«C'est un membre des services secrets français qui a émis l'idée de ma fuite au Brésil». Cesare Battisti jette un pavé dans la mare et embarrasse Paris.
L'ex-membre des Brigades rouges, à qui le Brésil a accordé l'asile politique après qu'il s'y soit réfugié pour fuir la justice italienne, affirme dans une interview publiée par le magazine brésilien Istoe, que son départ clandestin de France a été favorisé par l'Etat.
Condamné par contumace en Italie pour quatre meurtres commis durant les «années de plomb», où il faisait partie d'un mouvement d'extrême-gauche, «Prolétaires armés pour le communisme», Cesare Battisti avait fui son pays pour trouver refuge en France. Dans la clandestinité, d'abord, puis au grand jour à partir de 1990 et de la doctrine Mitterrand, qui avait promis de ne pas extrader les ex-activistes italiens réfugiés en France si ceux-ci renonçaient au terrorisme.
En 2004, le gouvernement français était revenu sur cette doctrine et avait accepté la demande de Rome d'extrader Battisti. Celui-ci avait alors plongé dans la clandestinité pour échapper à la justice et à la prison. «Il y avait un grand mouvement populaire, intellectuel en ma faveur. Il y avait aussi des fonctionnaires, dont je ne peux citer les noms, qui se sont impliqués envers nous, les réfugiés italiens. Ils avaient du mal à accepter que la France revienne sur la parole donnée», explique-t-il aujourd'hui à Istoe de la prison où il est incarcéré au Brésil.
Selon lui, des membres des services de renseignements français auraient donc tout fait pour faciliter sa fuite, alors même que la justice était officiellement à sa recherche. L'un d'entre eux, explique Battisti, «m'a parlé du Brésil, rappelant qu'il y avait de nombreux réfugiés italiens au Brésil». Et «une semaine plus tard, il a envoyé une autre personne m'apporter un passeport avec ma photo et mes données personnelles».
Les révélations de l'ex-terroriste, devenu romancier, risquent d'envenimer encore plus les relations entre Rome et Paris, déjà ternies par une campagne de la presse italienne affirmant que Carla Sarközy a demandé au président brésilien Lula de ne pas autoriser l'extradition de Battisti vers l'Italie.
Lors d'une émission télévisée en Italie, la première dame avait démenti toute intervention. Battisti confirme : «Je pense que c'est un mensonge. Carla Bruni n'avait aucune raison d'intervenir en ma faveur».
La justice brésilienne a d'abord refusé d'extrader Battisti, lui offrant le statut de réfugié politique et provoquant de ce fait un incident diplomatique avec l'Italie, qui a rappelé son ambassadeur au Brésil.
Le Tribunal fédéral suprême brésilien a donné jeudi cinq jours à Rome pour formuler une nouvelle demande d'extradition. La cour, qui doit se réunir le 2 février, s'est vu recommander par le procureur général du Brésil, Antonio Fernando de Souza, de classer la demande italienne.
Le Figaro -30/01/09
Commentaires
C’est bien la preuve (s’il en était besoin !) que tous les gouvernements français, de la fausse droite comme de la prétendue gauche, protègent et sont complices des terroristes gaucho-anarchistes, anti-chrétiens et anti-européens. Qui profitent de ces crimes, à part les lobbies qui n’existent pas ?
Cher Abad,
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