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Les bronzes de la colère

Bronzes chinois Le lapin et la rat.jpg
Ces deux bronzes admirables, Le Lapin et le Rat, faisaient partie de l'horloge astrologique du Palais d'Eté à Pékin

Hier, au lendemain de la vente des deux bronzes de la dynastie Qing de l’ancienne collection Yves Saint Laurent, Pékin ne décolérait pas. Le pouvoir communiste a violemment attaqué la maison d’enchères Christie’s. Comme mesure de rétorsion, l’agence chargée de l’héritage culturel compte renforcer les contrôles sur les achats Christie’s en Chine.

Les têtes de rat et de lapin au coeur du scandale ont été emportées à 15,7 millions d’euros chacune par des acheteurs restés anonymes. Une partie de la presse chinoise s’est lancée sur la piste des mystérieux acquéreurs. Certains espèrent encore qu’il s’agit de riches patriotes chinois qui pourraient restituer les bronzes à l’Etat, comme l’avait fait Stanley Ho, le roi des casinos de Macao, en 2007 avec une tête de cheval de plus de 6 millions d’euros.

Wu Hao, un expert cité par le « China Morning Post », envisage la pire des hypothèses : les deux sculptures pourraient avoir été achetées par des musées français qui s’apprêteraient à les exposer. « Ce serait un désastre ! » En effet, ces deux petites sculptures sont devenues le symbole de l’humiliation subie par la Chine lors de la guerre de l’Opium en 1839.
Si, en France, cet épisode historique est mal connu, le pillage de l’ancien Palais d’été de Pékin par des soldats britanniques et français est présent à l’esprit des nombreux internautes chinois. Ils accusent les Français d’être « tous des voleurs ! » sur le forum d’information Sina.com.
 Parmi ses signataires figurent des organisateurs des manifestations d’étudiants chinois place de la République après le passage chaotique de la flamme olympique à Paris.

Cette vente est une nouvelle épine dans les relations franco-chinoise après la rencontre de Nicolas Sarközy avec le dalaï-lama, que Pékin qualifie de « loup en robe de bure ».
Sur MOP, un forum essentiellement fréquenté par les jeunes, c’est Pierre Bergé, l’ancien compagnon d’Yves Saint Laurent et organisateur de la vente, qui est la cible de toutes les attaques. « Son attitude est immorale ! C’est une honte ! » s’énerve un internaute pékinois qui n’a pas apprécié que le collectionneur réclame le respect des droits de l’homme en Chine contre ses statuettes.

 

Commentaires

  • Naturellement, d'un point de vue chinois, plus nationaliste que réellement communiste aujourd'hui, le fait que le "compagnon" d'un vulgaire modiste vende le patrimoine doublement symbolique qui leur a été volé est parfaitement compréhensible. Des leçons de morale de ce gai luron semblent doublées d'un chantage rappelant les heures les plus sombres... de l'Orient sont mal venues en effet. Je ne porte pas spécialement les Chinois en sympathie, mais cette arrogance qu'on doit bien appeler occidentale quand on a une poutre dans l'orifice oculaire doit leur sembler bien raide.

    L'ironie immanente de la nature des deux animaux n'a pas échappé à notre malicieuse Gaëlle. Non, ne nie pas effrontément ! On commence à te connaître Gaëlle...

  • Les YSL et Bergé étalent impunément leurs immenses richesses à la face du peuple, c’est vraiment une insulte aux honnêtes gens qui travaillent réellement, produisent des richesses véritables et ne se contentent pas de coudre des rubans, et encore moins de spéculer sur l’art. Et en plus ces tristes individus osent se présenter comme étant de gauche, des socialistes !
    Bien sûr, la «presse», toute honte bue, est fière d’annoncer cette vente du siècle.

  • Merci, voyageur! - mais sincèrement je trouve ces deux statuettes d'une facture admirable. Elles semblent porter sur le monde un regard sans illusions... Enfin, c'est ce que je ressens en les regardant... Ce sont bien plus que des représentations animalières.

    Il n'y a pas de raison pour ne pas rendre à la Chine ce qui lui appartient. Ces deux bronzes appartiennent sans discussion à son patrimoine culturel.

    On a restitué d'autres biens, tableaux, etc... volés par les Nazis à leurs héritiers, ou à des associations.

    Si j'étais Chinoise, je serais ulcérée!
    Il y avait alors de grands artistes à Pékin...

    Pierre Loti avait visité le Palais d'été de Pékin(avant le pillage) et il raconte y avoir vu, dans des salles désertes et fantastiques, des choses d'une étrange beauté...

    Et je partage entièrement l'avis d'abad: ces gens "de gauche", ce couple, si riches, spéculant sur l'art... Oui, c'est immoral, les Chinois ont raison!

  • De même que la dépouille de Géronimo doit être rendue à la terre de ses ancêtres, ces splendides bronzes, au regard quasi énigmatiques, comme des sphinx, doivent revenir en Chine.
    Il y en a d'autres à qui l'on a restitué leurs biens, manu militari, biens qui auraient été dérobés pendant la seconde Guerre Mondiale.
    Mais comme toujours, le monde est à deux vitesses...
    Superbes ces statuettes, chère Gaëlle !

  • A LENI : vous n’avez pas tort. J’apporterais quand même une nuance. Les européens ont certes pillé le Palais d’été, mais les Chinois doivent ces horloges aux européens, aux jésuites, et en particulier au Père Ricci qui introduisit ces horloges en Chine à la fin du XVIème siècle et les adapta aux cycles chinois. Par la suite d’autre européens répandirent divers types d’horloges et en montrèrent l’intérêt aux Chinois qui n’en étaient pas forcément convaincus.

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