Le nombre des embryons congelés, qui ne cesse d'augmenter, pose des problèmes pratiques et moraux.
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Alors que le Conseil d'État vient de se dire favorable à la poursuite des recherches sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires, le sort des embryons surnuméraires, lui, continue de poser problème. Conçus lors des fécondations in vitro (FIV) dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation (AMP), ils sont de plus en plus nombreux à «occuper» les Cecos (centres d'études et de conservation des œufs et du sperme) où ils sont congelés pour une durée légale de 5 ans. Selon les derniers chiffres disponibles, en 2006, 176 523 embryons sont à ce jour conservés en France, ce qui concerne quelque 49 618 couples, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2005. La pratique veut que un à dix embryons par couple soient congelés pour réitérer l'implantation en cas d'insuccès. Un sur-stock qui pose à la fois un problème pragmatique de gestion et un problème éthique. Tout particulièrement parce qu'un nombre grandissant de ces embryons sont abandonnés par les parents au cours des cinq années de conservation : pas moins de 83 407, en 2006. Soit presque autant que ceux qui continuent de faire l'objet d'un projet parental (93 116).
Sur ces «abandons», 37 435 embryons (soit 21,2 % du total congelé) sont le fruit d'un choix délibéré des parents et stipulé par écrit. Un formulaire leur est envoyé chaque année pour décider de poursuivre ou non la congélation et, si non, quelle option ils choisissent : le don à la science, le don à autrui ou la destruction. Selon les statistiques de 2006, 9 319 ont été proposés à la recherche, 10 239 à d'autres couples stériles, et 17 877 à la destruction. Restent les 45 972 autres embryons abandonnés (26 %) qui, eux, constituent le vrai c0asse-tête des responsables des Cecos.
La science en partie fautive
Les 13 263 parents concernés ne renvoient pas le formulaire annuel, ils «disparaissent dans la nature, sans laisser d'adresse », commente le Dr Jean-Marie Kunstmann, responsable du Cecos à l'hôpital Cochin à Paris. « C'est un réel problème, se désole le Dr Aline Papaxanthos, responsable du Cecos au CHU de Bordeaux. Chez elle, sur les 829 embryons cryoconservés, 217 font l'objet d'un défaut de réponse. «Il y a plusieurs raisons à cela, explique cette spécialiste, le désaccord intraconjugal, les séparations, les déménagements ou encore les veuvages ». Pour le Dr Jean-Marie Kunstmann, un autre facteur, moins social, explique ce phénomène : «De plus en plus de parents n'arrivent pas à se prononcer. C'est difficile, il s'agit du sort des frères et sœurs potentiels de leur enfant. La responsabilité d'une telle décision est trop lourde, ils préfèrent la laisser aux Cecos.»
Pour Tugdual Derville, délégué général de l'Alliance pour les droits de la vie, la science serait en partie fautive. «Elle masque aux parents les enjeux de la congélation et les dilemmes cornéliens qu'elle pose en se présentant seulement comme la réponse concrète à leur douloureux problème de stérilité. On les met devant des choix impossibles.» Un reproche qui fait depuis lundi l'objet d'une demande de moratoire, dans un courrier au président de la République, pour dénoncer l'utilisation de l'embryon humain «comme matériel de laboratoire».
L'accroissement des abandons n'est pas la seule cause de l'«embouteillage» des Cecos. Si les meilleurs résultats de l'AMP y sont pour quelque chose - on obtient plus de grossesses en transfert d'embryon «frais» qu'avant - «les candidats aux FIV sont aussi plus nombreux, avant de se lancer dans le parcours, à vouloir la congélation en vue d'un deuxième ou un troisième enfant», observe le Dr Aline Papaxanthos.
Surtout, un certain nombre de parents qui désirent un autre enfant préféreraient recréer des embryons plutôt que d'«utiliser» leur «stock» en Cecos, les jugeant «passés de date» ou s'interrogeant sur leur âge réel par rapport au frère ou à la sœur né de la même «production». Certains spécialistes réagissent à ces «excès» en rappelant que «seuls 2 000 bébés naissent après une décongélation».
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Le Figaro - 11 mai 2009
Commentaires
On me ressortira le desir d'enfant, le droit de tous d'avoir des enfants mais n'arrive t-on pas à l'horreur.
on lui raconte quoi à l'enfant qui a été congelé pendant des années ?
C'est vrai qu'il y a les psys.
je crois que je n'aurai pas aimé que l'on me dise : pendant des années tu as été congelé en attendant de savoir si ton devenir était la poubelle, les expérimentations ou si on décidait de te faire devenir ce que tu es.
Sinistre situation. De quel droit les adultes décident du sort de ces embryons ?
Bien dit, Mélanie !
Mais le meilleur de cet article, c’est la dernière phrase :
«Certains spécialistes réagissent à ces «excès» en rappelant que «seuls 2 000 bébés naissent après une décongélation». Dans le contexte de cet article, elle n’a aucun sens. Ah, j’oubliais, c’est du figaro ! Figaro-ci, figaro-là….
Oh, cher abad, c'est si horrible que je ne cherche même pas à comprendre le sens de cette dernière phrase... Veut-elle dire que c'est loin de marcher à tous les coups? Ce qui exact d'ailleurs.
On ne devrait pas avoir le droit de créer des embryons HUMAINS, de les congeler, de les décongeler, etc...
On parle de certaines expériences mythiques du Dr Mainsgelées... Mais là? N'était-on pas dans le déni de l'Humain? Dans un mépris total de l'espèce humaine, traitée au stade embryonnaire comme on le fait pour les(pauvres) animaux d'élevage?