Hier, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim qui sera investi dans ses fonctions cet après-midi a qualifié de « propos abjects » les propos négationnistes de Williamson. Dans une interview exclusive accordée à notre journal, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, explique la décision de réintégrer les dissidents intégristes prise par Benoît XVI, qui a par ailleurs nommé hier un évêque auxilliaire ultraconservateur en Autriche. Mais il affirme aussi partager « le trouble et l’indignation » des Français.
Comprenez-vous le trouble et l’indignation que suscite chez les catholiques l’annulation de l’excommunication des quatre évêques intégristes, dont celle de Richard Williamson ?
Mgr André Vingt-Trois. Bien sûr, et je les partage. Mais ce que je trouve indigne, ce n’est pas que le pape lève une mesure disciplinaire pour ouvrir une porte à une évolution, si possible, des personnes concernées. Ce que je trouve inacceptable, ce sont les propos négationnistes de Richard Williamson. Ces mots suscitent l’horreur ! Mais la décision du pape ne concerne pas les idées de Williamson. Elle est une mesure pour ouvrir une discussion.
Que pensez-vous des « regrets sincères » exprimés vendredi par Williamson, qui n’a toutefois pas retiré ses propos ?
Je ne suis pas juge des consciences pour savoir si ses regrets sont sincères ou non. La question n’est d’ailleurs pas celle de sa sincérité mais de la vérité historique. On attend de lui et de ses semblables qu’ils reconnaissent la réalité historique des camps d’extermination et qu’ils le disent.
Partagez-vous l’inquiétude de très nombreux catholiques qui ne comprennent pas que le pape tende la main à des schismatiques réputés proches de l’extrême droite ?
Le schisme n’est pas un choix politique. C’est une attitude religieuse. La décision du pape n’est pas une main tendue vers des choix politiques, et encore moins leur approbation. Sa mission est de travailler à l’unité de l’Eglise. En levant les excommunications, il supprime un barrage et rend possible un travail sur le fond. C’est maintenant aux intéressés de dire s’ils sont décidés à retrouver leur place dans l’Eglise.
Aujourd’hui, diriez-vous au pape que Vatican II (liberté religieuse, dialogue interreligieux…) n’est pas négociable face aux intégristes qui émettent toujours des « réserves » sur ce sujet ?
Je n’ai pas besoin de dire au pape que le concile Vatican II n’est pas négociable. Il en est assez convaincu lui-même et il l’a dit à nouveau mercredi. Mais si cela peut l’aider, je suis tout disposé à lui dire que nous partageons son avis. Le concile Vatican II, qui a rajeuni et revigoré l’Eglise, a été un grand moment.
Pourquoi l’intervention de Benoît XVI — qui a dit mercredi sa « solidarité » avec les juifs — n’a-t-elle pas suffi à apaiser la polémique ?
Je n’ai pas d’explication particulière. Peut-être que nous nous trouvons devant un emballement et un climat passionnel dans lequel les arguments raisonnables ne sont pas reconnus. Les propos du pape, mercredi dernier (sur la condamnation de la négation de la Shoah) étaient clairs et sans ambiguïté. Il faut sans doute laisser du temps pour qu’ils soient entendus et compris.
Vous êtes le successeur du cardinal Jean-Marie Lustiger, dont la mère est morte à Auschwitz. Qu’aurait-il pensé de cette affaire ?
Je n’aime pas faire parler les morts. Je suis convaincu qu’il n’avait que dégoût pour tout ce qui touche au négationnisme de près ou de loin.
Quel message adressez-vous à la communauté juive de France, qui investit aujourd’hui son nouveau grand rabbin, Gilles Bernheim ?
