La compagnie Yemenia a finalement renoncé samedi à suspendre ses vols à destination de Moroni en dépit des tensions créées par le crash de son Airbus A310 qui a fait 152 morts, auxquels la communauté comorienne de Marseille a rendu hommage par une marche silencieuse.
"Pour Sanaa-Moroni, nous avons annulé tous les vols additionnels mais nous maintenons les vols réguliers, qui sont au nombre de deux par semaine", a affirmé au correspondant de l'AFP M. Qadhi.
"Le nombre de fréquences peut être révisé en fonction de leur rentabilité. Nous pouvons passer à un seul vol hebdomadaire", a-t-il précisé.
Plus tôt dans la journée, Yemenia avait annoncé dans un communiqué à Paris qu'elle suspendait provisoirement l'ensemble de ses vols à destination de Moroni "eu égard aux graves événements survenus ces derniers jours et aux risques majeurs que certaines personnes font courir au personnel des aéroports, de notre compagnie, et aux passagers".
Depuis que le vol 626 de la compagnie yéménite s'est abîmé en mer mardi près des côtes des Comores, des membres de la communauté comorienne de France manifestent leur colère contre les "vols-poubelle" à destination de l'archipel de l'Océan Indien, reprochant à la France d'avoir négligé sa sécurité.
Certains ont ainsi ont bloqué à Paris et à Marseille l'enregistrement de vols de Yemenia à destination de Moroni, la poussant jeudi à suspendre ses liaisons au départ de Marseille.
Concernant la desserte de Marseille, le président du conseil d'administration de Yemenia a en revanche confirmé à l'AFP que l'ensemble des vols --additionnels et réguliers-- étaient suspendus jusqu'à nouvel ordre.
L'Airbus A310 de Yemenia n'avait pas été formellement interdit en France mais n'y est pas revenu depuis un contrôle ayant montré des irrégularités en 2007.
Des milliers de personnes (10.000 selon la police, 40.000 selon les organisateurs) issues de la communauté comorienne de Marseille ont défilé en silence samedi dans les rues de la ville en hommage aux victimes de l'accident.
Le cortège, long et dense, est parti de la Porte d'Aix au centre-ville au son d'une prière coranique et derrière une banderole noire. Aucun slogan n'était audible mais les participants brandissaient des banderoles où l'on pouvait lire "plus de poubelles volantes" ou "les morts n'ont pas de prix, nous nous battrons jusqu'au bout".
Quelque 130.000 Comoriens ou Franco-Comoriens vivent en France, dont quelque 80.000 à Marseille, soit davantage qu'à Moroni, la capitale comorienne.
A Sarcelles (Val-d'Oise), où vit également une importante communauté comorienne, une cérémonie a été organisée à la mémoire des victimes de l'accident.
Samedi, le président de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi, avait appelé la communauté comorienne de France au "calme" et à la "sérénité, leur demandant par l'intermédiaire de son ambassadeur à Paris de "faciliter la mobilisation de la solidarité nationale et internationale dont nous avons besoin".
Le Premier ministre François Fillon a nommé Christine Robichon comme ambassadrice chargée des relations avec les familles et les proches des victimes du vol 626 de Yemenia. Elle aura notamment pour mission de faciliter leurs relations avec "les administrations concernées ainsi qu'avec les interlocuteurs yéménites et avec Yemenia".
AFP. 04/07/09