Le chef d'un groupe de pirates somaliens a averti mercredi que l'attaque au lance-roquettes mardi d'un cargo américain était un acte de "représailles" pour venger la mort de trois pirates lors d'une opération de l'armée américaine dans l'océan Indien.
"L'objectif principal de cette attaque était totalement différent des précédentes, nous ne cherchions pas de rançon. Nous avons assigné une équipe spéciale pour pourchasser et détruire tout navire qui brandit un drapeau américain en représailles au meurtre brutal de nos amis", a expliqué le chef de ce groupe, Abdi Garad, joint par l'AFP depuis Mogadiscio.
Il s'exprimait depuis Eyl, principal repaire des pirates dans la région autoproclamée autonome du Puntland (nord-est de la Somalie).
L'attaque menée contre le cargo Liberty Sun "n'est que le début", a-t-il lancé: "nous avions l'intention de détruire le bateau avec l'équipage à bord mais malheureusement ils nous ont échappé de peu".
Lundi, il avait promis de venger la mort de trois de ses hommes tués par la marine américaine lors de l'opération de sauvetage du capitaine du Maersk Alabama. Le capitaine Richard Phillips était resté cinq jours prisonnier sur un canot en plein océan Indien.
La marine américaine, appelée en renfort, a réussi à déjouer mardi une attaque contre le Liberty Sun, menée par les pirates à coup de lance-roquettes et d'armes automatiques.
Le cargo, parti des Etats-Unis, était en route pour Mombasa (Kenya) et transportait de l'aide alimentaire.
De son côté, l'équipage du Maersk Alabama a quitté mercredi le Kenya à destination des Etats-Unis par avion. La date du retour aux Etats-Unis de M. Phillips n'était pas connue mercredi.
Les pirates somaliens ont capturé mardi deux cargos - un libanais, battant pavillon togolais, et un grec, battant pavillon de Saint-Vincent et Grenadines. Un troisième bateau, battant pavillon maltais, a déjoué lundi une tentative d'abordage.
Au moins 18 navires et près de 300 membres d'équipage sont détenus par différents groupes de pirates somaliens.
La vague spectaculaire de captures depuis début avril devrait se poursuivre au moins deux semaines en raison de conditions météo favorables, ont estimé mercredi des experts.
Trois pirates somaliens, arrêtés lors d'une opération militaire française pour libérer les otages du voilier Tanit saisi le 4 avril par des pirates dans le golfe d'Aden, sont arrivés mardi en France où ils ont été auditionnés mercredi par la gendarmerie.
Les pirates interceptés mercredi par la frégate française naviguaient eux "sur un bateau mère, une embarcation de 10 mètres de long transportant notamment 17 fûts de 200 litres de carburant, et deux skiffs d'assaut", selon Paris, et "sont actuellement retenus sur le Nivôse".
La recrudescence des actes de piraterie au large de la Somalie en 2008 a conduit au déploiement d'une imposante armada constituée d'une vingtaine de bâtiments de guerre opérant sous différents commandements, mais qui ne parviennent pas à empêcher les captures des bateaux.
AFP. 15/04/09