Mon absence de Paris ne me permettra pas d’assister à l’investiture du grand rabbin Gilles Bernheim et je le regrette d’autant plus dans la situation actuelle. Notre Eglise sera évidemment présente. Nous entretenons en France des relations cordiales et fraternelles avec la communauté juive. A tous les juifs rassemblés aujourd’hui, je veux dire combien les propos négationnistes de Williamson, et d’autres, reflètent peu la position de la quasi-unanimité des catholiques et, certainement pas celle de l’Eglise. Ils nous font horreur. Ce qui blesse les juifs blesse aujourd’hui aussi les chrétiens.
Le dialogue entre juifs et catholiques ne risque-t-il pas d’en souffrir durablement ?
Je voudrais demander à la communauté juive de ne pas condamner l’Eglise catholique sur des propos extrêmement minoritaires de quelqu’un qui n’a aucun statut et aucune mission dans notre Eglise. Le chemin que nous avons parcouru ensemble et qui s’ouvre devant nous est trop important pour que nous nous laissions manipuler par des ultras.
Comprenez-vous le trouble et l’indignation que suscite chez les catholiques l’annulation de l’excommunication des quatre évêques intégristes, dont celle de Richard Williamson ?
Mgr André Vingt-Trois. Bien sûr, et je les partage. Mais ce que je trouve indigne, ce n’est pas que le pape lève une mesure disciplinaire pour ouvrir une porte à une évolution, si possible, des personnes concernées. Ce que je trouve inacceptable, ce sont les propos négationnistes de Richard Williamson. Ces mots suscitent l’horreur ! Mais la décision du pape ne concerne pas les idées de Williamson. Elle est une mesure pour ouvrir une discussion.
Que pensez-vous des « regrets sincères » exprimés vendredi par Williamson, qui n’a toutefois pas retiré ses propos ?
Je ne suis pas juge des consciences pour savoir si ses regrets sont sincères ou non. La question n’est d’ailleurs pas celle de sa sincérité mais de la vérité historique. On attend de lui et de ses semblables qu’ils reconnaissent la réalité historique des camps d’extermination et qu’ils le disent.
Partagez-vous l’inquiétude de très nombreux catholiques qui ne comprennent pas que le pape tende la main à des schismatiques réputés proches de l’extrême droite ?
Le schisme n’est pas un choix politique. C’est une attitude religieuse. La décision du pape n’est pas une main tendue vers des choix politiques, et encore moins leur approbation. Sa mission est de travailler à l’unité de l’Eglise. En levant les excommunications, il supprime un barrage et rend possible un travail sur le fond. C’est maintenant aux intéressés de dire s’ils sont décidés à retrouver leur place dans l’Eglise.
Aujourd’hui, diriez-vous au pape que Vatican II (liberté religieuse, dialogue interreligieux…) n’est pas négociable face aux intégristes qui émettent toujours des « réserves » sur ce sujet ?
Je n’ai pas besoin de dire au pape que le concile Vatican II n’est pas négociable. Il en est assez convaincu lui-même et il l’a dit à nouveau mercredi. Mais si cela peut l’aider, je suis tout disposé à lui dire que nous partageons son avis. Le concile Vatican II, qui a rajeuni et revigoré l’Eglise, a été un grand moment.
Pourquoi l’intervention de Benoît XVI — qui a dit mercredi sa « solidarité » avec les juifs — n’a-t-elle pas suffi à apaiser la polémique ?
Je n’ai pas d’explication particulière. Peut-être que nous nous trouvons devant un emballement et un climat passionnel dans lequel les arguments raisonnables ne sont pas reconnus. Les propos du pape, mercredi dernier (sur la condamnation de la négation de la Shoah) étaient clairs et sans ambiguïté. Il faut sans doute laisser du temps pour qu’ils soient entendus et compris.
Vous êtes le successeur du cardinal Jean-Marie Lustiger, dont la mère est morte à Auschwitz. Qu’aurait-il pensé de cette affaire ?
Je n’aime pas faire parler les morts. Je suis convaincu qu’il n’avait que dégoût pour tout ce qui touche au négationnisme de près ou de loin.
Quel message adressez-vous à la communauté juive de France, qui investit aujourd’hui son nouveau grand rabbin, Gilles Bernheim ?
