Les députés britanniques ont rendu dimanche un rapport accablant sur la mission des forces internationales en Afghanistan, moins efficace que prévue. Les élus mettent notamment en cause «l'éparpillement des objectifs et le manque de sensibilité culturelle».
Alors que l'Afghanistan connaît à l'approche de la présidentielle du 20 août une flambée de violence, des députés britanniques ont publié dimanche un rapport au vitriol sur l'efficacité de la mission de l'Otan dans le pays. «En huit ans, l'Alliance n'a pas rempli les objectifs promis», déplorent les députés de la commission des Affaires étrangères des Communes. «L'effort international a donné beaucoup moins de résultats que prévu. Son impact a été considérablement affaibli par l'absence d'une vision cohérente basée sur les réalités de l'histoire, de la culture et de la politique en Afghanistan», écrivent-ils.
En cause notamment, «l'important manque de sensibilité culturelle» de certains militaires et les bombardements aériens meurtriers pour la population civile. Cela a amoindri «le soutien des Afghans aux troupes», pointe le rapport. La mauvaise organisation des priorités de l'Otan est aussi responsable de ce mauvais bilan. «Des fautes évitables, comme l'éparpillement ou les chevauchements dans les prises de décision rendent aujourd'hui» la tâche de l'Alliance «beaucoup plus difficile». L'Occident est aussi desservi dans ses efforts par l'absence de «progrès tangible dans la lutte contre la corruption». «Une force de police corrompue pousse les Afghans à chercher la justice auprès des talibans», s'alarment les députés.
L'Otan devrait également songer à mieux répartir l'effort de guerre entre tous les pays membres. «L'incapacité de certaines nations à faire en sorte que le fardeau soit partagé exerce une tension inacceptable sur une poignée de pays». Le risque est grand de voir les efforts de l'Otan entravés et sa réputation en tant qu'alliance militaire, à même de mener des opérations en dehors de son périmètre, gravement atteinte», lit-on dans le rapport
Ce document accablant survient à un moment critique pour l'Alliance atlantique. La force a perdu en juillet 75 hommes, un record absolu depuis la chute des talibans fin 2001. Le mois d'août ne s'annonce guère meilleur. Pour la seule journée du 1e août, l'Otan a annoncé le décès de six de ses soldats, trois Américains, un Français du 3e Rima, basé à Vannes et deux soldats dont la nationalité n'a pas été précisée. Toutefois, les députés insistent : il n'est pas question de retrait. La communauté internationale doit rester jusqu'à ce que les autorités afghanes soient «en mesure de prendre le contrôle de leur propre sécurité. Ceci doit être l'objectif premier».
La stratégie de Londres aussi très critiquée
Les députés britanniques sont d'une même sévérité lorsqu'il s'agit d'évaluer la stratégie britannique en Afghanistan. «Notre déploiement dans la province du Helmand a été compromis par une planification irréaliste, un manque de coordination entre les services et d'une manière cruciale, par une incapacité à donner une orientation claire aux militaires», estiment les députés. Non seulement Londres, distrait par son intervention en Irak, a donné des consignes imprécises mais il a mal jugé les attentes des Afghans. Le gouvernement britannique a aussi pénalisé ses troupes en n'envoyant pas suffisamment d'hommes dans le Helmand, en proie à l'insurrection talibane.
En outre, l'armée britannique, engagée au nom de la lutte contre le terrorisme international, se concentre sur des tâches trop lourdes et non prioritaires comme la lutte contre la drogue. «En acceptant d'être le principal responsable de la lutte contre les narcotiques, l'Angleterre a reçu un calice empoisonné». 267 millions de dollars ont été dépensés dans cet effort anti-drogue entre 2004 et 2008 sans résultats : la production d'opium a triplé sur la même période, note le rapport.
Londres doit «concentrer ses ressources limitées sur une priorité comme la sécurité», recommandent les élus. Les députés soulignent également que la menace d'al-Qaïda émane désormais du Pakistan et non plus de l'insurrection talibane afghane. Le réseau de Ben Laden a potentiellement accès à l'arsenal nucléaire d'Islamabad. Ce rapport devrait embarrasser un peu plus le gouvernement de Gordon Brown dont l'action en Afghanistan est sur la sellette depuis l'explosion des pertes dans les rangs britanniques.
22 soldats ont été tués pour le seul mois de juillet.
Le Figaro - 02.08.09
Commentaires
J’admire le galimatias des députés britanniques : tout ça parce qu’ils n’osent pas dire la vérité toute simple : le but de cette guerre est soigneusement caché car inavouable puisqu’il ne concerne en rien la Grande Bretagne ! Au contraire, on fait tuer des petits britanniques au profit d’intérêts opposés aux Britanniques ; il faut donc absolument le cacher ! Cela est aussi vrai en ce qui concerne la France.
PS : La photo, si tragique, est cependant très belle.
Oui Abad la photo en contre-jour est très belle,c'est le dernier rêve,la dernière journée,le dernier espoir de créer un jour une famille....
Je crache sur toutes les ordures qui passent de belles vacances (j'ai des noms) envoient la jeunesse se faire massacrer pour des intêrets qui ne sont pas les leurs.