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Noblesse de l'artisanat européen: les fonderies de cloches

Héritière d'un artisanat né en l'an mil au pied des Abruzzes, la fonderie Marinelli est le fournisseur officiel des cloches du Vatican ainsi que la plus ancienne entreprise familiale italienne, mais la rareté de la main d'oeuvre pourrait menacer ce savoir-faire ancestral.

"La première cloche signée d'un Marinelli date de 1339, mais le village d'Agnone a une tradition de fondeurs qui remonte à dix siècles", raconte à l'AFP Armando Marinelli, propriétaire de l'entreprise nichée sur une colline de la petite région du Molise (sud).

Sombre et poussiéreux, l'atelier n'a rien de prétentieux: au milieu de tas d'argile, de briquettes et de bois, quatre ouvriers s'activent, remuant un foyer de braises où sèchent de petites formes grises qui serviront à mouler des cloches miniatures.

"Le Vatican nous a conféré en 1924 le titre de fonderie pontificale et l'Eglise représente aujourd'hui 90% de nos commandes. Notre plus grande cloche a été créée pour le Jubilé de l'an 2000: cinq tonnes et six mètres de circonférence", raconte fièrement M. Marinelli.

 

"Une cinquantaine de cloches sont fondues ici chaque année, parfois moins lorsqu'il y a de grands modèles", explique un des plus anciens ouvriers, Antonio Delli Quadri, dans une pièce recouverte du sol au plafond d'empreintes de plâtre représentant en creux madones, saints et frises décoratives.

Une fois démoulées, ces ornementations religieuses en cire rouge sont apposées sur une "fausse cloche" de terre que l'on recouvre d'argile. Un feu allumé à l'intérieur de la structure fait fondre la cire selon la technique de la "cire perdue", et le décor de la future cloche apparaît alors en négatif sur la chape.

C'est entre cette chape et une forme légèrement plus petite que sera coulé le bronze fondu à 1.200 degrés.

"Une fonderie de cloches est tout sauf une chaîne de montage, il faut avoir la passion de créer", souligne Armando Marinelli, la quarantaine, propriétaire avec son frère Pasquale de l'entreprise familiale considérée comme la plus ancienne d'Italie et la deuxième au niveau mondial, selon la revue américaine Family Business.

"Le problème est de trouver de la main d'oeuvre: beaucoup de jeunes viennent et se lassent", explique-t-il. L'entreprise emploie une douzaine de salariés et fait partie des douze grandes fonderies encore existantes en Europe.

"Notre principale crainte est aussi que la dynastie familiale s'arrête, on y pense constamment. J'ai trois jeunes enfants, pour l'instant l'atelier n'est pour eux qu'un terrain de jeux!", s'exclame Armando Marinelli.

"Mon arrière-grand-père était déjà fondeur de cloches, mais malheureusement je serai le dernier car mes deux enfants font complètement autre chose, c'est comme ça", renchérit Antonio Delli Quadri, yeux bleus pétillants sous un casque de cheveux blancs.

Son secret d'une cloche au timbre parfait? "Sa base, d'où part le son, ne doit pas être chargée d'ornements, et ses proportions doivent répondre à des règles mathématiques très précises. Et un bon fondeur doit être capable d'offrir la gamme chromatique complète", sourit-il.

Commentaires

  • Voilà une bien belle entreprise qui allie art, métallurgie et physique acoustique. Est-ce que l’UE va se bouger pour sauver cet artisanat qui représente tellement notre civilisation ?

  • vous savez bien que non ! Il faut tout faire disparaitre.

  • Il reste que le bon peuple italien comment à devenir remuant, avec l'autorisation des milices (non-armées) destinées à repérer les envahisseurs "clandestins". Berlusconi a dû se résigner à donner du mou. Il tient à sa place.
    La Ligue du Nord exerce la pression qu'elle peut et fait prendre conscience aux Italiens qu'ils sont Italiens et n'ont pas à travailler pour faire vivre toute la planète tiers-mondesque qu'on laisse volontairement débarquer.

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