Mon absence de Paris ne me permettra pas d’assister à l’investiture du grand rabbin Gilles Bernheim et je le regrette d’autant plus dans la situation actuelle. Notre Eglise sera évidemment présente. Nous entretenons en France des relations cordiales et fraternelles avec la communauté juive. A tous les juifs rassemblés aujourd’hui, je veux dire combien les propos négationnistes de Williamson, et d’autres, reflètent peu la position de la quasi-unanimité des catholiques et, certainement pas celle de l’Eglise. Ils nous font horreur. Ce qui blesse les juifs blesse aujourd’hui aussi les chrétiens.
Le dialogue entre juifs et catholiques ne risque-t-il pas d’en souffrir durablement ?
Je voudrais demander à la communauté juive de ne pas condamner l’Eglise catholique sur des propos extrêmement minoritaires de quelqu’un qui n’a aucun statut et aucune mission dans notre Eglise. Le chemin que nous avons parcouru ensemble et qui s’ouvre devant nous est trop important pour que nous nous laissions manipuler par des ultras.
Le Parisien -01/02/09
Commentaires
Barbarin de Lyon (ne pas confondre de Tarascon!) et twenty-three de Paris mettent moins d'énergie à dénoncer et combattre l'euthanasie et l'avortement,qui sont des attaques contre la vie.
Ils feraient mieux d'expliquer à leurs ouailles pourquoi et comment Vatican 2 à réussi à vider les séminaires et les églises.
Barbarin préfère l'inauguration des mosquées avec ses copains fra-macs.
Toujours à plat ventre. Toujours la repentance.
Finalement il serait plus simple que ces êvéques nous conduisent tous à la conversion. Car pas malins nous sommes. Ils sont le peuple élu du fait de leur judaïsme, ils ont raison en tout et sur tout et nous nous contentons d'être les animaux de la ferme. Alors que le paradis nous attend. A partir de quel masochisme nous nous interdisons nous de faire partie de" cette merveilleuse partie de l'humanité", en nous convertissant ; après tout les khasars l'ont fait.
S’ils me le permettent, je co-signe les commentaires de JLA et Mélanie. Le discours de haine envers d’autres chrétiens de la part de cet archevêque nous fait honte. Ce n’est pas lui que la Vérité rendra libre.
Il a dit :«Ce qui blesse les juifs blesse aujourd’hui aussi les chrétiens». Quand demandera-t-il à un rabbin si «ce qui blesse les chrétiens blesse aussi les juifs» ?
@mélanie: on ne peut pas "se convertir" au judaïsme. Il faut être juif par la naissance. Sauf cas très exceptionnels, et encore, on est vite écarté et rejeté, comme l'a très bien écrit Nadine de R.
Vous pouvez vous convertir à toutes les autres autres religions, mais pas à celle-ci. Je pensais que vous le saviez.
On peut se faire baptiser dans la religion catholique, de quelque ethnie que l'on soit!
On peut se convertir à l'Islam, sans être arabe ou persan, ou oriental!
Même chose pour le bouddhisme et l'hindouisme.
Il y a là une différence fondamentale.
Vous ne serez jamais juive si votre mère ne l'était pas. Appartenance et religion sont liées.
Mgr en rajoute dans la servilité au club twenty-three. Je crois que la communauté tient les cordons de la bourse des subventions au clergé parisien, c'est peut-être l'explication.
A-t-il pour autant besoin d'exprimer son "horreur" envers une hypothèse relevant de la recherche scientifique ?
Et puis il donne des leçons au pape, assumant que le pape pense comme lui.
D'accord avec tous les posts.
Au 23 bar ce soir-là, on dansait.
Après tout ce qu'ils m'avaient fait, j'attendais...
http://fr.youtube.com/watch?v=iBYrJdyyqJE
@gaelle franchement je pensais notamment à cause de la conversion des khasars celà pouvait se faire sous certaines conditions.
