Les enquêteurs français ont déjà recensé une dizaine d'avions susceptibles de fournir des indications sur les causes du crash.
Parallèlement aux recherches mises en œuvre pour retrouver les débris de l'Airbus A 330 d'Air France et, si possible, ses deux boîtes noires, les gendarmes français sont désormais en quête de témoins susceptibles de décrire les conditions météo sur la route empruntée par l'AF 447.
Au lendemain du crash, des passagers d'un autre vol Paris-Rio avaient en effet spontanément confié avoir traversé des turbulences « étranges » au milieu de l'océan Atlantique, quelques heures avant le passage de l'A 330.
Un couple, présent à bord d'un Airbus de la compagnie portugaise TAP, a de son côté raconté au journal O Globo : « Toutes les lumières se sont éteintes à bord durant une heure à une heure et demie. L'avion semblait en panne. »
Soucieux de recueillir le plus de précisions possible, les enquêteurs souhaitent donc interroger les équipages des avions qui ont traversé, dans la nuit de dimanche à lundi, la région dans laquelle le vol AF 447 a disparu, lundi vers 2 h 14 GMT. Pour ce faire, ils ont entrepris un recensement qui pourrait déboucher, « au cours des prochaines semaines », sur la mise en œuvre d'investigations judiciaires auprès des compagnies concernées.
« À ce stade, les enquêteurs ont recensé une petite dizaine d'avions qui, affrétés par diverses compagnies, ont traversé cette nuit-là une zone de référence située sur la route du vol AF 447 et marquée par de violentes turbulences, précise une source proche du dossier, qui ajoute : Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils travaillent sur une période de temps large, qui s'étend entre 23 heures et 03 h 30 GMT. »
Témoignages troublants
Cette démarche, qui pourrait nécessiter la délivrance de commissions rogatoires internationales, permettra notamment de vérifier certains témoignages troublants qui ont été rendus publics depuis la catastrophe. Jeudi, le quotidien El Mundo a notamment fait état du rapport adressé par un pilote de la compagnie Air Comet à l'agence de sécurité aérienne espagnole.
Ce commandant de bord, qui effectuait un vol Lima-Madrid et se trouvait apparemment au nord de la route empruntée par l'AF 447, écrit : « Soudain, nous avons observé au loin un éclat fort et intense de lumière blanche, qui a suivi une trajectoire descendante et verticale, et qui a disparu en six secondes. » Selon le directeur d'Air Comet, ce rapport aurait été aussitôt transmis à Air France et à Airbus. Toutefois, cette observation pourrait n'avoir aucun lien avec la disparition de l'Airbus A 330 dans la mesure où l'avion d'Air Comet se trouvait, selon plusieurs pilotes et experts interrogés jeudi, à une très grande distance de l'Airbus d'Air France.
Jeudi, enfin, la compagnie allemande Lufthansa a fait savoir que les trois pilotes du vol Sao Paulo- Francfort, qui a traversé la zone concernée une demi-heure avant la disparition de l'A 330, « n'ont rien remarqué d'anormal » dans les conditions météorologiques de ce trajet.
Le Figaro - 05 juin 2009