison un homme qui a dépassé le taux d'alcoolémie admis alors qu'il n'a tué ni voulu tuer personne. C'est sans doute ce que la justice appelle se préoccuper plus de la prévention que de la répression; cela aboutit à mettre en prison des innocents et laisser en liberté les malfaiteurs. Logique, non ?

  • merci Gaelle grâce à vous, on comprend que tt n'est pas dit, car pas clair, ds cette affaire qui pue....

  • Le chlorure de sodium est le sel de cuisine retrouvé aussi dans l'eau de mer. Je ne me souviens plus du tout maintenant des propriètés du chlorure de magnésium. Mais je sais que l'hydroxyde de magnésium peut entraîner des torsades de pointe.

  • Je n'y connais rien, mais c'est peut-être l'absence du bon produit (sérum glucosé) dans la poche du goutte-à-goutte qui a causé une détresse cardiaque chez cet enfant (dont on ignore les antécédents de santé), et non le chlorure de magnésium en lui-même qui ne semble pas létal?

    Je crois que c'est le chlorure de potassium qui est dangereux, mortel en injection.

  • Cher abad, la mort d'un enfant est toujours affreusement triste. Mais on ne peut accuser ainsi une infirmière, voire tout le personnel, avec cette violence, avant que les faits soient clairement établis.
    Je plains cette malheureuse infirmière, présentée littéralement comme un "ange de la mort": elle doit être très inquiète, elle a déclaré aussitôt son erreur, elle semble franche. Elle ferait mieux de changer de ville, je crois. - Il s'est passé quelque chose de "non dit" peut-être: qui avait rangé ces médicaments, en les mélangeant? On a pu vouloir la faire se tromper...

Les commentaires sont fermés.