Triste de voir 23 faire de l'aplatventrisme.
La conversion a même été le moteur de création du peuple Juif pendant des siècles.
La "pureté" n'a été inventé qu'avec le sionisme, c'est à dire assez tardivement dans le XIX ème siècle. Encore un mythe que l'on nous sert comme vérité révélée.
Je pense que l'Eglise essaie d'entreprendre une méthode qui la mettra en rupture avec l'établissement. Après, ce sera qui m'aime me suive. Cela annonce de grandes batailles.
@Paul-Emic: peux-tu apporter quelques précisions? Merci. Car je ne crois pas que ce soit vraiment un mythe selon mes propres lectures.(sauf à certaines époques reculées, comme pour les Khazars, si ce n'est pas un "mythe" de plus...). Ils ont pu convertir des Grecs, des Romains. Mais il ne semble pas qu'ils aient converti les Francs, les Celtes,les Germains... les brutes païennes! - Ils n'ont pas converti les Egyptiens pharaoniques, s'ils ont converti des Ethiopiens.
Je pense au temps de saint Louis, à l'expulsion des juifs du royaume de France. A Philippe le Bel. A Isabelle la Catholique... etc... Il faut croire que les Juifs n'avaient pas converti beaucoup de chrétiens. Et ils mariaient entre eux.
Ceci dit, je suis prête à reconnaître mon ignorance ou le fait que mes lectures m'aient trompée.
Avec le sionisme, les liens communautaires se sont forcément resserrés. Mais ils existaient déjà.
Il parait assez difficile de répondre en peu de mots .
Déjà sur place, en Palestine antique, il n'y a jamais eu de peuple juif unique et uniforme couvrant l'ensemble de ce qui est revendiquée comme la Terre Promise. Il y avait les Hébreux entourés d'un certain nombre de peuples et il y avait de nombreux échanges entre les différents peuples. Les grands rois mythiques David et Salomon, n'ont eux mêmes jamais dédaigné les femmes étrangères d'après la Bible.
Au retour de Babylone, période où il faut situer la vraie naissance de la religion juive, de la quasi totalité de ses mythes et de la Bible, il y a une période que nous qualifierions peut-être aujourd'hui d'intégriste avec un certain nombre de discours des prophètes sur l'interdiction de se mélanger, preuve que ça y allait encore pas mal.
La Diaspora commence à partir de cet exil, puisque de nombreux juifs restent dans l'empire perse tandis qu'au fil des conquêtes grecque puis romaine, ils essaiment dans toute la Méditerranée.
Il parait évident qu'il n'y a pu avoir assez de Juifs en Afrique du nord pour créer le ou les royaumes qu'on leur prête dans les Aurès en particulier. Il s'agit donc de conversions de peuples locaux, comme les Juifs éthiopiens, comme d'autres dont les fameux Khazars.
Les conversions ont de manière quasi certaine cessées quand la religion chrétienne a commencé à bien tenir les peuples au Nord de la Méditerranée et la musulmane ceux du sud de cette même mer vers les VIII-IX ème siècles.
Si les Juifs se reconnaissaient comme faisant partie du même peuple de Dieu, le souci de pureté ethnique n'est réapparu que bien tardivement, en fait presque en même temps que naissaient les théories raciales dans le reste de l'Europe, au cours du XIX ème, au même endroit (l'Allemagne et l'Europe de l'Est) et pour les mêmes raisons.
N'ayant pas la science infuse, je m'inspire très largement d'une part de ma lecture de la Bible, d'autre part de deux livres que j'ai déjà cités ici, "La Bible dévoilée" et "Comment le peuple Juif fut inventé" tous deux écrits par des auteurs, Juifs eux-mêmes.
@Paul-Emic: je te remercie d'éclairer ma lanterne.
Je n'ai pas lu ces auteurs juifs.
Leur histoire ne se résume pas en effet dans l'espace d'un commentaire!