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Israël a utilisé des obus au phosphore contre la population civile de Gaza

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Dans les ruines de l'hôpital al-Quds à Gaza - 22 janvier 2009

Un trou dans le plafond calciné, des débris d'obus et des fragments de phosphore qui s'enflamment au moindre contact: cette maison au nord de Gaza est une preuve de plus pour Amnesty International qui enquête sur les violations par Israël des conventions internationales sur les armes.

Lundi 5 janvier, l'artillerie israélienne bombarde la périphérie de Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Pour se protéger, Sabah Abou Halima et sa famille se réfugient à l'étage de leur maison, dans un couloir sans fenêtre.

Deux semaines plus tard au même endroit, Chris Cobb-Smith, un expert britannique en armement, raconte la suite. "C'est ici que l'obus a transpercé le toit. Là, il a explosé en heurtant le mur, et distribué tous les fragments de phosphore dans la maison", montre-t-il. "C'est ce qui explique que tout l'intérieur soit aussi calciné."

Depuis le 17 janvier, M. Cobb-Smith parcourt la bande de Gaza avec une délégation d'Amnesty venue enquêter sur l'utilisation, par l'armée israélienne, des bombes au phosphore, substance qui a la propriété de s'enflammer au contact de l'oxygène.

 

L'emploi de ces armes est réglementé par la Convention sur les armes classiques de 1980, plus spécifiquement par le protocole III "sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires", entré en vigueur en 1983, et qui prohibe notamment leur utilisation dans les zones peuplées de civils.

Dans le bombardement de la maison de Beit Lahya, cinq civils ont été tués et quatre autres grièvement brûlés, dont Sabah Abou Halima. "Ca me fait tellement souffrir, ma peau me brûle. Je ne dors plus", confie-t-elle, alitée dans l'unité des grands brûlés de l'hôpital Chifa, à Gaza.

Les hôpitaux de Gaza ont été dépassés par cette substance qu'ils ne savaient pas traiter parce que "le phosphore n'avait jamais été utilisé contre Gaza", assure Elizabeth Hodgkin, spécialiste du Proche-Orient pour Amnesty de 1994 à 2002.

A l'hôpital Chifa, des rescapés racontent que leurs plaies se mettaient à fumer quand on les lavait ou qu'on retirait leurs bandages, car le phosphore blanc demeure actif très longtemps, et ne cesse de se consumer que lorsqu'on l'étouffe.

En théorie, cette arme explose en l'air et est utilisée pour générer un "écran de fumée" de protection, ou pour marquer des cibles pour l'aviation, explique M. Cobb-Smith. "Il n'y a aucune justification tactique à son emploi à Gaza", estime-t-il. "Je pense que c'est ici une arme de terreur qui vise à effrayer les gens, mais aussi infliger des dommages physiques et détruire des bâtiments."

Un crime de guerre pour Amnesty, qui a trouvé de multiples particules encore actives de phosphore dans des zones civiles, y compris dans l'hôpital al-Quds de Gaza, indique Donatella Rovera, qui dirige la délégation. D'éventuelles sanctions, ajoute-t-elle, dépendront "de la volonté politique des pays qui ont de l'influence, essentiellement des Etats-Unis et des pays de l'Union européenne".

Rappel: l'offensive israélienne (27 décembre-17 janvier) a fait 1.330 morts palestiniens, dont plus de 430 enfants, et 5.450 blessés.

Côté israélien, 10 militaires et 3 civils ont péri, selon les chiffres officiels.

Le rapporteur spécial de l'ONU pour les territoires palestiniens, Richard Falk, a estimé jeudi que les opérations militaires israéliennes avaient eu un "caractère sans aucun doute inhumain" qui évoque "le spectre de crimes de guerre systématiques".

AFP. 23.01.09

Commentaires

  • C'est vrai que Richard Falk, on peut lui faire confiance - Yes We Kahn ;o)

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