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Moines de Tibéhirine: un témoin clé donne une nouvelle version de leur martyre

 Selon un ancien des services algériens, les moines français enlevés en 1996 avaient été localisés par l'armée, mais les militaires auraient attendu deux semaines avant de partir à leur recherche.

Après les déclarations du général Buchwalter affirmant qu'une bavure de l'armée algérienne était à l'origine de la mort des 7 moines de Tibéhirine en 1996, un témoin clé du dossier, ancien adjudant de la sécurité militaire algérienne, devrait être entendu dans les mois qui viennent par le juge d'instruction Marc Trévidic. Le magistrat, qui a déjà interrogé le général Buchwalter sur ce point, cherche à savoir si une implication des services algériens dans l'enlèvement des moines est une thèse crédible. Et c'est à nouveau cette question qui devrait l'amener à interroger Abdelkader Tigha.

L'homme a toujours affirmé qu'il avait des révélations à faire, mais il déplore que la justice française ait refusé de l'écouter jusque-là. Avant de déserter l'armée algérienne en 1999, Tigha était adjudant du département de renseignement et de sécurité (DRS, l'ex-sécurité militaire). Il était en poste au centre territorial de recherche et d'investigation de Blida. Selon Tigha, citant le témoignage de plusieurs de ses collègues, c'est au centre militaire de Blida que les moines auraient été conduits juste après leur enlèvement, le 24 mars 1996, par un commando ayant toutes les apparences d'hommes du GIA. Selon lui, les moines ignorant être dans un centre de l'armée auraient dès le lendemain été envoyés vers le maquis et confiés à un groupe islamiste «téléguidé» par les militaires.

 

«La thèse de la bavure arrangerait tout le monde»

 

Joint cette semaine par Le Figaro, Abdelkader Tigha détaille cette mise en cause de l'armée algérienne. Et il apporte un élément nouveau : «Fin mars, quelques jours après que les moines ont été kidnappés, un repenti du GIA nommé Bilel B. a quitté le maquis et s'est réfugié dans une unité militaire. Quand il a été interrogé, il a affirmé que les moines étaient dans une maison avec des tuiles rouges. Le code de la maison, pour les GIA, était Karmoud (tuiles en arabe).

La maison a été localisée par l'armée algérienne. Mais l'unité militaire a attendu deux semaines avant de s'y rendre. Quand ils y sont allés, ils n'ont trouvé que des couvertures. Les moines n'étaient plus là.» Selon Tigha, mettant en avant une thèse développée par deux autres anciens militaires algériens parmi lesquels Habib Souaïdia, auteur du livre La Sale Guerre, ce sont des groupes du GIA de la zone 1 infiltrés par les services de sécurité, qui auraient planifié l'enlèvement afin d'intimider les religieux et les forcer à quitter leur monastère.

Comme il l'avait déjà déclaré, Abdelkader Tigha assure que les moines ont été tués par le chef de la zone 2 du GIA. «Des repentis nous ont dit qu'ils avaient été égorgés», nous certifie Tigha, qui ne croit pas à la «bavure» de l'opération héliportée rapportée par le général Buchwalter. Selon lui, cette thèse «arrangerait tout le monde» car «elle permettrait de faire croire que personne n'est responsable de la mort des moines».

 À présent, c'est au juge de confronter les versions et de vérifier si elles peuvent être compatibles. Tigha répondra-t-il à la justice française ? Comme il l'a d'emblée indiqué le 19 juillet dans un entretien au JDD, il est aujourd'hui «tout à fait disposé à répondre» mais il «veut d'abord discuter avec le juge». L'ancien militaire, actuellement demandeur d'asile aux Pays-Bas, réclame une protection et dit craindre pour sa sécurité s'il était extradé vers l'Algérie.

Le magistrat antiterroriste, lui, pourrait par ailleurs convoquer plusieurs responsables militaires français en poste en 1996 afin de connaître les informations que leur avaient à cette période transmises les différents responsables de l'ambassade de France à Alger.

Le Figaro - 29 juillet 2009

Commentaires

  • Voilà une affaire exemplaire qui montre la complicité existant entre le gouvernement français et les terroristes FLN. Les traites qui poignardaient dans le dos les soldats français et les Harkis pendant la guerre d’Algérie sont maintenant aux commandes en France !

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