Le Quai d'Orsay a une nouvelle fois demandé la libération de la Française. Jugée aujourd'hui devant un tribunal de Téhéran, elle a admis avoir transmis un rapport et demandé «pardon».
La France exige la «libération immédiate» de Clotilde Reiss et de Nazak Afshar. Dans un communiqué publié samedi en fin d'après-midi, le Quai d'Orsay s'est élevé contre les «conditions de la comparution», le même jour, de l'étudiante française et de l'employée franco-iranienne de l'ambassade de France, estimant que les accusations portées contre les deux femmes étaient «dénuées de tout fondement» et les charges «inexistantes».
Un peu plus tôt, les diplomates européens avaient aussi haussé le ton. Ce procès, où un employé de l'ambassade de Grande-Bretagne comparaît également, est une «action contre l'ensemble de l'Union européenne» qui sera «traitée en conséquence», a déclaré samedi la présidence suédoise de l'UE. A l'issue d'une réunion avec son homologue Bernard Kouchner, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, avait dénoncé une «provocation iranienne».
«Je demande pardon à l'Iran»
Lors de l'audience, Clotilde Reiss a pourtant reconnu des «erreurs». «Je n'aurais pas dû participer aux manifestations», a-t-elle dit. Devant les magistrats iraniens qui la jugaient avec des centaines de militants de l'opposition, la jeune femme de 24 ans, accusée d'avoir «rassemblé des informations et encouragé les émeutiers», a surtout admis «avoir écrit un rapport d'une page» sur «les politiques en Iran en lien avec l'énergie nucléaire», remis au patron de l'Institut français de recherche en Iran qui appartient au service culturel de l'ambassade de France. «J'ai utilisé des articles et des informations qu'on trouve sur internet et il n'y avait rien de secret», a-t-elle affirmé.
Suite à ces aveux, l'avocat de Clotilde Reiss a demandé sa grâce. «Je demande pardon au pays, au peuple et au tribunal d'Iran et j'espère que je serai graciée», a ajouté personnellement la Française à la fin de l'audience. On ignore encore la date du verdict. «Le séjour en prison est dur, mais mes gardiens et les agents chargés de mener les interrogatoires ne se sont pas mal comportés à mon égard», a-t-elle assuré, même si elle a évoqué une «certaine pression psychologique».
Le rôle de l'ambassade de France était également sur la sellette lors de l'audition de Nazak Afshar. Cette employée locale de l'ambassade au service culturel a été arrêtée il y a trois jours mais son interpellation n'a été révélée que samedi, lorsqu'elle est apparue au procès. Celle-ci a expliqué que l'ambassade avait demandé à ses employés d'accueillir les manifestants dans ses locaux si cela s'avérait nécessaire en cas d'affrontements. Sa famille a dit regretter que le Quai d'Orsay ait jusque-là peu réagi.
La comparution de Clotilde Reiss a surpris à la fois le Quai d'Orsay et son père, qui l'ont apprise par les médias. Le père de Clotilde, Rémi Reiss, a clamé à nouveau l'innocence de sa fille. «Il n'y a aucune preuve des accusations qui sont formulées contre elle. J'espère que ce procès puisse amorcer une sortie de crise». Lectrice de français à l'université d'Ispahan pendant cinq mois, Clotilde Reiss est titulaire d'un mastère de Sciences Po Lille et ancienne allocataire de l'Institut français de recherche en Iran. Née en France, et parlant couramment le persan, elle n'a, selon ses proches, «rien d'une tête brûlée». «La politique, ce n'est pas son truc. Ce qui compte pour elle, ce sont les rapports humains», précisait au Figaro une amie. Elle pourrait cependant risquer au moins jusqu'à cinq ans de prison.
Dans la famille de l'employée de l'ambassade, Nazak Afshar, on opposait la même défense. Nazak Afshar «n'est pas une activiste, ce n'est pas du tout une personne politique», a déclaré son fils samedi à Paris. «Elle a participé comme des millions d'Iraniens aux manifestations», a-t-il reconnu, mais «on lui a fait faire des aveux», a-t-il ajouté. «Ma mère est une Iranienne qui a obtenu la nationalité française», a-t-il souligné, estimant qu'elle pourrait à ce titre encourir «jusqu'à la peine de mort» pour «atteinte à la sûreté nationale».
Aux côtés des deux femmes comparaissent, comme samedi dernier, des personnalités du mouvement réformateur telles qu'Ali Tajernia, un ancien député, Shahaboddin Tabatabaei, un leader de l'Islamic Iran Participation Front, le parti réformiste le plus important du pays, et Ahmad Zeidabadi, un journaliste virulent connu pour ses prises de positions contre les conservateurs. L'opposition a dénoncé ces procès de masse comme un «spectacle ridicule» et a accusé les autorités d'extorquer des confessions en maltraitant les prisonniers.
Le Figaro - 8 août 2009
Espionnage...
Commentaires
Seule Ségolène est apte à demander pardon,elle s'en est faite une spécialité.
Véritablement en France nous ne manquons pas de culot.
car les tribunaux d'exception, il me semble bien que la république sait ce que c'est. Lorsque l'on regarde sur internet les sites sur les guillotinés et que l'on voit le motif de la condamnation et de la décapitation cela laisse rêveur Le gouvernement iranien est gentillet par rapport à ces fous dangereux de la révolution française.
Ne sommes nous pas les inventeurs de la terreur.
Vous me direz c'était il y a bien longtemps.
Ah bon d'accord !
Mais alors le 14 juillet c'est quoi !
@mélanie: un culot monstre! J'y pensais justement...
Nous n'avons pas de leçons à donner à la Perse en ce domaine!
D'autant plusd que... vous lirez mes dernières notes postées ce soir!